Les amateurs d’Opeth (et Dieu sait qu’ils sont nombreux) auront peut-être entendu parler de cette formation atypique qui les accompagna le temps d’une tournée en Australie. Ce n’est pas que musicalement, Virgin Black ait beaucoup de points communs avec la formation d’Akerfeld, mais pour vaguement caricaturer, on va dire qu’on en retrouve un peu les atmosphères torturées, lourdes et sombrement mélancoliques. Et pourtant, Virgin Black se rapproche plus musicalement de formations comme Therion, Elend ou Die Verbannten Kinder Evas. Ce genre d’approche musicale que, de prime abord, on aime ou on déteste.
Virgin Black est un groupe ambitieux, même s'ils n'ont pas un rythme de sortie effréné. Depuis 95, ils ont sortis une démo, un E.P et deux albums dont le dernier date de 2003, évoluant et mûrissant musicalement pour arriver aux temps actuels et leur Requiem Trilogy (un triple album concept, donc) dont Mezzo Forte est la deuxième partie – mais la première à tomber dans les bacs. Les deux autres sont déjà prêtes et sont programmées pour le courant de l’année. Pari risqué s’il en est, mais l’irrésistible ascension des Australiens leur permet d’avoir de sérieux atouts en poche et de prétendre au meilleur. Forts d’excellentes critiques de leur deux premiers Opus, c’est maintenant dans la cours des grands que les leaders et auteurs-compositeurs Rowan et Samantha veulent jouer.
Comment décrire la musique de Virgin Black ? Indéniablement, nous sommes dans une imagerie romantique et dramatique, teintée de mystère, d’un zeste de mysticisme et d’atmosphères éthérées. Très orchestrale, il n’y a que peu de chant à proprement parler mais énormément de chœurs, que cela soit masculin ou féminin, et de longues plages d’ambiance. On se surprend à constater que les guitares, la basse et la batterie ont un rôle manifestement secondaire, étant plus là en support de certaines parties vocales qu’en tant que véritables instruments. Ce qui, pour l’amateur de metal lambda est très déroutant, mais pour qui baigne un peu dans le milieu du gothique symphonique n’a rien d’exceptionnel.
Le rythme est lent, lancinant diront certains (emm***dant diront encore d'autres en réprimant un baîllement), propice à la respiration profonde et à la méditation. Malgré le contraste amené par le nom du groupe entre l’immaculée virginité et la noirceur, le sentiment qui se dégage le plus manifestement de cet Opus reste la mélancolie. Virgin Black ne cherchera jamais à vous faire headbanguer, pogoter ou même hocher la tête (ou alors très doucement). Toutefois, écouté dans de bonnes conditions, Requiem – Mezzo Forte pourra vous emporter dans un monde où douleur et tristesse sont les maîtres mots, duquel pourtant on ne ressort ni abattus ni déprimés, mais plutôt vaguement nostalgique, empreints d’une indéfinissable mais indéniable légèreté d’être...enfin, en théorie. Parce qu'en pratique, on notera trop souvent des instants moins palpitants, l'ensemble ayant une bien fâcheuse tendance à la redondance tonale et rythmique, et d'une chanson à l'autre, on note fréquemment de peu discrètes similitudes. Ce qui, au bout de deux chansons de huit ou dix minutes, s'avère lassant.
On se surprendra malgré ça à penser au Dark Metal de Bethlehem (l’orchestre en plus) en écoutant "…And I’m Suffering" et il n’y a guère que "Domine" qui présentera une facette un peu plus metal, avec un peu de growl et des rythmiques plus tournées vers Therion ou Within Temptation. La longue pièce "In Death", assez variée, vous emmènera dans une ambiance cérémonielle voire vaguement martiale, tandis que l’on frissonnera à l’écoute des chœurs scandés du très sombre "Midnight’s Hymn". Il y a une certaine audace dans ce Requiem – Mezzo Forte, mais qui ne changera rien au fait que face à ce genre de musique, proche d’une bande originale de film, soit on pénètre dans l’univers du groupe et on passe un très bon moment, soit on y est imperméable et l’ennui vous gagne au bout de dix minutes. Un voyage qui ne sera pas au goût de tout le monde mais qu'un auditeur un tant soit peu curieux se doit d'avoir fait au moins une fois...quitte à rebrousser chemin au beau milieu.