CHRONIQUE PAR ...
Wotan
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15.5/20
LINE UP
-N
(chant)
-F
(guitare)
-A
(basse)
-Krzys
(batterie)
TRACKLIST
1)Itenou Pedjet
2)Because Of War, Because Of Men
3)Asakku
4)Felix Qui Potuit Rerum Cognoseere Causas
5)Eli, Eli Lamma Sabacthani
6)Proskynese
7)Aî Abur Shapû
8)Contemptus Mundi
DISCOGRAPHIE
Après un hiatus de six ans, le mystérieux Hegemon revient, en changeant de label au passage, passant de Dysphorie à Season of Mist. Les deux albums précédents avaient obtenu de bonnes critiques, Contemptus Mundi est donc un disque attendu par les fans du groupe français. Groupe qui se plaît d’ailleurs à entretenir un certain mystère, ne révélant pas l'identité de ses membres, soi disant pour que les auditeurs se concentrent sur la musique uniquement. Avec de telles motivations, autant dire que le groupe doit prouver son talent pour ne pas perdre sa crédibilité.
Pas la peine de tourner autour du pot, Hegemon prouve bel et bien que ses membres sont talentueux, autant pour l'exécution que pour la composition. Si au premier abord, Contemptus Mundi ne paie pas de mine, plusieurs écoutes approfondies révèleront que ce disque est bien plus riche qu’il n’y parait. Un simple survol de l’album laisse à penser que le groupe fait du black metal d’inspiration norvégienne: riffs froids, blasts et son de batterie sec. Le tout avec une production laissant un timbre général plutôt granuleux et froid, loin d’être propre donc mais n’en oubliant pas pour autant d’être puissante. La basse est, comme de tradition, plutôt sous-mixée, ce qui est toujours regrettable.
Globalement agressive, rendant un sentiment presque continu de colère et de haine, la musique est directe, avec néanmoins quelques subtilités qui font la signature personnelle d’Hegemon. Les riffs de guitare sont assassins et malsains, résultats directs d’une animosité transposée directement en musique. Quelques mélodies bien posées viennent ici et là calmer le jeu, arrondir les angles, sans pour autant diminuer d'intensité l'atmosphère globale qui se dégage de chaque chanson. Le mélange entre parties mélodiques et parties plus agressives est bien dosé, l’une ne prend pas le pas sur l’autre et l’ensemble prend de l’ampleur. Le batteur pose ses plans avec efficacité et assure changements de rythmes et breaks avec brio.
En plus de tous ces riffs efficaces et de ces mélodies, Hegemon utilise diverses méthodes pour renforcer l'intensité et donner plus d’ampleur aux compositions. Majoritairement criard, le chant de N fait quelques escapades dans le death-metal pour donner un peu plus de couleurs, growlant tel le premier ours venu. Spoken-words et instruments acoustiques font aussi partie du panel. Les chansons sont agrémentées d’extraits de discussions (sûrement extraits de films), de bruits de chaînes et de hurlements. Des parties de guitares acoustiques, au son très clair, viennent aérer les compositions le temps d’un break ("Contemptus Mundi" ou encore "Because Of War, Because Of Men").
Une cornemuse vient s’immiscer sur "Because Of War, Because Of Men" et "Eli,Eli Lamma Sabacthani" (la chanson la plus riche de l’album, pleine de reliefs, avec son ambiance mystique et religieuse – le titre correspond aux derniers mots du Christ avant de mourir sur la croix), non pas pour jouer un air festif mais pour renforcer les ambiances froides, et au final variées de l’album: entre la religion, l’atmosphère ritualistique sur la fin d’"Aî Abur Shapû" et l'épique sur le titre final. Le groupe se rapproche d’ailleurs du pagan sur la chanson "Contemptus Mundi", sans jamais en être réellement. Le souffle épique et guerrier qui plane tout du long, le chant, les bruitages, donnent du relief à ce titre et l'éloignent sensiblement du black metal.
Avec un tel disque, la réputation déjà bonne des Français va s’en trouver renforcée. Efficacité et richesse, autant des compositions que des ambiances sont au rendez-vous sur Contemptus Mundi. L’utilisation de la cornemuse et de la guitare sèche donne du relief, ainsi que les mélodies et l’excellent travail de riffing est à noter. Le groupe ne sort que peu des sentiers battus du black-metal mais l’ensemble est suffisamment bon pour que la prise de risque inexistante soit pardonnée.