CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
12/20
LINE UP
-Myrkur
(chant+guitare)
-The Norwegian Girls Choir
(choeurs)
TRACKLIST
1) Vølvens Spådom
2) Jeg Er Guden, I Er Tjenerne
3) Skøgen Skulle Dø
4) Byssan Lull
5) Den Lille Piges Død
6) Frosne Vind
7) Onde Børn
8) Song to Hall Up High (Bathory cover)
9) Dybt I Skoven
DISCOGRAPHIE
Forcément avec une musique pareille, la tentation est grande. Aller chanter dans une église quand on joue une musique baignant dans le mysticisme gothique et païen, ça sent délicieusement bon le gentil sacrilège. Et le fait qu’il s’agisse d’un musée et pas d’une église ne change rien à l'affaire. Franchement, fermez les yeux et écoutez Amalie. Vous avez en tête des images d’une queue de touristes japonais mitraillant La Joconde, vous ?
Non, le rendu sonore est celui d’une église. Point. Aucun amateur de Myrkur ne devrait a priori s’en plaindre : toutes les chansons de M ou de l’EP éponyme sont directement transposables en mode « unplugged des cryptes ». Les titres doux sont encore plus vaporeux et les morceaux à forte tendance black metal se voient traduits de manière consciencieuse en convaincants chants de femmes, à savoir Amalie et les membres du Norwegian Girl’s Choir. La jeune femme et ses amies nous proposent ainsi neuf titres, six provenant de M, deux de Myrkur, plus la reprise de "Song to Hall Up High" de Bathory, chanson qui semble tenir à cœur à la top model aux multiples facettes. Et tout semble couler de source. Les voix résonnent magnifiquement, tout est absolument épuré, les quelques notes de guitare acoustique nous plongent directement dans une atmosphère à la Weiland d’Empyrium. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et cependant...
Cependant, il est impossible de s’emballer plus que ça, et ce pour deux raisons. La première est la plus importante : Myrkur se contente de transposer consciencieusement – on pourrait dire presque mécaniquement – les titres, métalliques ou non, des productions originales. Il n’y a pas de relecture, mais une simple traduction en mode unplugged. Du coup, la magie ne peut pas vraiment opérer puisque seule une œuvre mûrie et pensée pour une telle acoustique, basée ou non sur des titres existants, aurait pu donner un résultat merveilleux. Là, Myrkur joue uniquement sur la sonorité et la qualité des compos originales. Insuffisant. La deuxième raison est la conséquence de la première : dans ce contexte, neuf titres, c’est trop. Un petit EP à quatre / cinq titres aurait été plus impactant et aurait peut-être évité qu’on ne remarque les ficelles., parce qu’ici, une fois terminée "Den Lille Piges Dod "(bien agréablement inquiétante tout de même), on commence à regarder l’heure, toussoter et tapoter sur l’accoudoir. Et ça dans une église, ce n’est pas poli.
Mausoleum est ce que l’on appelle un « quick win ». Une bonne idée réalisable à peu de frais – créatifs tout au moins. Les compositions de Myrkur s’adaptent parfaitement à l’ambiance marbrée de lieux sacrés, mais cette simple transcription scolaire des titres initiaux ne satisfait pas complètement nos désirs de fantasmagorie musicale.