Chronique : Wazzara Cycles (2021)

CHRONIQUE PAR ...

Wineyard
Cette chronique a été mise en ligne le 11 mars 2024

Sa note : 18/20

LINE UP

-Barbara "Babs" Brawand
(chant+guitare)

-Marcel Mäsi Stettler
(guitare)

-George Necola
(basse)

A participé à l’enregistrement :

-Andrei Jumugă
(batterie)

TRACKLIST

1) Solanum
2) Maenic
3) Inwards
4) Obsidian Skies
5) Antares
6) Fissures
7) Wolf Moon (Tribute to Type O Negative)
8) Ancestral Bonds

DISCOGRAPHIE

Cycles (2021)

Wazzara - Cycles

(2021) - gothique metal à chanteuse excellent - Label : Autoproduction

Oui, oui, je vous vois venir et tirer des conclusions hâtives : je viens de chroniquer un groupe de metal à chanteuse (Vespera) et je remets ça avec Wazzara. Non, non, ce n’est pas ce que vous croyez, je ne suis pas en régression musicale vers quelques-unes de mes premières amours (Theatre of Tragedy, The Gathering et consorts… Vous l’ignoriez ?), mais au contraire vers l’atmosphère poisseuse de Type O Negative et la voix gravissime de Peter Steele. J’ai été littéralement scotché par la reprise de "Wolf Moon" (sur October Rust) faite par ces petits Suisses, je ne m’y attendais pas, et depuis j’essaie de me décoller, et je n’y parviens pas, comme le petit bout de scotch du capitaine Haddock. Pire qu’un aimant, j’y reviens comme un papillon de nuit vers un néon. Obsédant, autant que la reprise de Dead Can Dance par The Gathering dont je ne me suis jamais remis.

J’ai eu une révélation, finalement. Il ne saurait y avoir qu’une voix féminine pour reprendre du Type O Negative avec bonheur, tant l’ombre de Steele est imposante et inégalable. Seule une voix à l’opposé de la sienne avait le potentiel de rendre hommage à sa composition, et je pousserais même jusqu’à dire faire mieux que lui. Il est extrêmement rare que j’aime autant ou préfère une reprise d’un titre d’un groupe dont je suis amateur. Le titre est naturellement emmené ailleurs grâce au timbre, mais il faut aussi rendre hommage à l’orchestration, vraiment convaincante. Je vous le concède, nul autre groupe n’accorde ses guitares comme Type O, il est donc naturel d’aborder le titre avec une idée différente par extension. Néanmoins, il fallait le faire de cette manière, avec le respect de l’original et une touche de personnalité en plus. Bravo.
Après ce préambule, je vais anticiper les questions : heureusement, non, le groupe ne sait pas faire que cela. L’influence de The Gathering est assez présente comme ces vocalises dans "Maenic" ou le début de “Inwards” (et il y en a d’autres pour l’oreille avertie). On peut aussi sentir à un degré moindre une influence de Theatre of Tragedy période Aegis sur "Solanum" ou "Inwards", encore. Je vais encore anticiper une interrogation : non, il n’y a pas « que » des influences, ce n’est aucunement, vraiment, une simple redite. D’une part parce que la voix de Babs est assez différente de Liv Kristin ou de Anneke Van Giersbergen. D’abord sur le timbre plus grave et ensuite parce que la demoiselle growle au contraire de ses aînées. Et elle le fait vraiment très bien. Je serais assez curieux de connaître toute l’étendue de sa palette vocale d’ailleurs. La note bien haute et tenue au début de "Obsidian Skies” (titre très Mandylion) me file les poils à chaque fois, et ce titre est juste magnifique.

Pas convaincu par mes explications ? Allez écouter alors. Elle, elle vous convaincra, si vous êtes de son univers. Moi, je ne demandais rien, j’avais d’autres albums en attente de chronique, et c’est celui-là qui s’est mis tout seul en haut de la pile. Comme un grand. J’ai tout laissé en suspens pour écouter "Wolf Moon" et ses frères, puis l’EP de 2023 (très bon aussi) et chroniquer Cycles s’est imposé à moi, en un temps record. Je n’ai pas cherché longtemps l’inspiration, pas plus que je n’ai eu besoin d’une aide alcoolisée. J’ai posé le casque sur ma tête et j’ai commencé à écrire en écoutant. Tellement évident.