CHRONIQUE PAR ...
Magmahot
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Paul Kelland
(chant+basse)
-Jamie Saint Merat
(chant+batterie)
-Michael Hoggard
(guitares)
TRACKLIST
1) Abrogation
2) Yield to Naught
3) There Are No Saviours
4) Shrines of Paralysis
5) Bow to Spite
6) Chasm of Fire
7) Extinguished Light
8) End the Hope
DISCOGRAPHIE
Ulcerate… Plus besoin de présenter les néo-zélandais, tout fan de death metal moderne a déjà entendu parler d’eux au moins une fois dans sa vie. Et ceci pour une raison évidente : le son des bougres est tellement spécial et unique qu’ils ont réussi à s’imposer comme des grands dans un genre où il n'est pas aisé de percer de la sorte, surtout quand on y ajoute la relative difficulté d’accès de leur musique.
En effet, celle-ci est faite pour les patients, mais soyons d’accord, n’y voyez-pas une complexité dans les structures à la Viraemia ou Spawn Of Possession; voyez-y plutôt un temps d’adaptation, une période de latence où il faudra s'imprégner des atmosphères du groupe, s’habituer à ces passages chaotiques et maîtriser ce tempo variable. Imaginez donc les morceaux du groupe comme une musique d’ambiance faite de distorsions et de martèlements constants, qui vous transportera à l’aube de la création, là où tout était et n’était point; car le sentiment de destruction qui se dégage des riffs relève du jamais-vu dans le saint death metal. Surtout que sur ce Shrines Of Paralysis, l’ajout d’interludes lentes permet non seulement de rendre la musique du compo plus accessible - en mettant en pause le jeu de batterie - mais contribue bizarrement à accentuer la lourdeur, et ainsi amplifier le potentiel destructeur. Les dernières parties de "Yield To Naught" ou encore "Chasm Of Fire" illustrent d’ailleurs parfaitement cet aspect : la musique y est rampante à souhait, le tempo étouffant, les riffs mélodiques et pourtant chaotiques, rappelant un certain Through Silver and Blood de Neurosis.
Ce Shrines Of Paralysis a la particularité d’être immédiat d’accès pour les fans du groupe, les non connaisseurs y trouveront quand même un clin d’oeil évident à Gorguts, surtout au niveau de ces périodes de calme qui permettent à l’auditeur de « souffler », entre deux vagues déferlantes de brutalité à son état le plus pur. L’album se rapproche d’ailleurs le plus de The Destroyers Of All, par sa variété et son accessibilité, mais aussi par le travail de composition, qui nous fait passer d’interludes post-metal délicieux de lourdeur à des passages brutaux, rappelant les vétérans Immolation. Lors des premières écoutes, on pourra reprocher l’absence de ces fameux riffs dissonants et complexes caractéristiques du groupe. Un chouïa d’attention permettra de les retrouver, cachés discrètement et astucieusement, mutés dans leur forme la plus gracieuse et la plus gratifiante pour l’auditeur. En témoignent ceux de "Abrogation" et "End The Hope", vitrines de l’album et du groupe en général et véritables prétendants pour le titre de « meilleure composition de l’année ».
L’expression « album de la maturité » n’aura jamais eu autant de sens. Ulcerate peaufine sur ce Shrines Of Paralysis son son avec un souci du détail impressionnant, tout en injectant de temps en temps ces petites bouffées d’air qui manquaient cruellement sur ses premiers albums. Le seul petit détail fâcheux reste la production : en effet, le son est très compressé et entaché par moments d’une sorte de bruit parasite, ce qui est assez incompréhensible quand on se penche sur la qualité d’un Vermis qui est pourtant sorti trois ans avant.