CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Wolfgang Bywalez
(chant+accordéon)
-Peter Biewer
(guitare)
-Christian Kasperbauer
(guitare)
-Andres Gumpert
(basse+violon)
-Simon Ludwig
(batterie+chant)
TRACKLIST
1) Anima
2) Windsaat
3) Vae Victis
4) Ernte
5) Mahl
6) Rauch
7) Zahltag
8) Exitus
DISCOGRAPHIE
Klamm. Ravin. Dans la langue de Goethe plaît-il. La bande a commencé comme le projet solo du batteur de son état puis a finalement évolué en un vrai groupe, chose probablement nécessaire à la vue des ambitions affichées par celui-ci. Il n'y a eu que Wahnsee sur le chemin d'expression du groupe avant ce Ernte, mais celui-ci a manifestement réussi à s'imposer comme de ces premiers albums qui marquent pour les rares qui l'ont écouté. C'est donc porté par ce vent positif que nous nous lançons dans une découverte teutonique.
Et si de tout prime abord Klamm peut faussement faire croire à un groupe de folk comme les autres, ce n'était qu'une intro. Le premier véritable titre du disque s'invite alors dans la danse. Et mazette. 15 minutes tout d'un coup, ce n'est pas très poli, on a connu plus sympa comme entrée en matière. Bien vite on oublie tout chiffre pour se concentrer sur la musique, et elle a du chien. Sans être un déluge à la hauteur des groupes les plus fous, les idées fusent, les changements de rythme sont légions et marquent peut-être d'autant plus qu'on ne s'y attendait pas de prime abord. Ils dénotent dans cet environnement plutôt folk et donc propice à la tranquillité, au voyage long et paisible. Mais la mayonnaise prend et indubitablement notre attention est captée. Captivée aussi. Il y a là quelque talent qui mérite des écoutes approfondies afin de s'imprégner de tout ce qui fait ce Ernte.
En fait, on aurait pu être prévenu avant. Il suffisait de voir le line-up où figurent un violon et un accordéon. Pas banal même si dans le folk il peut se passer toute sorte de choses de ce style. Après cette prise de contact initiale, et éprouvante, la musique continue. Et elle continue sur le même rythme si on puit dire. Toujours des interventions improbables que ce soit au chant, à la guitare, à la basse, à l'accordéon. Si les instruments sont presque tous classiques leurs utilisations sont plus déconcertantes. Il semble bien que Klamm ait décidé de ne rien faire classiquement ou de manière prévisible. Tout doit être prétexte à étonner l'auditeur, lui faire lever le sourcil ou l'interloquer. L'écoute se confirme comme exigeante mais elle est d'autant récompensée. On assiste en quelque sorte à un free black folk.
Car si il n'y a pas de jazz dans la musique des Allemands, on peut s'en approcher mais rien ne vient véritablement s'exprimer comme jazz, il y en a l'état d'esprit du free, libre comme son nom l'indique, prêt à toutes les expérimentations afin de tester ses propres limites. Klamm se comporte de cette façon, prêt à tout pour s'exprimer, ne jamais reculer et surtout aller au bout de ses idéaux. Certes cela en laissera sur le carreau, c'est le prix à payer lorsqu'on ose, mais lorsque le talent est là, il faut s'incliner. Car c'est bien là toute la force du quintet, expérimenter oui, mais le faire à bon escient. Rien n'est plus facile que mettre des notes sans queue ni tête les unes à la suite des autres. Il est beaucoup plus ardu de leur donner un sens, de les rendre cohérentes et harmonieuses. C'est ce qui est fait ici et c'est le plus grand succès de ce Ernte.
Difficile, exigeant, troublant, bizarre, incroyable autant d'adjectifs qui qualifient ce disque en forme de (quasi) révélation. On salue de bout en bout l'aisance avec laquelle il joue avec les bonnes idées. Au prix de dérouter et décontenancer le plus grand nombre, Klamm se donne des lettres de noblesse et crie au monde entier « Ecoute-moi ! » . Ce que devrait faire quiconque aime la musique extrême.