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CHRONIQUE PAR ...

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TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 19 août 2023
Sa note : 15/20

LINE UP

-Katsiaryna "Nokt" Mankevich
(chant+flûte)

-Jaŭhien Cherkasaŭ
(guitares+basse)

Ont participé à l'enregistrement :

-Vladislav "Lesley Knife" Navajilov
(chant)

-Forladt
(chœurs)

-Ivan Kuznetsov
(piano)

-Artur Matveenko
(saxophone ténor)

-Fiodor Malikin
(saxophone baryton)

-Nat Nazgul
(accordéon)

-Egor "George" Baranov
(violoncelle)

-Olmo "Déhà" Lipani
(batterie)

TRACKLIST

1) Ідзі і глядзі (Come And See)
2) Пахаваны жыўцом (Buried Alive)
3) Смерць цалуе ў вочы (Death Kisses Your Eyes)
4) Пекла (Hell)
5) Папялішча (Ashes)
6) Яма (The Pit)
7) Лютасць (Cruelty)
8) Nacht Hexen (Night Witches)
9) Да скону (Till The End)
10) Мёртвым не баліць (Dead Don't hurt)
11) Нязгаснае (Unquenchable)
12) Да волі (To Freedom)
13) Кроў (Blood)

DISCOGRAPHIE


Dymna Lotva - The Land Under the Black Wings: Blood
(2023) - black metal post - Label : Prophecy Productions



L’histoire de Dymna Lotva est un peu particulière, et probablement révélatrice des turpitudes d’une région. Créé en Biélorussie, de nationalité bélarusse pour ses deux membres, le groupe a dû quitter son pays natal pour s’offrir une adoption en Pologne, a priori (entre autres ?) pour des démêlés avec les autorités locales peu enclines aux convictions opposantes du groupe. Bref, un exil pour continuer à s’exprimer.

Prendre ce parcours en considération donne une toute autre tonalité nostalgique à l’écoute de The Land Under the Black Wings: Blood (il s’agit du titre en anglais bien de pas chez nous). Écho évident au premier album dénommé The Land Under the Black Wings: Swamp. On part des marais vers le sang, progression métaphorique certainement. Musicalement je ne me risquerai à aucune comparaison ne connaissant pas le passé musical du groupe. Sur le présent, on note une caractéristique forte : citadin. Et romantique. Voici les deux termes les plus aptes à décrire le black metal déformé qui jaillit de l’esprit torturé de ses deux membres. Les sonorités russes déclenchent également des connexions mentales avec deux sommités du grand frère : Grima et Arkona. Sonorités partagées ne signifient pas musique identique. Mais vous entendrez bien des similarités, voire une filiation entre ces groupes. Dymna Lotva n’a pas ce côté sylvestre bien plus proche de la nature des deux précités. Pour autant, la manière de composer, les chants, les instruments divers (tenus par une pelletée d'invités) et l’articulation globale des chansons sont autant d’éléments qui rappellent.
Ce faisant ils ne copient pas. Citadin et romantique, souvenez-vous. Ces caractéristiques suffisent à démarquer The Land Under the Black Wings: Blood et en ce sens, il devient incongru, bien que non illogique, de penser à Sektemtum qui partage cette sensibilité bétonnière (même si musicalement l’écart est grand). Bref, riche et divers, voici qui définit cette création de deux déracinés qui combattent les vicissitudes imposées à leur existence. Cette superposition au déchirement latent des cris de Nokt, à la noirceur de certains riffs et au désenchantement induit du violon crée un tout plus vaste que le simple amoncellement des notes. Dymna Lotva est un monde qui se vit et se ressent. Au plus profond de votre être, une fois intégrée l’histoire singulière en arrière-plan. Les paroles, basées sur des contes du folklore biélorusse, injectent de la réalité pour rendre compte. Dénoncer également. Et donc l’émotion véhiculée par les cris stridents, proches de ceux d’un Dani Filth au meilleur de sa forme, filent droit dans le cœur. Les modulations dans des teintes éclaircies participent à l’enchevêtrement des couches.
Ce groupe biélo-polonais crée donc ses propres plates-bandes sans empiéter sur celles des autres malgré les accointances. Pour note agréable : la production bénéficie d’un traitement fort sympathique misant entre clarté des instruments, acceptation de la basse tout en conservant une distance raisonnable avec le trop gros son. L’aération notamment permet l’accumulation des instruments, des couches et des émotions sans enchevêtrement confus. L’expression de la dimension atmosphérique consubstantielle de l’esprit du duo. Vous vous direz alors qu’on tient là un sacré super disque. Ce serait ignorer cette contemporanéité poussée potentiellement repoussante pour les amateurs de sylviculture ancestrale, de traditions déformées mais respectées. Dont je fais partie fatalement. Et ce sera bien là que les chemins se permettront de diverger entre Dymna Lotva et une partie du public metal. Rien de méchant cependant au vu des abondantes qualités précitées.


Un disque certainement pas aisé à aborder. Vous devrez accepter de rendre un bout de votre âme pour plonger pleinement dans une musique non seulement riche mais également chargée émotionnellement. Black clairsemé d’engeances post ou doom, Зямля пад чорнымі крыламі: Кроў a le potentiel de plaire à un large public, non réfractaire à la différence.





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