CHRONIQUE PAR ...
Malice
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-Mick Moss
(tout)
Guests :
-Jenny O'Connor
(chant)
-Kirayel
(chant)
-Kevin Dunn
(guitare)
-Glenn Bridge
(guitare)
-Dave Hall
(guitare)
-Rachel Brewster
(violons)
-Ste Hughes
(basse)
-Liam Edwards
(batterie+percussions)
TRACKLIST
1) Black Eyed Man
2) Killer
3) Comrades
4) Stillborn Empires
5) Little Piggy
6) Hole
7) Can of Worms
8) Integrity
9) The Judas Table
10) Goodbye
DISCOGRAPHIE
La musique adoucit les moeurs, c'est ce qui se dit. Encore faut-il voir de quelles moeurs et de quel genre de musique l'on parle. Le rock sombre et tourmenté que nous livre Antimatter dans son dernier opus, The Judas Table, pourrait bien servir cette définition, à coup de transes musicales obscures et d'atmosphères troubles sous une allure plus calme. Mais l'ambiance ne fait pas tout et, quand la première écoute charme, il s'agit aussi de voir - ou d'entendre plutôt - si ce qu'il y a au-delà des apparences tient l'épreuve du temps et de la répétition. Cela tombe bien, c'est exactement ce que nous allons faire.
Au fur et à mesure des écoutes, le constat s'impose avec netteté : The Judas Table est un disque d'une cohérence remarquable, baigné dans une atmosphère triste et sombre qui saisit l'auditeur dès les premières mesures de "Black Eyed Man", l'accompagne au long de son écoute et ne le lâche qu'à la toute fin de l'album. Cette ambiance, reconnaissable et obsédante, se compose d'acteurs divers contribuant chacun à leur façon à sa construction : percussions tribales, guitares rythmiques, cordes mélodiques et choeurs éthérés, le tout accompagnant la voix de Mick pour former une harmonie déchirante (l'atmosphère développée sur "Integrity" en est un bon exemple). À cela vient s'ajouter une production léchée, posant un cadre parfait pour que la magie opère et... c'est ce qu'elle fait.
Car si la forme est bonne, le fond l'est tout autant : Mick a le sens de la mélodie et sa voix, souvent empreinte d'émotion, transmet avec justesse les sentiments insufflé dans ses compositions : tristesse, désarroi, colère. Si parfois la sauce prend vite et fort ("Black Eyed Man", "Comrades", "Hole"), il arrive que la langueur excessive de l'album se retourne contre lui et lasse (c'est le cas pour "Stillborn Empires", trop longue, ainsi que pour un "Goodbye" peu percutant en fin de compte). De plus, l'homogénéité de The Judas Table, si elle confère une belle cohérence à l'album, a tendance à lasser également... si bien qu'en fin d'écoute, il est difficile de séparer les morceaux les uns des autres sans efforts. Il aurait sans doute fallu, pour pallier cette impression d'uniformité tranquille, la présence de moments plus féroces.
The Judas Table n'est pas un mauvais album, bien au contraire : c'est une production soignée, émouvante et intéressante. Mais ses qualités sont à double-tranchant, représentant aussi bien son originalité que ce qui pourra pousser certains auditeurs à le fuir. Rien de bien grave en définitive puisque le positif l'emporte au bout de plusieurs écoutes. Antimatter nous livre donc avec The Judas Table un album humain et intéressant qui, s'il ne révolutionne pas le monde musical, a le mérite d'avoir de très bons instants.