Chronique : Klamm Misanthropocene (2021)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 11 décembre 2024

Sa note : 16/20

LINE UP

-Wolfgang Bywalez
(chant)

-Simon Ludwig
(chœurs+"trompette"+batterie)

-Peter
(guitare)

-Aaron Schuler
(guitare)

-Andreas "Andres" Gumpert
(basse)

TRACKLIST

1) Memento
2) Sun Invocation
3) Notre flamme
4) Europe
5) Anthropocene
6) Smokescreen
7) Tragictory
8) Death Worship
9) Dawn

DISCOGRAPHIE

Ernte (2015)
Misanthropocene (2021)

Klamm - Misanthropocene

(2021) - black metal - Label : Disharmonia Records

Klamm animal étrange. Klamm élément perturbateur. L’élève disruptif, pas celui au fond de la classe, mais celui en plein milieu qui vous pose de sales questions. Des interrogations dont la réponse n’est pas toute faite, de celles si peu scolaires qu’elles mettent l’institution mal à l’aise. Et bardé de paysannerie aussi bizarrement. Ernte avait enthousiasmé, alors après six années écoulées, ce Misanthropocene au nom alléchant provoqua joie et frétillement.

Sauf que non. Ne me demandez pas pourquoi, j’ai mis deux bonnes années avant de craquer à l’achat. Premièrement, le groupe avait disparu de mon radar, le temps de me rendre compte d’une nouvelle sortie à son actif. Deuxièmement, les chroniques. Loin d’être tapageuses ou élogieuses (ou nombreuses...), elles respiraient la mise en perplexité de ma personne. Quelques menues tentatives d’écoutes d’extraits me confirmaient dans mon évitement. Mais le temps travaille, il œuvre, tant et si bien que jusqu'à mon cerveau il trouva le chemin.
« Toc toc, ne serais-tu point en retard d’un Klamm ? Bon okkkkkkk, je m’en vais l’acheter. »
Ben oui, Klamm étant ce qu’il est, de maigres écoutes ne pouvaient lui rendre hommage, je serais forcément agréablement surpris sur la durée. Et vous savez quoi ? Je le fus.
Ce qui ajoute l’ultime année nécessaire pour se retrouver en 2024. Misanthropocene n’est absolument pas aisé d’accès. Si le riff principal de "Sun Invocation" retient fermement l’intention, c’est bien la seule accroche qui me fut offerte à cette prise de contact. Puis la répétition acoustique de "Anthropocene" me sembla hypnotique. Ensuite, ce fut l’ensemble de ma curiosité qui voulut comprendre l’entièreté de cet album bigarré. Car s’il n’est pas immédiat, il n’en demeure pas moins source de particularismes élégants. Dont les chansons sont la manifestation. Elles ne reposent pas sur des structures traditionnelles. Certes, il y a des riffs, des mouvements et des retours de couplets, pour autant les tournures empruntées n’impressionnent que difficilement dans le cerveau. Alambiquées ou inattendues, elles détonnent constamment.
Ce black metal champêtre consolide la base étrange de Ernte. Misanthropocene est plus étrange encore. Il y a du blast, quelques tremolos et surtout des évolutions dont on peine à les voir venir (genre la voix étrange en français sur "Notre flamme"). C’est bien là tout le talent de cette troupe originale. Avec des titres entre sept et quatorze minutes entrecoupés d’interludes ne dépassant qu’une seule fois les deux minutes, même l’organisation de l’album diverge des standards. Non, rien ne correspond aux canons habituels sur Misanthropocene, constituant ainsi toute sa force en même temps que son ultime faiblesse. S’il est à saluer une sorte de prise de risques constante, force est de constater que ce n’est pas toujours pertinent ou juste. Peut-être le cerveau a-t-il besoin de confort pour vraiment se détendre. Le plus amusant dans l’affaire, c’est que le salut ne viendra pas de la pochette, véritable ode trompeur au vieux death des années quatre-vingt-dix.

Misanthropocene n’en demeure pas moins une sortie absolument épatante par sa capacité à remettre en cause les acquis, tout autant que par ses qualités. "Sun Invocation" et "Anthropocene" doivent absolument être écoutées une fois dans sa vie. Et Misanthropocene devrait figurer sur bien des listes « à découvrir ».