Chronique : Sordide Ainsi finit le jour (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 24 octobre 2024

Sa note : 16/20

LINE UP

-Julien "Nehluj" Payan
(chant+guitare)

-David "Nemri" Hémery
(chant+batterie)

-Ian Debeerst
(basse)

TRACKLIST

1) Des feux plus forts
2) Nos cendres et nos râles
3) Le cambouis et le carmin
4) Sous-vivre
5) Banlieues rouges
6) La poésie du caniveau
7) Ainsi finit le jour
8) La beauté du désastre
9) Tout est à la mort

DISCOGRAPHIE

La France a peur (2014)
Fuir la lumière (2016)
Les idées blanches (2021)
Ainsi finit le jour (2024)

Sordide - Ainsi finit le jour

(2024) - black metal punk - Label : LADLO Productions

« La France a peur !! » ainsi s’ouvrait la chanson-titre de l’album du même nom qui fut le premier de la lignée Sordide. Ça m’est resté en tête, et il faut dire que les cradingues Normands folkloriques ont du talent à revendre pour ce qui est de marquer les esprits. Alors quand sort leur (déjà) cinquième présent au monde, il était plus que naturel d’y faire honneur et de le couvrir d’une chronique.

Sordide n’a pas changé si vous voulez mon avis. Prodiguant toujours un black metal dégueulasse, dégoulinant de répugnance pour le monde tout autant qu’immensément réfractaire aux atours de la modernité pour ce qui est de sa production, le trio file droit. Punk, assurément dans l’esprit, et il suffit de mirer les paroles pour bien comprendre le propos contestataire qui fait le terreau de l’idéologie rouge et noire du groupe. Anarchiste par sa musique se déjouant des codes ne souhaitant qu’une seule chose : provoquer la provocation de vos sens. Car en refusant de se draper des facilités d’écoute Sordide impose un canon bien brut de décoffrage à même de faire fuir une belle majorité des auditeurs. Seuls les plus enhardis s’agaceront à l’écoute répétée d’une telle livraison, qui donne envie furieusement de s’en cogner de tout et particulièrement d’emmerder les connards (politiques et patrons en général).
Cela ne signifie pas néanmoins que la bande de troubadours cherche à vicier vos tympans par l’entremise de dissonances bien incommodantes. Sans parler d’avalanche de mélodies, Ainsi finit le jour distille savamment les rythmiques accrocheuses et oui quand même malgré tout, des mélodies concassées par le manque de concession sur la qualité sonore. De fait, "Banlieues rouges" (réponse au Banlieue triste de Hangman's Chair ?) surnage par un thème de guitare fantastique, parfaite incarnation des paradoxes de Sordide. À la fois entraînant et intelligent, il se voit brouillé dans son message par le crade et le vindicatif d’ensemble qui l’enrobent. Et malgré cela le message porte aux oreilles et au cœur. Tout autant qu’aux yeux puisque la pochette rougeoyante et noire sous-définie sied parfaitement et dignement les revendications. Voici parmi d’autres signes des augures favorables qui couvent du regard un disque qui se montre encore à la hauteur de la folie douce qui baigne la troupe depuis sa création, tout en déviant si peu de la formule initiale.

Bardée de chansons courtes et incisives, souvent nerveuses, tout le temps accrocheuses et augmentées d’un chant souvent plus déclamé que réellement raclé, Ainsi finit le jour poursuit brillamment une carrière droite dans ses bottes. Du black de punk-à-chien sans relent fasciste, voilà qui fait toujours autant de bien.