Oui mais non. Je vous vois venir, vous qui écoutez Kätkyt pour la première fois et qui êtes amateurs de rapprochements faciles. (Petite parenthèse : vous remarquerez que je m’adresse à mon lectorat au pluriel, faisant ainsi l’hypothèse que plus d’une personne va lire cette chronique. C’est audacieux. Fin de la petite parenthèse.) Où en étais-je ? Ah oui, la comparaison avec Myrkur est tentante, mais elle n’est pas si pertinente que ça.
Alors oui, forcément, "Onde Børn" peut nous venir à l’esprit. Et pourrait nous faire penser, à tort, que Vermilia profite de la « hype » créée par la Danoise pour tirer son épingle du jeu, en se posant comme la nouvelle sorcière-top model de Finlande. Bip. Erreur. Bien sûr, les deux damoiselles alternent chant mélodieux et hurlements, les deux ont des accointances avec le black metal, mais l’une est une sorcière, l’autre une guerrière. Une prêtresse-guerrière. Myrkur crie sa rage par saccades avant de se pâmer et nous entraîner sur des terrains gothicos-folko-ambient. Vermilia, elle, a du muscle. Et de la double grosse-caisse à revendre. Kätkyt a beau être poétique, c’est avant tout un album de metal. Pagan/black metal. Très solide et maîtrisé de A à Z. Si les tout premiers accords peuvent faire penser que la valkyrie va voir émuler Primordial, en réalité, il faut aller chercher ses influences en Scandinavie. En Finlande, bien entendu, vu qu’il s’agit de sa terre, avec ces mélodies souvent douces, très typiques de sa contrée natale, mais également en Norvège.
Le premier album de la multi-instrumentiste a en effet largement puisé au creuset des pères fondateurs du mouvement pagan black, Satyricon époque The Shadowthrone en premier lieu (les progressions d’accord de "Haudoille" en sont une preuve irréfutable). Et le moins qu’on puisse dire est que le mélange fonctionne fichtrement bien. Tous les titres ne sont pas d’une originalité folle, mais l’œuvre a, d’une part, le mérite de ne jamais baisser d’intensité. D’autre part, certains morceaux sont vraiment redoutables. Redoutables de férocité, comme le court mais démoniaque "Poissa" où la combinaison sucré/salé fonctionne impeccablement. Ou redoutables de beauté, comme ce "Maisema", véritable machine à fabriquer des frissons. Il serait néanmoins réducteur de résumer Kätkyt à ces deux seuls titres et l’on signalera aussi l’aspect pendulaire de l’ excellent mid-tempo "Vedestá vieraantunut", ou le bien beau point final "Mustan Taivan Morsian", joli résumé de la symbiose entre lourdeur et légèreté opérée sur un premier album porteur de tout plein d’espoirs.
Kätkyt, c’est un peu un cœur avec les doigts. Mais un cœur clouté alors. Vermilia y signe une entrée remarquée sur la scène pagan, à grands coups de double pédale, de riffs acérés et de mélodies juste tristes comme il faut. L’ensemble est très solide, très brillant par moments même. M’est avis qu’on pourrait entendre parler d’elle. Je l’espère en tout cas.