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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-David Lee Roth
(chant+guitare)

-Edward Lodewijk "Eddie" Van Halen
(chœurs+guitare)

-Michael Anthony Sobolewski
(chœurs+basse)

-Alexander Arthur "Alex" Van Halen
(batterie)

TRACKLIST

1) Runnin' with the Devil
2) Eruption
3) You Really Got Me
4) Ain't Talkin' 'bout Love
5) I'm the One
6) Jamie's Cryin'
7) Atomic Punk
8) Feel Your Love Tonight
9) Little Dreamer
10) Ice Cream Man
11) On Fire

DISCOGRAPHIE


Van Halen - Van Halen
(1978) - hard rock - Label : Warner



Le premier album de Van Halen est une déflagration. Même ceux qui n'apprécient pas plus que ça le big rock suggestif à gros amplis le reconnaissent : lorsqu'ils ont entendu l'engin pour la première fois (et donc la dernière pour les amateurs exclusifs de punk aigrelet et de folk intimiste), ils ont pris une baffe. Du genre à laisser des traces durables. Comment un recueil de hard rock enregistré par des types qui végétaient depuis des années dans le circuit des clubs et campus californiens a-t-il pu marquer les esprits à ce point ?

Formé par deux frangins d'origine néerlandaise émigrés sur la Cote Ouest, Van Halen – qui porte leur nom – écume les planches du Golden State depuis un lustre quand il se fait repérer par des émissaires de Ted Templeman, producteur régulier des Doobie Brothers et de Van Morrison, pas vraiment des concurrents dans la course aux décibels. Mais Templeman veut frapper un grand coup. Il flashe sur ces jeunes chevelus aux shows remuants dont émerge une pépite : Eddie Van Halen, le guitariste prodige. Relativement sobre en ouverture sur "Runnin' with the Devil", il éclabousse la réalisation auto-intitulée et le monde entier de son talent hors normes sur "Eruption", solo démentiel de virtuosité durant lequel le natif d'Amsterdam se livre notamment à une séquence de tapping, une technique exigeante permettant d'accélérer le jeu jusque là essentiellement maîtrisée par quelques jazzmen et réappropriée par une poignée de pionniers du (hard) rock - Van Halen junior expliquant de son côté s'être inspiré du guitar hero Jimmy Page de Led Zeppelin. Quatre-vingt-dix secondes inouïes en 1978 qui repoussent les limites tracées une décennie auparavant par Jimi Hendrix et que des gâchettes comme Ritchie Blackmore ou Brian May n'avaient pas réussies à abolir.
Résumer Van Halen à ce coup de semonce serait passer complètement à côté de cet enregistrement bourré de chansons euphorisantes, rendues addictives grâce aux interventions à la fois ultra dynamiques et incisives du cadet Van Halen qui se révèle également un tueur à la rythmique, comme il le montre en explosant l'un des riffs les plus iconiques du rock, celui de "You Really Got Me" des Kinks. L'incunable de la bande de Dave et Ray Davies – encore des frangins – se fait booster de manière indécente, en partie grâce à la prestation de David Lee Roth, l'exubérant chanteur qui éructe, feule et susurre avec une lubricité tout juste suggérée sur la version originale. Plus ouvertement sexuel encore que Steven Tyler d'Aerosmith, parsemant la plupart des pistes de ses cris paradoxalement stridents de mâle en rut, il contribue lui aussi à dynamiser ces dernières, et ce malgré la méfiance perceptible de Templeman. Le maître de la console le met en effet systématiquement sous tutelle d'une chorale solaire et protubérante qui dope tous les refrains, au point parfois de voler la vedette au titulaire du micro, qui ne peut véritablement exprimer sa sensibilité qu'à l'occasion du mélancolique "Little Dreamer". Ce parti pris, qui est loin d'être étranger à la saveur particulière de l'œuvre, n'a rien d'étonnant de la part de Templeman qui fut membre de Harpers Bizarre, section de sunshine pop sixties portée sur les chœurs (pléonasme). Sur Van Halen, il réalise un mélange aussi improbable que réussi entre la rugosité du LP inaugural de Montrose qu'il avait produit en 1973 avec derrière le micro un certain Sammy Hagar auquel il avait pensé pour remplacer un David Lee Roth jugé peu fiable, et la clarté de la guitare mariée à la chorale fervente de "Long Train Runnin'", le tube international des Doobie Brothers dont il s'était occupé la même année.
Dans ces conditions, on ne sera pas surpris plus que ça d'entendre un break doo-wop complètement hallucinant sur "I'm the One", succulence magnifiée par un motif supersonique, en cohésion jubilatoire avec la batterie sèche comme une trique de grand frère Alex et la basse tricoteuse habilement maniée par Michael Anthony. Et il en faut de la dextérité pour suivre un Eddie survolté – ce double solo ! Une composition dingue, initiée par un motif dévastateur décoché à nu à l'instar de celui, stratosphérique, de "Ain't Talkin' 'bout Love" : dans le genre accrocheur, difficile de faire mieux, surtout quand des « hey! hey! hey! » fédérateurs sont répétés en conclusion - le public se fera un plaisir de les scander en concert. Après ces deux pépites, "Jamie's Cryin'" et "Feel Your Love Tonight" font office de respirations, moins marquantes sans doute mais dont les mélodies demeurent tout à fait plaisantes, secouées dans l'intervalle par un "Atomic Punk" rageur, tandis que "Ice Cream Man", reprise d'un blues de John Brim, offre la possibilité à Roth d'exprimer ses aptitudes de crooner. Cette relative diversité d'ambiance est renforcée par la dureté inhabituelle d'"On Fire", final aussi tendu que la veine d'un junkie avant un shoot. La six-cordes fait la méchante, les choristes deviennent hystériques, le chanteur ne rigole plus. Comme si les mecs savaient que c'était le dernier morceau, leur dernière chance de convaincre, et qu'il fallait tout donner.


Une énergie inépuisable, des refrains affolants, un guitariste extra-terrestre qui chamboule les repères en vigueur dans la corporation depuis Hendrix : la formule de Van Halen, déployée avec une fougue transcendée par un producteur malin, est proprement irrésistible pour qui aime les sensations fortes et n'est pas effrayé par les chanteurs bigger than life préoccupés essentiellement par ce qui se trouve entre les maxillaires et le bas des reins. Fou et sacrément réfléchi, organique et exécuté de main de maître, le premier effort longue durée des Nord-Américains ne laissera indifférent que les anhédoniques incurables et met un grand coup de sneaker dans le milieu ronronnant du hard rock de la fin des seventies. De quoi faire repartir la machine pour dix nouvelles années. Au moins.



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