Chronique : Vital Remains Forever Underground (1997)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 14 février 2024

Sa note : 17/20

LINE UP

-Joseph "Joe" Lewis
(chant+basse)

-Anthony "Tony" Lazaro
(chœurs sur 6+guitare+basse)

-David "Dave" Suzuki
(guitare+basse+batterie)

TRACKLIST

1) Forever Underground
2) Battle Ground
3) I Am God
4) Farewell to the Messiah
5) Eastern Journey
6) Divine in Fire

DISCOGRAPHIE

Let Us Pray (1992)
Forever Underground (1997)
Icons Of Evil (2007)

Vital Remains - Forever Underground

(1997) - death metal - Label : Osmose

Cinq années se sont écoulées depuis l’historique Let Us Pray suivi d’un Into Cold Darkness qui a moins marqué les esprits. Anthony Lazaro vient de recruter un batteur qui fait office de guitariste/bassiste et chanteur à ses heures : Dave Suzuki. Un nom important dans la généalogie du groupe car il s’imposera également à la composition.

Vital Remains affiche clairement ses ambitions avec le titre, toujours dans l’underground, et donc toujours au second plan. Comme s’ils avaient acté qu’ils ne pouvaient jouer totalement dans la cour des grands. Alors à défaut de vendre en palettes, la troupe va s’atteler à démontrer qu’elle peut rivaliser sur album. Pour cela elle continue son entreprise de destruction, elle affine son style et se démarque de ses ressemblances passées. Exit la patte Morbid Angel si prégnante. Forever Underground accueille les blasts aussi. La lourdeur incomparable de Let Us Pray fait désormais place à plus de brutalité. Tout est question de choix et d’équilibre, et celui-ci est atteint puisque la vitesse, bien que désormais plus prépondérante, n’est toujours pas une fin en soi pour les Rhode-Islandiens. Évidemment, la transition ne se fait pas sans perte. L’espèce de chape de plomb de Let Us Pray se voit diminuée. Mais non évaporée.
Car Lazaro et Suzuki ont l’intelligence de savoir ce que le death metal signifie pour eux. Et c’est toujours dans cette optique de pesanteur maligne qu’elle se dirige. En parvenant à intégrer les blasts dans des compositions toujours plus longues, cette fois la barrière des neuf minutes est franchie, Forever Underground s’autorise à explorer des territoires différents. La grosseur des riffs pur death tranche toujours de manière aussi démoniaque dans le vif de nos chairs maltraitées. La brutalité evil qui se dégage des chansons n’est pas générée par d’impitoyables déferlements de violence. Bien au contraire, nous ployons sous les coups de butoir répétés du mid tempo caractéristique du groupe. Les blasts viennent seulement ajouter une nouvelle dimension. Et de manière discrète, donc subtile.
Et voici un point constitutif de la musique de Vital Remains. Pour autant death et lourde qu’elle soit, elle se constelle de subtilités. Par l’utilisation pertinente des rythmes. Par les possibilités qu’ouvrent des riffs malsains comme celui de "I Am God" (qui rappelle quand même fortement… Morbid Angel) ou l’utilisation étonnante de la guitare acoustique sur cette même chanson. Et par cette manipulation sans hésitation de la durée. Les titres ne s’étendent pas dans le vide, ils prennent le temps de bâtir leur monde et leur ambiance. Evil toujours. Sauf que toute cette mécanique est menacée par une production franchement pas à la hauteur. Autant Let Us Pray avait les circonstances atténuantes de la première sortie, autant Forever Underground a les circonstances exténuantes de la batterie. Les guitares auraient pu être plus puissantes, mais ça passe. La batterie elle, fatigue. La peau extrêmement tirée de la caisse claire donne à regretter les approximations de leurs débuts, c’est dire. Alors on veut demander au groupe : pourquoi ? C’est d’autant plus regrettable que l’ensemble maintient son appartenance au monde du death metal qui compte. Le duo fantastique d’intensité "Eastern Journey"/"Divine in Fire" vient le marteler.

Forever Underground marque l’arrivée d’un membre important dans le développement futur du groupe. Pour autant, s’il conserve les qualités des riffs, intègre les blasts et s’essaie toujours à des nouveautés, il flanche clairement sur l’autel de la production. C’est extrêmement dommage sans heureusement casser la dynamique d’un album à écouter dans toutes les bonnes écoles d’extrême.