Chronique : Cerebral Hemorrhage Exempting Reality

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 19 novembre 2024

Sa note : 15/20

LINE UP

-Matthew "Matt" Szablewicz
(chant)

-Matt Doreson
(chant+guitare+claviers+basse)

-Tom Kivatinos
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-James Beach
(chant)

-Ray Lebron
(chant)

-Ralph Spadafora
(chant)

TRACKLIST

1) Beaten and Dismembered
2) Abusive Power
3) Remnants of the Final Solution
4) Null and Void
5) Exempting Reality
6) Deranged Perception
7) Resulting in Homicide

DISCOGRAPHIE

Exempting Reality - Reissue (2025)

Cerebral Hemorrhage - Exempting Reality - Reissue

(2025) - brutal death - Label : Comatose Music

« Go on, Lie Down, play dead. BE DEAD !! » Via ces mots d’abord prononcés par une voix neutre voire ingénue pour finir sur un hurlement bestial et primaire, Cerebral Hemorrhage marque son territoire d’emblée. Entité death metal tendance brutale nantie d’un simple album sorti en 2001 et opportunément ressorti agrémenté d’un remaster affublé de l’inévitable étiquette « légendaire », les Américains sont mis à l’honneur en 2025.

À raison, ce sera LA question à se poser. Pourtant, et le son ultra étouffé des guitares, et celui ultra tendu de la caisse claire font penser à l’effroyable In Advanced Haemorraghing Conditions de Last Days of Humanity. Musicalement beaucoup moins, d’autant que de toutes manières cet Exempting Reality lui est antérieur de quatre bonnes années. S’il fallait rechercher des compères inspirateurs, il faudrait plutôt se pencher sur Suffocation dont l’art consommé d’assommer l’auditeur de rythmiques ultra plombées à des décharges ultra violentes se retrouvent en filigrane ici. Cerebral Hemorrhage fait également montre d’une belle maîtrise technique, ce qu’une production décidément vraiment très, très, poisseuse ne met pas en valeur.
En cela le groupe n’est pas sans rappeler Lykathea Aflame (auquel le break totalement inattendu et acoustique présent sur "Remnants of the Final Solution" fait immanquablement penser, tout autant qu’à Cynic, ce qui est totalement inapproprié), partageant avec les Tchèques un goût pour la différence et les sons casse-gueule. La comparaison s’arrêtera là, car si les deux fantasmagories s’affrontent bien sur le terrain fertile du death metal, l’un la joue beaucoup plus brutal et graisseux que l’autre. Exempting Reality fait partie de cette fange, celle putride qui rampe dans les immondices de notre société répugnante. Miasme altéré d’une réalité indicible, cette purulence musicale manie le dégoût avec grâce. Car il faut reconnaître au trio macabre responsable de cet appel au meurtre un talent inattaquable pour créer des riffs assassins.
Et les écoutes répétées dévoilent sous une couche de crasse retorse une véritable construction des compositions. Des riffs, des vrais, des lourds, des sauvages, des vicieux, des bons. Et une variété, inaccessible au profane nous sommes d’accord, imperceptible en première rencontre. Variété tant en provenance des cordes que de cette satanée batterie si repoussante. Oui, ça joue derrière les fûts. Puis du Cannibal Corpse dans ses effluves les plus repoussantes de Butchered at Birth. Mais surtout Suffocation donc, pour ses martèlements rythmiques précurseurs du slam. Tout ça pour dire que loin d’être des idiots écervelés, on s’émerveille qu’un jour des vingtenaires se soient unis le temps d’un album quasi miraculeux (pour ne plus rien faire ou presque ensuite) afin d’expulser les violences grouillantes de leur subconscient.

Pour nous, cette ressortie est l’occasion de redécouvrir une œuvre bien sûr brutale, mais bien plus subtile que ce que laisse penser et son énoncé et sa production. Dégueulasse à vous séduire, c’est évidemment un met de choix pour débuter l’année.

P.S. : s’agissant d’un remaster, pour avoir écouté les deux sur une installation bancale (les haut-parleurs de mon PC…), difficile d’entendre de grosses améliorations/différences.