CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Astrous
(chant)
-Achilleas C.
(guitare+claviers+basse)
-Anax
(guitare)
-Orestis
(saxophone)
-Nycriz
(batterie+percussions)
Guests
-Giorgios Papagiannakis
(chant)
-Sofia Sarri
(chant)
-Charis Pazaroulas
(contrebasse)
TRACKLIST
1) Oneirodynia
2) Fire Walk With Me
3) Earth Tomb
4) Void
5) Tunnel
6) Thus Ocean Swells
7) Phronesis - Psychomagic
DISCOGRAPHIE
- Chéri ?
- Mmmm
- Chéri ! Tu sais ce qui manque ici ? Une touche de couleur. Je sais pas… un tableau un peu gai… pour changer…
- Un tableau… un peu gai… ici… dans notre crypte ?
- Ben oui…
- Mais on n’est pas bien là ? Tout cet espace ? Toutes ces têtes de mort ? Et Satan ? Tu crois que ça le ferait rire si tu mettais un pot de tulipes orange sur l’Autel ?
- Je sais pas, mon poussinet, mais des fois, j’ai des envies d’autre chose…
Poussinet je sais pas s’il sera d’accord pour changer, ce qui est certain en revanche, c’est qu’Aenaon a une furieuse envie de laisser derrière lui le monde du black metal. D’accord, Extance ne pouvait déjà pas prétendre à l’appellation d’origine contrôlée « Trve Black Metal », mais il y régnait une noirceur, elle, bien propre au genre. Hypnosophy a beau avoir une pochette compatible avec les standards graphiques du metal noir, Astrous a beau s’époumoner par moments, Nycriz a beau continuer à blaster de temps en temps, les gars passent à autre chose. A une musique plus accessible, voire beaucoup plus accessible, où le saxo se taille une part encore plus importante du gâteau, et pas forcément en mode evil, hein –cf. "Fire Walk With Me", ou « encore un essai pas totalement abouti d’appréhender l’univers de Lynch vía le metal ». Une musique un peu fofolle mais pas trop, un peu édulcorée, un peu en période de mue en fait, à l’image des vocaux d’Astrous, pris souvent le cul entre deux chaises, ou la voix entre deux modes (le chant black traditionnel vs. des lignes plus mélodiques), sans qu’on sache vraiment quel camp il veut choisir.
Alors attention, cet album, pas encore mainstream, mais se rapprochant de quelque chose de plus apte pour tout public, recèle quelques bons moments – on parle d’Aenaon quand même. Le "Fire Walk With Me" n’est pas si dégueulasse que ça, "Earth Tomb" et son refrain à la Devin est un titre sacrément efficace, tandis que le morceau fleuve "Phronesis…" contient les moments les plus émouvants de l’œuvre - quand le saxo abandonne le mode jazz et vient se plaindre par le biais de notes haut perchées, il complète parfaitement le chant clair convaincant. En revanche, quelques compositions ne semblent pas dignes de la classe d’Aenaon : "Thus Ocean Swells" s’emmêle les pinceaux et n’est pas vraiment sauvée par le chant clair à la Herbrand Larsen. Quant à "Void", c’est une horreur : composition faiblarde et chant aux tonalités très Anneke pas du tout adapté, il s’agit du vilain petit canard de l’album. Au total, on sort d’Hypnosophy avec une sensation mi-figue, mi-raisin. L’univers d’Aenaon reste personnel et on sent bien que le groupe a toujours énormément de potentiel, mais cette volonté de changement n’est pas encore transmise de manière totalement satisfaisante.
Peut-être que l’histoire musicale d’Aenaon qualifiera ce Hypnosophy d’album de la transition. Cette incursion dans un univers moins sombre est encore trop approximative pour être totalement convaincante, même si les Hellènes savent toujours nous concocter quelques titres admirables. On attendra donc la suite des événements avec une curiosité, mêlée toutefois d’une certaine appréhension.