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CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Philippe Saidj

TRACKLIST

1) Introitus (Stoa – Porta VIII)
2) Bring For Ye Shadow (Theatre of Tragedy – Velvet Darkness They Fear)
3) Night's Dew (Shape of Despair – Angels of Distress)
4) Of Dying Relics (Raison d'Être - Within the Depths of Silence and Phormation)
5) Womans of Desires (Bathory – Under the Sign of the Balck Mark)
6) Standing in Blood (Nocturnus – The Key)
7) Le Cerf Malade (My Dying Bride – Turn Loose the Swans)
8) Broken Miror (Trees of Eternity – Hurs of the Nightingale)
9) Stellars Tombs (Draconian – Sovran)
10) Apple of Sodom (Marylin Manson – Lost Highway)
11) Thirteen Autumns and a Widow (Cradle of Fith – Cruelty & The Beast)
12) Immortal (Kirian Camera – Immortal)
13) Into the Infinty of Thoughts (Emperor – The Nightside Eclipse)
14) Illusion (VNV Nation - Judgement)

DISCOGRAPHIE


Philippe Saidj - La Forme du Désespoir (Les Arbres de l'Eternité) - ROMAN
(2018) - doom metal - Label : Auto-production



La nostalgie d'une époque qui n'a jamais existé, c'est un sentiment particulier. Pour ma part, issu ex-nihilo de mes pérégrinations musicales. C'est un sentiment que j'apprécie profondément. Et je ne mesurerais que péniblement le ravissement que j'ai pu éprouver lorsque j'ai retrouvé cette idée si savamment illustrée dans un ouvrage. Permettez que je m'écarte à mon tour de la musique, à tout le moins de son approche purement auditive et de ses supports physiques, cd, vinyles, k7 et autres mp3, pour me concentrer sur un tout autre support, silencieux de prime abord, mais en vérité, tout aussi éloquent: un livre. Intitulé La Forme du Désespoir (Les Arbres de l'Eternité).

