CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Pasi Koskinen
(chant)
-Natalie Koskinen
(chant)
-Jarno Salomaa
(guitare+claviers)
-Tomi Ullgrén
(guitare)
-Sami Uusitalo
(basse)
-Samu Ruotsalainen
(batterie)
TRACKLIST
1) Sleep Mirrored
2) Still-Motion
3) Entiwined in Misery
4) Curse Life
5) Fragile Emptiness
6) Illusion's Play
DISCOGRAPHIE
La Palice is the f****g king. « Quand tu es tout en haut, tu ne peux que descendre. » Ou au mieux rester au même niveau. Mais forcément c’est dur. Philosophie de haut vol... Trois ans après l’inestimable Angels of Distress et sa merveilleuse fin, Shape of Despair sort un album bien plus quelconque. Et pourtant tout commençe si bien…
D’une manière très intelligente, Shape of Despair propose, pour entamer Illusion’s Play, un instrumental qui, je suppose, prétend reprendre l’œuvre musicale du groupe là où "Night’s Dew", le meilleur titre de tous les temps, tout genre musical confondu, la laisse… et ça marche ! Préfigurant ce que serait par la suite l’esprit de Monotony Fields, "Sleep Mirrored" est un instru où les claviers tissent une toile sonore d’une beauté saisissante, accompagnés par cette rythmique lourde si propre au groupe et au genre. Hélas, trois fois hélas, il faut attendre le fantastique "Curse Life" pour avoir de nouveau les poils qui se hérissent. Shape of Despair y démontre une nouvelle fois pourquoi ce groupe jouit d’un prestige unique : la mélodie d’une mélancolie infinie y submerge une nouvelle fois l’auditeur. Ce sont malheureusement les deux uniques moments marquants d’un album manquant globalement de l’empreinte spécifique des Finlandais, de ce supplément d’âme qui confine au sublime.
Alors bien sûr, Illusion’s Play reste un assez bon album, une seule vraie cagade étant à déplorer : il s’agit du début de "Still Motion" où Natalie, une fois n’est pas coutume, ne séduit absolument pas, son chant ressemblant à celui des mauvaises heures de Rosan avec Orphanage, et l’espace de quelques minutes, Shape of Despair s’embourbe, tel un mauvais groupe de metal à chanteuse finlandais. La toute fin de l’album a également une petite saveur terreuse pour les mêmes motifs, mais le reste de l’œuvre, et en particulier la seconde moitié de ce "Still Motion", navigue cependant à un niveau correct et l’on prend un certain plaisir à écouter cette fin de titre, ou "Entwined in Misery" par exemple, mais SoD nous ayant habitué à tellement mieux, il est rageant de sentir que ces morceaux manquent un peu de consistance. La preuve, je serai bien incapable de vous les fredonner alors que mes concerts a capella des autres albums, sans aide-mémoire, sont bien connus de tout le voisinage. Bref, venant d’un groupe lambda, on peut parler d’un album très correct, avec deux titres d’exception. Venant de qui nous savons, il ne faut pas se voiler la face : c’est une déception.
Une déception qui, pense-ton, marque la fin de l’expérience mystique Shape of Despair. Après un Shades Of… extrêmement prometteur, un Angels of Distress au sommet de l’art sombre et mélancolique, Illusion’s Play est le semi-plantage qui mettra un terme au premier volet des aventures du groupe. Avant qu’il ne renaisse de ses cendres de manière extrêmement brillante onze ans plus tard.