Chronique : Blóð Mara (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 13 décembre 2024

Sa note : 18/20

LINE UP

-Ana "W." Nouk
(chant)

-Ulrich "W." Wegrich
(guitare+basse+programmation)

TRACKLIST

1) Gehenna (Intro)
2) Malignant
3) Martyr
4) Mara
5) The White Death
6) Chthonia
7) Frost
8) Covenant
9) Queen ov Hades
10) Mother ov All

DISCOGRAPHIE

Serpent (2021)
Mara (2024)

Blóð - Mara

(2024) - doom metal sludge - Label : Talheim Records

Promenons-nous dans les bois, pendant que le loup n’y est pas.
Si le loup y était, il nous mangerait.
Comme le loup n’y est pas, ça sera Mara.

Ulrich et Ana sont peut-être des personnes joviales ayant toujours le mot pour rire. Ils habitent peut-être un sympathique pavillon dans le bassin d’Arcachon, animent les soirées auxquelles ils participent, gagnant ainsi une réputation de boute-en-train bien méritée. Eh bien voyez-vous, j’ai un doute. Oh bien sûr, on n’est pas forcément à la ville comme à la scène, mais… Après Serpent, Mara, la troisième œuvre du duo français. C’est bien connu la couleur du sludge, c’est le gris, mais il a rarement autant tiré vers le noir. Lourde, méchante, également parée de nuances proches d’une conception lancinante du black-metal – c’est patent sur l’excellent "Queen ov Hades", la proposition faite par Blóð sur Mara est terriblement indécente. Il s’agit de torturer l’auditeur à coups de riffs pachydermiques, de passages ambient carrément flippants et de hurlements de sorcière dont Ana a le secret. Mais comme le combo aime bien jouer au chat et à la souris, il joue avec le fan, lui concocte des mélodies dépressives de premier plan que la vocaliste peut chanter d’une manière plus posée, où la menace devient voilée. Comme sur l’album précédent, ces montées et descentes sur l’échelle de la violence vocale constituent l’un des meilleurs atouts de l’œuvre.
Le seul titre crié du début à la fin est "Martyr" et, même si c’est du côté de la musique qu’il faut chercher quelque apaisement passager, il s’agit du morceau le moins réussi d’un album qui place toutefois la barre très haut. Pas de grande nouveauté par rapport à Serpent, mais, d’une part, le groupe affiche peut-être une plus grande constance dans sa capacité à mettre l’auditeur mal à l’aise, d’autre part, le final totalement dark ambient de "Mother Ov All" s’avère être une belle surprise. Difficile d’ailleurs de ne pas songer à Akhlys pour le coup. Même si, musicalement, les deux groupes proposent des choses bien différentes, l’ambiance obscure et une certaine sécheresse de tous les instants unissent les deux projets. S’il faut retenir certains titres plus que d’autres, "Malignant", "Mara" et "The White Death", à l’intro très réussie, sont les morceaux les plus finement ciselés et les plus fabuleusement contrastés. Le final très, très sombre constitué par les hypnotiques "Queen ov Hades" et "Mother ov All" vaut également son pesant de cacahuètes. À noter aussi que malgré sa très faible durée, l’intermède "Frost" montre le duo sous un jour plus vaporeux qui, à mon avis, gagnerait à être développé pour les prochains épisodes de l’ensorcelante saga Blóð.

Pas de révolution, quelques ajustements. Blóð revient avec les mêmes armes que sur Serpent mais les utilise encore mieux et parvient à créer une atmosphère extrêmement inquiétante. Le grand méchant loup ? Une aimable plaisanterie. Restez donc tranquillement chez mère-grand, oui, mais le danger est autre.