Chronique : Hetroertzen Phosphorus Vol I (2022)

CHRONIQUE PAR ...

TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022

Sa note : 14/20

LINE UP

-Johan "Anubis" Alexandersson
(chant+guitare)

-Giannina "Åskväder" Pizzoleo
(guitare)

-Kafziel
(basse)

-Walter "Frater D" Tölg
(batterie)

TRACKLIST

1) The Arrival
2) Sea in Black
3) The Hall of Wonders
4) Absorption of the Current I
5) Absorption of the Current II
6) Vultus Satani
7) Et In Arcadia Ego
8) I am Sickness, I am Death
9) Pantokrator
10) The Conjuring of the Seven Spirits

DISCOGRAPHIE

Phosphorus Vol I (2022)

Hetroertzen - Phosphorus Vol I

(2022) - black metal - Label : Listenable Records

Les fournées de promo à chroniquer, c’est comme une boîte de préservatifs, vous ne savez jamais sur quoi vous allez tomber. Prenez Fallen Sanctuary peuplé à trois quarts d’Italiens, et pourtant bien autrichien. Confiant malgré cette rebuffade initiale, je pars à l’assaut de Hetroertzen l’Autrichien. « Toc toc, ici le groupe : nous sommes chiliens. » Bam, clac. « Sauf que maintenant on a émigré en Suède. »

On n’est pas aidé si vous voulez mon humble avis. Fort heureusement, d’un patronyme pas du tout en ligne avec leur origine géographique, les Chiliens ont la délicatesse de l’avoir choisi représentatif de leur musique. Car oui, c’est du black à tendance bien germanique tout ça. Secrets of the Moon en mode black metal pour les quelques délires à la guitare, le tempo pas toujours fortement rugueux. Hellsaw pour cette puissance dans le mid tempo. Et pourquoi pas une tendance à un black orthodoxe que ne renierait pas l’Ukraine sous les bombes (en référence à… oui, NTM bien sûr) voire même un Darkthrone devenu un peu ‘n roll du temps de Sardonic Wrath. Phosphorus Vol I s’avance sûr de son fait, confiant de son satanisme suintant fidèle aux racines éternelles d’un genre qui n’est jamais meilleur que lorsqu’il se prélasse dans ses évidences. Meilleur et dangereux. Car mine de rien, la horde s’attaque à votre arrière-crâne, distillant insidieusement les germes de votre perte mentale. Les guitares, tout comme globalement la batterie, ont beau avoir cette légère coloration synthétique, elles n’en demeurent pas moins frigorifiques, brûlantes d’un blizzard glaçant tout à l’honneur des maîtres nordiques.
Tout l’album étant du même tonneau, attendez-vous à une sérieuse dose de metal noir. « Original » n’est pas le terme le plus approprié, pour autant « personnel » a sa place. Hetroertzen ne ménage pas sa peine pour affirmer un soi développé le long des dix titres qui parsèment cette sortie. C’est d’autant plus méritoire que l’art sombre proposé est maîtrisé, vigoureux, vivifiant. Homogène aussi car si l’on ne décèle pas de franc pic d’exultation, aucune crevasse d’ennui n’est à déplorer. Ici réside probablement le reproche principal que l’on peut faire à un disque presque trop sage. Il devrait s’autoriser à plus de sortie de route, envoyer bouler les sentiers battus pour accepter de s’aventurer dans des terrains plus extrêmes tant en terme de violence (les blasts paraissent à ce titre en demi-molle) qu’en terme de créativité. C’est là faire la fine bouche, mais c’est bien le minimum que l’on puisse être, exigeant, vis-à-vis d’un groupe fermement établi qui en est à sa septième sortie. Et ce d'autant plus qu'il montre des capacités remarquables à tirer son épingle du jeu (cf la très Craftienne "Et In Arcadia Ego", superbe réplique à "Crimson" de White Noise and Black Metal).

Avec vingt-cinq années d’expérience, les Chilo-Suédois livrent une création de qualité, bardées de forces tout autant que de maîtrise. L’on souhaiterait les entendre pousser le bouchon plus loin, est-ce un vœu pieu lorsqu’un groupe a autant de bouteille ? J’espère que non car il s’agit pour moi d’une belle découverte.