Philippe Saidj est l'un de ces écrivains qui tiennent dans leur main une plume dont on ne se lasse pas de suivre la progression. Il est ainsi déjà l'auteur de plusieurs romans forts inspirés : Monsieur B. (Éditions Bellier - 2010), La Dague de Jade (Éditions Achille – 2012), Piper Excelsum: Meurs, Meurs et Meurs encore (2013), et Loin de la Lumière (Fire Idoler) (2015). Et je vous glisse comme un murmure que deux projets sont encore à l’œuvre. Monsieur B mis à part, les trois derniers cités sont à lier, constituant une fresque policière de fort bon aloi, dont l’épicentre est l’irascible et pourtant attachant commissaire Faubert. Entre quête mystique vers quelque cité perdue, meurtres étranges, émois d'un auteur en perte d'inspiration, pop star et culte du Mal, Philippe Saidj a le don de poser les mots qui captivent et nous tenir en haleine dans chacun de ses ouvrages. Son univers mêle intiment les composantes des plus savoureux romans policiers aux illusions des romans fantastiques. Ses inspirations se ressentent dans son écriture fine, sans jamais pour autant trahir un quelconque manque de personnalité, certes non. Car il est ici une patte, tout à fait propre à l'auteur, que l'on savoure pleinement et qui vous tient bien éloignés des clichés de genre. À titre personnel, je pourrais cependant mentionner une petite touche de Fred Vargas, pour la facilité déconcertante avec laquelle il offre de nous accaparer les univers qu'il dépeint et avec laquelle nous nous attachons à ses personnages. Des personnages qui respirent une telle authenticité qu'il est, ô combien aisé, de leur donner corps et sens. Mais je citerais aussi Murakami, pour cette superbe alchimie entre onirisme et réalité dont il ponctue avec bonheur chacun de ses périples, nous plongeant toujours dans un doute délicieux quant à la réalité des occurrences, sans exagération aucune, juste pour le plaisir de nous perdre et de nous laisser nous interroger. Mais La Forme du Désespoir (Les Arbres de l’Éternité), son dernier né, se situe encore au-delà.
« Que se serait-il passé si Alex avait réussit à crier ? Bien des tourments postérieurs auraient sans doute été évités Simplement, le jeune homme ne fut capable de sortir de son état de choc que plusieurs minutes après que l'ombre eut saisi sa victime Elle la cala sur son épaule et s'en fut. Comme ça, sans effort apparent. Comme si elle transportait un simple sac de sport... Alex restait debout, dans les buissons, incapable d'accepter ce qu'il venait de voir. Il attendait de se réveiller de ce très mauvais rêve. Malheureusement, il s'agissait d'un de ces cauchemars que l'on vivait éveillé et dont on ne sortait jamais vraiment (...) »
Profondément ému par le mystère et la poésie de Gustav Meyrinck, dans ce dernier ouvrage, Philippe Saidj franchit clairement une étape dans son écriture. La Forme du Désespoir, de loin le plus mâture des romans qu'il a à ce jour publiés, est avant tout et surtout le plus personnel. Car, à la différence des aventures passées, pures fictions, il verse ici beaucoup de lui-même. De son histoire, des ses émotions et de ses muses. Et la qualité de l’œuvre s'en ressent fortement. Quelle est alors la trame de cette offrande ? Le périple d'un jeune homme, répondant au nom d'Alexandre Espada. Un matheux sans lunettes rondes et sans velours côtelé, portant para douze trous et arborant T-shirts sombres à la gloire du doom metal. Un périple fait de réalités triviales, de douleurs sourdes, de rêves lovecraftiens, de fantasmagories épiques - de musique, surtout. Car ce livre, s'écoute autant qu'il se lit. La Forme du Désespoir est en effet l'un de ces rares romans emprunt de musique métallique. Mais vous vous en doutiez, bien sûr. La Forme du Désespoir (Les Arbres de l’Éternité), ce titre éloquent ne pouvant que renvoyer à ces deux œuvres tout simplement époustouflantes que sont Hours of the Nightingale de Trees of Eternity et surtout, surtout, la pièce majeure signée Shape of Despair, Angels of Distress. Si ces compositions merveilleuses font partie de votre playlist personnelle, vous saisirez instamment mon propos. La plongée dans ce livre sera pure essence doom. Vous suivrez alors les pas d'Alex, alias Doomboy, sans peine, et rapidement, il fera partie de votre univers, parce que cet univers, vous le connaissez. Intimement. Vous reviendrez en arrière (ou plongerez en avant), vers l'horizon de vos vingt ans, vers vos pas d'étudiants, vers vos émois, vos chimères, vos fatigues et vos peurs, aussi. Et vous vous cognerez à quelque chose d'inattendu. Vous rencontrez surtout cette femme, Juliette. Une femme à l'aura mystérieuse et tourmentante. Et vous affronterez quelque chose de terrible. Quelque chose que vous ne connaissez pas, mais que vous saisirez instantanément, car il s'agit de cette nostalgie de l'inconnu. Mais rien ne vous sera pour autant totalement abstrait, car je l'ai déjà dit, la narration respire l'authenticité. L'unique regret que j'ai pu éprouver à la lecture de ce fort bel ouvrage, aura été de devoir le refermer lorsque la dernière page fut atteinte
.

Vous souhaitez un résumé plus précis de l'aventure ? Mais je ne vous en soufflerai pas un mot de plus. Je me refuse à détruire toute la magie de l’œuvre en la spoilant. Elle se découvre, lentement, au rythme des morceaux de musique qui la ponctuent. Au rythme surtout, de celui qui se place parmi les plus beaux qui soient, cette goutte de douleur, délicate et fine, "Night's Dew". Oui, je vous invite à lire ce roman. Et à « l'écouter ». Ne craignez ni l'encre, ni les émois, ni même Elisabeth Bathory ou Charon. Ce voyage pourrait bien vous séduire fortement. Et vous incliner à en redemander « encore ».


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