Est-il encore nécessaire de vous présenter les princes du Viking Metal, un des piliers de la scène death mélodique actuelle, les Suédois d’Amon Amarth ? Je ne pense guère, car ce nom évoque tout de suite en vous des mélodies cultes, et des bonnes têtes de conquérants de l’époque médiévale, prêts à déferler sur la Gaule et piller les richissimes monastères de l’époque. Craignez ces guerriers qui vous emmènent ici dans une nouvelle bataille !
C’est certain, Amon Amarth est synonyme de « voyage épique ». Synonyme seulement car en réalité, cela signifie « La Montagne Du Destin » en sindarin, langue imaginaire du romancier J.R.R Tolkien, à l’origine du populaire Seigneur Des Anneaux (qui a dit que c’était un euphémisme ?). Si le groupe n’a rien de commun avec les aventures fantastiques de Frodon et consorts, il est en revanche complètement assujetti à la mythologie nordique. Ici, comme vous aurez pu le comprendre, il est sponsorisé par Odin, dieu de la guerre, des arts et de la poésie, entre autres. Ça tombe bien puisque ce sont les trois ingrédients de la marque déposée Amon Amarth. Le terme viking metal lui est souvent associé. Mais attention, car celui-ci ne peut en aucun cas définir une musique interprétée par un groupe. Ce n’est donc pas une « sonorité viking » mais une thématique viking qu’Amon Amarth s’éprend à aborder depuis maintenant quatorze ans et ce sixième full-length. Autant dire que les Stockholmois savent de quoi ils causent.
Faut-il rappeler les succès qu’ont connus les albums précédents, dont le plus que fameux Versus The World qui a définitivement scellé leur côte de popularité internationale ? La force évidente d’Amon Amarth, c’est cette capacité à créer des riffs à la fois agressifs, incisifs, tranchants comme une épée sur le champ de bataille, mais aussi mélodiques que possible ! La moitié des chansons de With Oden On Our Side sont mémorisées en une seule écoute ("Valhall Awaits Me", "Asator" et "Cry Of The Black Birds" en ligne de mire). Vous pouvez néanmoins laisser de côté "Runes To My Memory" et le titre éponyme, d’une platitude exécrable. Une disparition est à noter, et pas des moindres : celle des riffs mid-tempos, si chers à la formation suédoise. Ce qui faisait partie de leur ADN lors de leurs précédents opus a été abandonné pour un album légèrement plus mélodique et moins « bourrin ». On pense notamment au délice de "Under The Northern Star" qui parviendrait sûrement à arracher une larme à un croque-mort, ou la très épique "Hermod’s Ride To Hel – Loke’s Treachery Part I".
Vous le savez, et cette chronique ne vous l’apprendra pas si vous êtes un fervent adorateur du groupe, mais les soli Amarthien ont une excellente réputation chez les nostalgiques et mélancoliques. With Oden On Our Side ne déroge bien évidemment pas à la règle et regorge de leads magiques, remplis d’émotions et d’une intensité foudroyante. Même sur "Valhall Awaits Me", le plus guerrier de tous les titres, vous ne pourrez y résister. A 3’16, vous serez inexorablement emporté au Walhalla, lieu où les valeureux guerriers morts au combat sont transportés, sous la bonne garde d’Odin. Celui de "Asator" (2’05), quoi qu’un peu plus rapide que la normale, résonnera comme un cri de guerre dans la bataille. Enfin, celui de "Under A Northern Star" (2’44) vous emportera dans un monde parallèle où souvenirs et réalité ne font qu’un. C’est de toute cette magie qu’on tombe amoureux et dont on devient vite addictifs. Vous cherchiez un produit de substitution à l’héroïne ou la cocaïne ? Votre dealer pourrait s’appeler FNAC ou Furet du Nord. Rien de plus légal.
A la manière de Kill des Cadavres Cannibales, les flammes des pochettes d’Amon Amarth auxquelles nous avons été habitués ont étonnamment disparu, pour laisser place à une certaine sobriété. Un Wotan flamboyant (Odin en vieux haut-allemand) chevauchant Sleipnir et ses huit jambes suffisent à nous immerger dans ce monde légendaire. Pourquoi avoir choisi ce Dieu en particulier ? Le frontman Johann Hegg déclare avoir été « accompagné par Odin pendant l’enregistrement de cet opus », avec effectivement un minimum de répercussion dans les textes. Ce qu’il nous narre avec vigueur et engagement oscille entre récits de bataille ("Valhall Awaits Me", "Gods Of War Arise", "Cry Of The Black Birds"), voyages épiques ("Asator", "Hermod’s Rise To Hel") ou description post-bellum frôlant l’eulogie ("Runes To My Memory", "Under The Northern Star"). Bref, la force de conquête et la gloire d’Amon Amarth ne sont pas prêtes de s’arrêter en si bon chemin.
Les combattants nordiques poursuivent donc leur direction plus mélodique et mélancolique entamée depuis 2002 et leur succès Versus The World, laissant un peu en retrait l’ambiance guerrière, même si celle-ci est forcément présente, si ce n’est du côté instrumental, au moins dans les lyrics. Restant inlassablement fidèles à leur musique, ils nous gratifient aussi d’un skeud qui restera dans les mémoires, et qui pourra à l’avenir postuler à l’entrée dans le panthéon du death mélodique suédois.