Chronique : Sørgelig Phthorá (2024)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 10 octobre 2024

Sa note : 15/20

LINE UP

-Panagiotis "Odious" Tsiglifis
(chant)

-Nikolaos "N.D." Sidiropoulos
(chant+guitare+batterie)

-Apostolis "Reactive" Kotouzas
(guitare+basse)

-Philip "Έκπτωτος" Papatheodorou-Bouzeits
(guitare sur 2, 4, 5 et 6)

-NCRVZRS
(guitare sur 3)

TRACKLIST

1) Breed of Waste
2) Libation of Blood
3) Αποσύνθεση
4) Those of the Depths
5) ...Of Wrath and Pyre
6) Inexorable Grey
7) Φθορά
8) Dreamscapes of Lethe

DISCOGRAPHIE

Phthorá (2024)

Sørgelig - Phthorá

(2024) - black metal - Label : Tragedy Productions

Hasard du calendrier ou agendas surchargés de la part des membres participant communément aux enregistrements de ce Φθορά et du tout récent Wounds of Desolation de Isolert ? Seuls les intéressés sauront répondre à cette épineuse question. Il n’en demeure pas moins que trois des cinq membres du groupe sont actifs dans les deux émanations hellènes. Font-ils alors deux fois la même chose ? Ça simplifierait mon métier.

Sinistrement, non. Pour mon confort de journaliste, je veux dire. Car en toute félicité, oui pour vos oreilles. Se procurer les deux albums apporte deux visions du black metal. Car ne vous y trompez pas, Sørgelig officie également dans ce style. Cohérence mentale. En fait, il fait plus qu’y officier, il en incarne l’essence la plus pure presque, brute. Au plus proche de la source originelle. Si Isolert s’ancre dans un black metal mélodique à tendance néo-classique pourvu d’une fière production, Sørgelig n’en conserve que le goût pour les mélodies. Et taper du poing sur la table avec une brutalité bien supérieure comme l’annonce le cri bestial qui ouvre "Breed of Waste". Blast-phémez dans la joie ! Et surtout la production crasse. Le son de ce disque descend de deux ou trois crans dans l’échelle de la propreté. Bienvenue caveau indigent parsemé d’os mortuaires.
Et ce chant… ça accroche le tympan. Horna. Car c’est bien d’eux que se rapproche le quintet. Le grésillement, la brutalité sans concession et les hurlements stridents à vous arracher les ventricules, tout pointe dans la direction finlandaise. Et quitte à rester en Finlande, Behexen. Ils le citent de toute façon d’eux-mêmes dans le laïus promo. Pour ne pas flouer sur la marchandise difficile de faire mieux. Car pour l’amateur de ces appels démoniaques, il y a une jubilation primaire certaine à entendre un tel précipité de l’âme même du genre. Pour se donner plus de contenance, le groupe a la pertinence de varier ses rythmes qui, s’ils demeurent appuyés, ne versent pas systématiquement dans le blast permanent. Il n’est pas rare d’entendre un mid-tempo s’insérer dans la marche forcée globale.
Pareillement, nos oreilles mises à rude épreuve par les hurlements de Odious vont trouver réconfort dans les interventions parcimonieuses de chant déclamé. Fatalement, dans un substrat si concentré en joyeusetés brutales sans concession, elles sonnent d’autant plus lumineuses. Reste que dans une atmosphère rendue aussi sombre et glacée, la voie de la lumière ou ne serait-ce que de la douceur passagère a du mal à se frayer un chemin. La conclusion "Dreamscapes of Lethe" parvient à arracher quelques bribes de beauté par ses soli léchés et cette partie finale en arpège délicat (tellement détachée du reste de la chanson qu’on croirait un neuvième titre pour tout dire).

Une sortie de connaisseur donc, et mazette cette pochette ! Eux seuls se pâmeront à l’écoute intense de ce déluge d’agressions sonores. Aucune échappatoire pour les autres, et c’est cette dédication à un style fort précis qui fait tout le piment de cette livraison. Pour autant, aucune originalité notable ne venant perturber l’ensemble, impossible de fulminer trop haut. Mais on s’éclate.