Agoraphobic Nosebleed. Voilà. Chronique terminée. Franchement est-ce nécessaire de s'attarder sur la nouvelle et énième sortie du groupe ? Un catalogue de titre plus courts les uns que les autres ? Hein ? Quoi ? C'est pas déjà fini ? Ces trois titres tirent vers la demi heure ? Le groupe prévoit trois EP supplémentaires ? Euh...!? OK...Écouteurs.
Groupe stabilisé après une multitude de splits et autres sorties diverses, le recrutement de Kate et la sortie de Agorapocalypse en 2009 ; s'ensuit un calme plat les mois suivants. Mais voilà ! La légende est de retour avec dans sa besace un projet de quatre sorties successives au format EP avec un membre « leadant » sa sortie et sur la ligne musicale de son choix. Arc est le premier rejeton de ces quadruplés ; Kate mène la danse et propose de cracher son histoire le long des trois titres. Fini le grindcore explosif et l’énergie pure dégueulée où violence et urgence se mêlaient habilement. Le groupe se balade ici dans un espèce de sludge lourd, très lourd , gras, quasi hypnotique par moment. Son créateur nous embarque dans une cathartique histoire de jeunesse et du mal-être individuel et familial où la mère cancéreuse et schizophrène subit et fait subir la fatalité médicale de la maladie à son entourage. Les textes simples témoignent de la violence de la situation notamment sur l'opener "Not a Daughter " où la fillette hurle son « I am nobody, Not a daughter, My face, empty. Empty as your eyes when you asked me to end you.» qui ne laisse assurément pas indifférent. Le propos est justement supporté par la musique laissant s'inviter puis s'installer un profond malaise.
En exemple toute la construction de "Deathbreed" au riffing simple et continu, lourdement porté par la basse et la batterie, finit par tirer au fil des minutes l'auditeur vers le bas. "Gnaw" allonge une dernière fois la durée et étouffe un peu plus encore avec ses phases doom à forte noirceur et au désespoir latent. Les conclusions sont multiples à l'issue de cette demi-heure. Musicalement : AN sort de sa zone de confort et remplace son légendaire style grind brutal et saccadé par un doom /sludge puissant massif et direct, véritable ovni dans sa discographie. De bonne facture avec de très bons passages il faut faire l'effort d'entrer dans le concept de la release pour capter toute la puissance de l’œuvre. Violente et difficile, Katherine Katz dégueule sa jeunesse et son histoire grâce à ce témoignage d'une sincérité artistique limite dérangeante. Le voile intime levé, la violence du sentiment percute sans compromis et atteint parfaitement son but. Quelque peu sonné, il reste une réelle envie à l'auditeur de retourner sur les trois titres mais en se laissant néanmoins un temps de récupération conséquent. On comprend bien mieux pourquoi la môme n'esquisse presqu'aucun sourire sur les photos promos du groupe. Qui s'en plaindra ? En retrait Hull et Randall maintiennent génialement l'esprit du groupe dans cet exercice grâce à une production toujours juste et équilibrée : « talentueur »!
Je serai dans les premiers rangs au HellFest cette année. Non seulement pour me prendre l'AN au grind percutant et légendaire mais aussi espérant un "Gnaw" ou "Not a Daughter" et découvrir live le diable musical qu'est Arc. Si les trois autres membres se livrent autant dans les prochaines sorties on peux affirmer sans risque que la quadrilogie marquera la discographie du groupe et l'univers musical extrême par son universelle sincérité. J'attends la suite, mal à l'aise et extatique.