Chronique : Shodan None Shall Prevail (2023)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 26 avril 2023

Sa note : 16/20

LINE UP

-Szczepan Inglot
(chant+guitare)

-Tomasz Sadlak
(basse)

-Michał Jarosz
(batterie)

TRACKLIST

1) Tamed in Unison
2) Despair Snares
3) Demortality
4) Ethos
5) Staring Back at the Abyss
6) Lords
7) Nicość Wiekuista
8) Nighttime Violators
9) None Shall Prevail

DISCOGRAPHIE

None Shall Prevail (2023)

Shodan - None Shall Prevail

(2023) - death metal - Label : Time to Kill Records

Shodan, ou de manière plus sophistiquée « Sentient Hyper-Optimized Data Access Network », et de manière plus amusante, le premier grade dans un art martial, mais également un moteur de recherche considéré comme le « plus dangereux du monde », est un groupe de death metal polonais. Armé de ce triple sens, voyons ce qu’ils ont dans le ventre.

Premier constat, le chant. École polonaise. Facile à écrire. Pourtant là. Coucou Nergal. On ne leur en voudra pas, la référence est bonne dans son intensité. L’exécution également, maîtrisée, puissante, imposante. Manque de modulation ? Et pourquoi donc en vouloir ? Le propos s’inscrit dans un death metal surchauffé d’un son grésillant qui vous capte et happe fissa. Avec une belle basse qui plus est. Intensité bis. Entrée dans leur monde également. None Shall Prevail sous le couvert d’un titre inoffensif et déjà lu possède une puissance de frappe colossale malgré une utilisation toute parcimonieuse des blasts. Le truc se situe ailleurs. Dans la lourdeur des rythmiques, dans l’appui des riffs. Shodan délivre une partition dantesque, sinon dans sa rapidité mais bien dans sa représentation sonore. Vous ne serez jamais à proprement parler plaqué au sol par la brutalité, pourtant, l’effet de destruction de masse est bien présent. Et de toute manière le début d’une "Ethos" vient rappeler que le trio demeure une bête dangereuse.
Dans l’ensemble ce qui vous marquera à l’écoute d’un disque de cette trempe, c’est la constance dans une forme d’hystérie auditive créée par la conjonction d’une production très grasse et relativement peu définie à l’unisson de compositions intelligentes, en permanence à la recherche du bon riff, du bon placement rythmique, de l’explosion contenue à relâcher à l’instant T. Je l’avoue sans détour : None Shall Prevail a été une sacrée claque. J’attendais un death tendance brutal sans rien de plus mais a minima bien exécuté et savamment composé, j’en reviens avec une sortie qui s’impose dans mon référentiel comme la première grande surprise et coup de cœur de l’année 2023. La propension du groupe à farcir ses chansons d’intermèdes mélodiques que n’aurait pas reniée la scène de Göteborg, des soli, des arpèges, des harmoniques, au sein d’une musique poisseuse, lourde comme un fardeau dénote une vivacité d’esprit indéniable. Surtout l’écueil de se complaire dans une formule préétablie est brillamment esquivé. Qui aurait pu prédire le riff de "Nicość Wiekuista" ? Surtout que s’enchaîne un thrash pas éloigné de Cavalera Conspiracy.
Cette sortie fait le lien entre des Decapitated, Behemoth et des At the Gates voire Amon Amarth. Cependant, tempérons. Amateurs de death mélo, vous n’aimerez probablement pas. Pourquoi pas. L’ouverture d’esprit est de ce monde. Car les caractéristiques death les plus dominantes sont celles qui ont fondé le genre : violence, gras, agression. Seules les incartades précitées sont mélodiques (et ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère, cf. le pont à la guitare sur "Staring Back at the Abyss").

Divine comédie, là où l’on aime se fourvoyer. Un groupe qui en est à son troisième disque et sort pourtant de nulle part. Alors qu’il devrait se trouver au milieu des conversations sur la base de ce que nous entendons présentement. Pas pour le tout-venant, mais ouvert et accueillant malgré ses abrasions.