Chronique : Kanonenfieber Menschenmühle (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 20 décembre 2024

Sa note : 17/20

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-Noise
(tout)

TRACKLIST

1) Die Feuertaufe
2) Dicke Bertha
3) Die Schlacht bei Tannenberg
4) Der letzte Flug
5) Grabenlieder
6) Grabenkampf
7) Ins Niemandsland
8) Unterstandsangst
9) Verscharrt und ungerühmt

DISCOGRAPHIE

Menschenmühle (2021)
Die Urkatastrophe (2024)

Kanonenfieber - Menschenmühle

(2021) - heavy metal black metal melodeath - Label : Noisebringer Records

Quand Noise déboule en 2021 avec le premier album de Kanonenfieber, ce n’est pas exactement un galop d’essai. Le sieur s’est déjà rompu aux joutes du black metal par l’entremise de ses deux premières créations, Leiþa et Non Est Deus. Kanonenfieber n’est pas un vert de la scène et peut ainsi se targuer d’une certaine bouteille à l’heure de sa première proposition.

Cela se perçoit dès les premiers accords de fait. Production impeccable, instruments en place (tous tenus par Noise) et véritable savoir-faire en termes de composition. "Die Feuertaufe" ouvre incroyablement les hostilités pour ce nouveau rejeton de la scène black (mais pas que). Mise en place de la batterie impeccable, riffs puissants et ligne mélodique imparable, il y a du vrai chien à cette plus que mise en bouche. Une véritable déclaration d’intention. Car Noise met en place les samples de la première guerre mondiale, le véritable fil conducteur de cette troisième émanation de son esprit. Projet probablement le plus personnel car bâti autour d’une idée directrice marquée, Kanonenfieber embarque toute sa musique au service d’un devoir de mémoire. Noise tient à raconter la "Grande Guerre" par les écrits et comptes-rendus mêmes de ceux qui l’ont subie, la faire vivre (faiblement) par procuration et s’érige ainsi en hommage éducatif.
Loin des assauts brutaux qu’ont pu produire les Marduk de ce monde, ou de la martialité complexe du Grand Declaration of War de MayheM, Menschenmühle mise sur une représentation plus mélodique et mélancolique de l’art noir qui se pare de teintes clairement orangées pour l’occasion. Par son image, matez la pochette tirée d’une affiche anti-guerre du parti socio-démocrate hongrois de l’époque. Par sa musique certes sombre, pour autant bien irisée aux encablures des reflets orangés de la nostalgie et des temps passés, regrettés ou regrettables. Dans ce contexte, les deux flèches bardées des émotions touchantes voilées de remords que sont "Die Schlacht bei Tannenberg" puis "Der letzte Flug" touchent au cœur. Elles dévoilent aussi les tics de composition de Noise, qui malgré un univers musical à lui et des approches variées dans le riff ne peut empêcher l’auditeur d’y reconnaître sa patte.
Qui dit patte dit identité musicale, dit également potentielle source de répétition. Ce n’est pas stricto-sensu le cas ici car Menschenmühle distille le pluralisme mélodique, mais oui, il faut bien admettre que Noise a ses manières et n’en dévie guère. Dès lors les chansons paraîtront redondantes à celui qui n’entre pas dans cet univers ouaté malgré la thématique guerrière. Tant pis, ces choses-là arrivent. Car comment faire autrement que pratiquer l’inclinaison à l’écoute de "Der letzte Flug", monumentale ode au black mélodique quasi-dansant (non, vous n’avez pas la berlue) ? Noise a dans sa tête cette capacité géniale de créer des hymnes fédérateurs malgré leur attachement aux courants extrêmes du metal. Pluriel puisqu’au black metal mélodique qui sert de base s’ajoutent comme une évidence le mélodeath ainsi que des éléments plus heavy typiques.

Oui dithyrambes. Vous aviez lu Die Urkatastrophe, pas de surprise ici. Au jeu des comparaisons, ce Menschenmühle va plus haut, parfois, mais se tasse plus dans ses creux et finit moins bien. In fine, oui, il est un poil moins addictif, sans se départir d’une tendance au sublime.