Chronique : Arcania Lost Generation (2024)

CHRONIQUE PAR ...

Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 12 novembre 2024

Sa note : 14/20

LINE UP

-Cyril Peglion
(chant+guitare)

-Niko "Beleg" Le Bellec
(guitare)

-Guillaume Rossard
(basse)

-Olivier Chéné
(batterie)

TRACKLIST

1) Lost Generation
2) Hope Won't Last
3) Turned to Hate
4) What Will Remain
5) Pack of Lies
6) The Void
7) Social Suicide
8) Harder You Fall
9) A Matter of Time
10) Now the Sun Won't Shine

DISCOGRAPHIE

Arcania (EP) (2005)
Sweet Angel Dust (2010)
Dreams Are Dead (2014)
Lost Generation (2024)

Arcania - Lost Generation

(2024) - thrash metal - Label : Musiko Eye

On savait que les membres d’Arcania aimaient prendre leur temps, mais peut-être pas au point de mettre une décennie pour sortir un album. L’attente, il est vrai, n’est pas que de leur fait. Après tout, Possessed a patienté trente ans avant de publier son troisième LP, soit une durée trois fois supérieure à celle qui a précédé la livraison de son équivalent par la troupe angevine, que cette dernière a intitulé Lost Generation.

Arcania joue de malchance. Le travail sur l’album débute en 2016, les compositions sont quasiment terminées en 2019. Une signature avec un label français est prévue juste avant que le Covid ne s’invite – le deal ne se fait pas. Les problèmes persistants de cordes vocales du chanteur et guitariste Cyril Peglion n’arrangent rien. Au printemps 2021, le groupe effectue néanmoins une performance live à Angers dans la salle du Chabada, avec l’Orchestre du Lycée Joachim du Bellay. Trois années après cette expérience enrichissante, le quatuor livre un recueil dans la continuité de ce qu’il pratique depuis Sweet Angel Dust, le long jeu inaugural paru en 2010. Le thrash metal développé par Arcania est d’une veine différente de celle des pionniers nord-américains mentionnés en introduction. Chez les Frenchies, l’objectif n’est pas de terrasser systématiquement l’auditeur, y compris quand ils forcent l'allure - sur "Pack of Lies", l'occurrence la plus dense de l’enregistrement.
Les entames sont cette fois encore remarquablement travaillées, parfois en deux temps comme sur la chanson-titre. Le chant doublé sur fond de double pédale rappelle Gojira, référence déjà présente sur Sweet Angel Dust. Sans être frénétiques, les tempos sont majoritairement rapides, ne fléchissant - légèrement - que sur le single "What Will Remain", interrompu par une chorale enfantine, et "A Matter of Time" qui, à l’instar de "The Void", témoigne d’une volonté de diversifier le propos. Cependant le sentiment d’avoir affaire à une œuvre homogène l’emporte, les plans étant souvent assez proches les uns des autres. Le consistant final "Now the Sun Won’t Shine" n’échappe pas à ce constat, malgré son aspect patchwork entre arpèges à la "Nothing Else Matters" de Metallica, vocalises féminines-enfantines et un duo basse-guitare qui reprend le thème du titre d’ouverture pour conclure en decrescendo.
Les riffs s’enchaînent, les lignes de chant consanguines aussi, évoquant plus que jamais celles de Joe Duplantier, surtout depuis que le frontman de Gojira a enlevé de la rugosité à ses incantations. Les schémas rythmiques tendent à se ressembler mais malgré un son de batterie un peu sec, la production est assez ample et valorise les morceaux. Quant aux refrains, leur accroche reste inégale. Ainsi celui de "Harder You Fall" se distingue par une sensibilité désespérée alors que celui de "Social Suicide" qui le précède se fond dans l’inspiration générale. Au sein de chaque piste, les scansions se succèdent, jusqu’à ce qu’un solo prenne le relais avec panache, tel celui de "Turned To Hate", aussi véloce et mélodieux que ses homologues.

Toujours aussi intense, le thrash mélancolique d’Arcania s'épanouit à nouveau sur Lost Generation, dans la continuité de ses réalisations antérieures. Dense sans être intimidant, chiadé mais jamais compassé, le millésime 2024 est d’une cohérence qui en garantit le sérieux. Le changement, lui, n'est pas pour maintenant : avec une tracklist aussi déprimée, on s'en serait douté.