Amiensus avait douché mes espoirs avec All Paths Leads to Death, un EP sur lequel leur côté lumineux avait disparu avec un changement de line-up. Par curiosité, des années plus tard, j’ai jeté une oreille distraite sur leur double album intitulé Reclamation. Quelle surprise ! Voilà qu’ils ont accompli ce qu’on pouvait attendre d’eux : développer cette sensibilité aérienne en la mixant avec l’âpreté du black metal. Voilà donc la première partie de cet ambitieux travail de composition.
Avec les années, la musique d'Amiensus a évolué. Subissant diverses influences, le groupe a abouti à un black metal progressif et atmosphérique. Le chant clair éthéré, les guitares aériennes, apportent un côté lumineux à l’ensemble. Ainsi se succèdent passages black en screams agressifs et d’autres plus mélodiques. Certains morceaux ne seront que calme et volupté ("Sun and Moon", "Transcendence Through Grief"), d’autres viennent chercher l’intensité dans l’agressivité ("Vermillon Fog Of War»). Cette variété est bien gérée par les Américains, évitant de tomber dans l'alternance purement binaire entre ambiances célestes et telluriques. Il ressort un côté réellement mystique de cet album, porté par les ambiances et atmosphères des chansons. Ce chant clair boosté à la réverbe, assez particulier (et reconnaissable), a des interventions toujours remarquées qui nous élèvent vers d’autres cieux. Avec
Reclamation Part I, le groupe semble avoir trouvé le bon dosage entre ces deux aspects de sa musique.
Bien qu’il soit la première partie d’un double album, ce disque titille l’heure de durée. L’ensemble est clairement ambitieux, il suffit de voir la liste de guests venus enrichir les compositions. Les chansons sont longues et travaillées dans le détail. "Sun and Moon" et ses huit minutes de musique éthérée, splendide, est sans doute le meilleur symbole de ce boulot d’orfèvre réalisé par les musiciens. On retrouve aussi du violoncelle venu s’ajouter aux traditionnelles guitares électriques. Il est agréable d’entendre un instrument organique à la place de simples claviers ou de samples orchestraux. Cela donne du corps au son d’ensemble. L’album avance tranquillement avec son atmosphère parfois étrange mais toujours réussie. Des longueurs pointent parfois le bout de leur nez (comme "Transcendence Through Grief" qui clôt l’album en cinq minutes sans que l’on soit convaincu par ce long solo de guitare). De par sa nature et sa longueur, ce
Reclamation: Part I n’est pas simple à appréhender. Il se révèle agréable à la première écoute, mais il en faudra davantage pour discerner toute la subtilité de l’ensemble.
Huit morceaux. Cinquante-deux minutes. C’est sans doute le plus gros écueil de ce Reclamation Part I. Moins direct que son successeur, il prend le temps de développer ses chansons, avec ce black lumineux qui n’oublie pas de frapper fort quand il le faut. Une belle réussite, à la hauteur des ambitions du groupe.