Chronique : Motherwood Im Zeichen Der Dunkelheit (2023)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 19 octobre 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Yuri Camargo
(synthétiseurs)

-Guilherme Malosso
(chant+guitare+basse+batterie)

TRACKLIST

1) Im Zeichen der Dunkelheit
2) Nostalgie
3) Der stille Frühling
4) Winternacht
5) Ein Wald
6) Der Konflikt in mir
7) Mein Weg ist frei

DISCOGRAPHIE

Im Zeichen Der Dunkelheit (2023)

Motherwood - Im Zeichen Der Dunkelheit

(2023) - black metal avec des morceaux de Varg dedans - Label : Low Noise Production

Il est très perspicace de penser que je me suis arrêté sur Motherwood en voyant les titres écrits en allemand, tant il est vrai que j’affectionne cette langue dans le black metal. Quelle surprise, voire incongruité, de découvrir que ce groupe est à l’origine brésilien, ses membres ayant émigré en Allemagne sur le tard. Tout le contraire de l’histoire avant le milieu du siècle dernier. Oui, je suis taquin, et non, ils sont bien Brésiliens, et pas fils d’anciens fuyards, a priori. Enfin, ce n’est pas dit, et les patronymes sonnent bien sud-américains. Et à vrai dire, on s’en fout – JE m’en fous serait plus juste. Simplement parce que j’ai passé de très bons moments à chaque fois que j’ai écouté Im Zeichen Der Dunkelheit. Cela vous rappelle quelque chose, « Dunkelheit » ? Non ? Allez, un petit effort, 1996, la Norvège, les églises qui brûlent, une sombre histoire de meurtre… Ça y est, ça vous revient ? Et bien, ce n’est probablement pas un hasard.

Pas un hasard, certes, mais pas une énorme évidence non plus, car même si l’on sent assez fortement l’aura de Burzum, elle est majoritairement due aux synthétiseurs et un peu à la voix, mais aussi aux répétitions de « patterns » musicaux comme savait si bien le faire le sieur Varg de l’époque pré-carcérale. Cependant, l’ambiance est un peu différente de Filosofem (puisque c’est de lui qu’il s’agit), la production est plus puissante, la voix et les arrangements bien plus clairs, ce qui donne à ce black mid-tempo (voire low-tempo parfois) une ambiance particulière. Le clavier est très présent (quel bonheur d’ailleurs), mais distillé avec beaucoup de savoir-faire, sans excès, avec une justesse rare et surtout, le plus important, une inspiration terrible.
C’est cela qui m’a réellement plongé dans Im Zeichen Der Dunkelheit, je devrais même écrire « captivé », par souci de justesse. À 2’30 de la fin de "Der Konflikt in Mir", j’ai littéralement été subjugué par la classe avec laquelle ce clavier a été posé. Quand on ajoute à cela une voix immensément en accord avec le propos et des riffs à l’identique, j’ai fini de sombrer. Je vais pousser une porte difficile à ouvrir, mais je crois que la force de cet album par rapport à ceux du Burzum de l’époque est qu’il n’y a rien à jeter, pas même l’instrumental. Autant le Maître avait parfois des absences dans ses albums au milieu de ses coups de génie, autant Motherwood fait preuve d’une constance étonnante pour le style, et les sept à huit minutes ou presque de chaque titre ne provoquent aucune lassitude, mais au contraire de l’envie. L’éponyme, puis le spatial "Nostalgie" ou "Winternacht" rappellent combien ce genre de black obscur (c’est cela la définition du mot « Dunkelheit ») teinté de claviers peut être exceptionnel de beauté et finalement assez lumineux.

J’aurais presque envie d’écrire que ce Im Zeichen Der Dunkelheit pourrait être du Burzum époque Filosofem en version « moderne ». Moderne par sa production, moderne par sa volonté de capter l’auditoire, moderne par sa construction et son équilibre global, moderne par son accessibilité. Ce n’est pas aussi raw que le groupe culte de Varg, c’est évident, mais son influence est palpable. En vrai, je n’ai pas encore compris comment cet album s’est immiscé dans mes écoutes du moment. Comme quoi, parfois, un évènement inattendu peut générer un peu de bonheur.