CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Kaisa Jouki
(chant)
-Tomi Mykkänen
(chant)
-Jussi Rautio
(guitare)
-Jyri Vahvanen
(guitare)
-Timo Honkanen
(basse)
-Maria
(claviers+flûte)
-Henri Vahvanen
(batterie)
TRACKLIST
1)Usvainen Rhûn
2)Storm of the Blades
3)Ghân of the Woods
4)Gwaith-i-Mírdain
5)Trollshaws
6)Elves of Lúva
7)Valier - Queens of the Valar
8)Thousand Caves
9)Cloaked in Her Unlight
10)Of Orcs and Elves
11)Touch of Green and Gold
12)Pallando - Forgotten Wizards I
13)Gollum's Cry
DISCOGRAPHIE
La nuit tombe sur Rivendell. Alors que dehors, la pluie tombe, Elrond et sa suite sont réunis dans le Hall du Feu pour écouter les nouvelles chansons que la troupe de Battlelore jouera ce soir là. Toute la troupe est attentive, c’est la seconde fois que Battlelore joue pour le roi Elfe et ce fut toujours une bonne surprise et un succès. Et pendant que Kaisa commence à narrer une histoire en Sindarin, tout le monde se demande si la troupe saura maintenir l’excellent niveau qu’elle possédait auparavant ?
Autant donner la réponse immédiatement: ce n’est pas le cas. Les deux premiers albums recueillirent de bonnes critiques et avec raison. Sur ces deux disques, le groupe maintenait un niveau d'originalité assez élevé, avec un excellent équilibre entre des parties violentes et hargneuses et des mélodies atmosphériques et enlevées, avec une petite pointe d’indus. Sword’s Song était une réelle réussite, et ce disque demandait plusieurs écoutes pour être apprécié car peu facile d’approche et possédant plusieurs parties cachées sous le vernis superficiel. Cette relative complexité disparaît au profit de compositions plus abordables, avec ce Third Age of the Sun faisant office de transition avant le médiocre Evernight, dont l'accessibilité sera le plus grand défaut.
Le gimmick du groupe repose en partie sur une alternance entre chant clair féminin et chant death masculin, entre la bestialité des Orcs et la douce poésie des Elfes. Sur Sword’s Song, l'équilibre était parfait et le rendu final agressif et guerrier, tandis que sur Third Age of the Sun, Kaisa occupe un espace sonore plus important. La belle prend même le devant de la scène pour une chanson complète, la ballade "Elves of Lúva", et le résultat est loin d’être convaincant. Son chant frôle le faux tout le long et le manque de modulation transforme cette ballade en torture digne des cachots de Dol-Guldur. Tommi Mykkänen est le successeur de Patrik Mennander et ne possède pas la même amplitude que lui. Ses prouesses vocales se réduisent à un espèce de grognement disgracieux, qui manque de puissance et d'énergie en comparaison de son prédécesseur.
Cette conquête d'accessibilité, même si elle résulte en des parties atmosphériques plus longues et plus nombreuses, n’a pas pour autant réduit à néant les velléités guerrières du groupe. La plupart des titres comportent des riffs acérés et bien posés ("Storm of the Blades"), efficaces sans être pour autant originaux ("Cloaked in Her Unlight"). Toujours dans une optique de manichéisme entre Orcs/Elfes, la chanson chantée dans son intégralité par Tomi, "Trollshaws", est un titre sombre, empli d’ambiance mordorienne grâce aux percussions et aux paroles en Uruk-Hai. Tout ces petits détails apportent de l’ampleur aux chansons, de même que les parties folk, utilisées sobrement, apportent une touche supplémentaire aux lignes mélodiques. Alors que le souffle épique présent sur Sword’s Song manque ici, l'émotion est au contraire bien présente via "Gollum’s Cry", une chanson atypique avec un chant murmuré écorché et criard, sorte de ballade noire et désespérée.
La compagnie d’Elrond se tait alors que le murmure de Gollum s’estompe. Tous se regardent, la déception dans leurs yeux. Le groupe reprend la même recette que par le passé, mais avec moins d’inspiration et de puissance, et avec une petite déficience technique en la personne de Tomi Mykkänen qui n’existait pas par le passé. Mais la plus grande déception vient du déséquilibre musical en faveur de plus de mélodies et d'atmosphérique, dans un souci d'accessibilité, mais en perdant une certaine pertinence.