CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-INRVI
(chant+guitare)
-Sébastien "BST" Tuvi
(basse)
-Thomas "Blastum"
(batterie)
TRACKLIST
1) Et In Pulverem Mortis Deduxisti Me
2) Par Le Jugement Causé Par Ses Poisons
3) La Terre Ne Cessera De Se Consumer
4) Regarde Tes Cadavres Car Il Ne Te Permettra Pas Qu'On Les Enterre
5) Une Place Parmi Les Morts
6) Voilà L'Homme Qui Ne Te Prenait Pas Comme Seigneur
7) Il Est Trop Tard Pour Rendre Gloire. Ainsi la Lumière Sera Changée En Ombre De La Mort
8) Plus Aucun Membre Ne Sera Rendu
DISCOGRAPHIE
VI -
De Praestigiis Angelorum
Que l’on soit adepte ou non de jeux de mots et de l’esprit, il faut admettre que prénommer son groupe VI est un défi. Que peut bien signifier VI ? Le chiffre romain 6 ? Tentant et trop facile. Le petit malin aura tôt fait de l’associer à d’autres significations. Le vît, il vit, la vi-tesse etc… Par politesse je m’arrêterai ici car rien de tout cela n’a d’intérêt musical. VI est donc français, très religieux et produit du black metal d’obédience... orthodoxe.
Car il est impossible d’interpréter un titre d’album tel que De Praestigiis Angelorum autrement. Latin, la langue de l’Eglise, mère souricière de 95% des groupes de black metal. Ange, démon bien sûr et appel à Saint Jésus notre Tout-Puissant Sauveur. Quelqu’un va-t-il être sauvé ou déchu durant la quête musicale de De Praestigiis Angelorum ? La question vous est ouverte et chacun l’interprétera à sa guise. Sachez que vous y serez secondés par une musique à l’avenant. Froide tout en étant incisive et décidée, elle tape dans les codes d’un black metal furieux envers Dieu et ses convives. Le son en lui-même est excessivement froid, pas loin de la machine en fait, saturé d’aigus. Il apporte précision et détermination, bel accompagnement pour des riffs qui ne font jamais machine arrière et ne renâclent pas à la tâche : salir vos oreilles pour les abreuver de l’art noir qui doit vous dominer.
Le tout est totalement dans la mouvance orthodoxe avec ses appels à la dissonance (évidemment on peut citer Deathspell Omega mais VI est moins friand de la chose et a sa personnalité) et surtout à un Univers oppressant, creuset à réflexion et pourquoi pas, autant le dire, un peu pédant. Ce n’est pas un reproche car le genre musical abordé a besoin de ce sentiment de supériorité pour s’exprimer pleinement, et il faut bien admettre que c’est ici très bien fait. Les titres s’enchaînent avec aisance et font mouche. Car la dissonance n’est pas une fin en soi pour les Français (d’ailleurs composés de l’habituelle clique Antaeus/ Aosoth), elle est uniquement une corde à son arc richement doté. En effet le riff virevoltant est de la partie tout comme quelques menues mélodies qui ne sont pas refoulées à l’entrée. La base est blastée mais ne se cantonne pas à cela, très loin de là.
Une constante : tout est impeccablement exécuté, à la limite du clinique en fait. C’est également une tendance de la mouvance introduite aux masses par Deathspell Omega, la précision technique fait partie du message. Les réflexions mentales se doivent d’avoir leur équivalent technique. Le disque ne va pas dans les excès des Pictaviens mais il est indéniable que nous avons à faire à autre chose que le groupe de quartier qui s’essaie à ses instruments pour la première fois. Et c’est agréable, autant le dire, car les riffs qui s’amoncèlent jouissent d’une diversité rayonnante, les rythmes qui se chevauchent avec une once de maestria donnent du grain à moudre à l’oreille qui sait qu’elle devra donner quelques écoutes attentives à cette galette afin d’en déceler les dernières subtilités. Pas de facilité donc, sans pour autant se dénaturer.
Orthodoxe, religieux et maîtrisé. Même pas trop, et c’est finalement ce point qui se révèle le plus important. Les guitares tranchantes et stridentes, ainsi que cet air de regarder de haut, définissent le public auquel cet album est adressé : aux amateurs d'un black plutôt complexe et prêts à en accepter les atours.