CHRONIQUE PAR ...
Fly
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Mark Hollis
(chant)
-Paul Webb
(basse)
-Lee Harris(batterie)
-Tim Friese-Greene
(claviers)
+ divers
TRACKLIST
1)Dum Dum Girl
2)Such a Shame
3)Renee
4)It's My Life
5)Tomorrow Started
6)The Last Time
7)Call in the Night Boy
8)Does Caroline Know?
9)It's You
DISCOGRAPHIE
Pour apprécier pleinement le deuxième album de Talk Talk, il faut faire abstraction des trois monuments qui l’ont suivi et en comparaison desquels il fait pâle figure. Il n’en reste pas moins une belle réussite. En effet, si The Party’s Over laissait présager bien peu de choses tant il était fade, il en va tout autrement de It’s My Life. Ce dernier met clairement en évidence les qualités qui ont fait de Talk Talk un groupe à part du genre néo-romantique (alors à son apogée) et de la musique pop en général.
Bien sûr, il y a le chant de Mark Hollis. Même si sa voix unique, à la fois puissante et remplie de mélancolie, ne peut pas plaire à tout le monde, nombreux sont ceux qui après y avoir goûté en restent marqués à jamais. Mais si Mark Hollis est l’âme du groupe, il peut également compter sur des partenaires de grand talent : Lee Harris, dont le jeu de batterie subtil commence à émerger du traitement électronique, et Paul Webb, avec ses lignes de basse à la fois mélodiques et dansantes. Et il y a bien sûr Tim Friese-Greene, le quatrième membre officieux du groupe, dont l’arrivée à titre de claviériste et de producteur va peu à peu aider à propulser le groupe au-dessus de tous ses concurrents.
Pour Talk Talk, It’s My Life reste l’album de la consécration. Il contient la plupart des morceaux pop qui ont fait la renommée du groupe : "Dum Dum Girl", "It’s My Life" et surtout "Such A Shame". Si les deux premiers évoluent dans un style typiquement new wave ("Dum Dum Girl" ouvre l’album sur les chapeaux de roues grâce à sa basse sinueuse et à son refrain extatique, tandis que "It’s My Life" cloue d’auditeur par l’évidence fulgurante de ses lignes vocales), le dernier marque déjà une évolution pour le groupe : après une longue introduction aux percussions se déploient un couplet acoustique et le refrain inoubliable. D’autres titres moins connus retiennent également l’attention, comme le déchirant "Tomorrow Started", sur lequel Mark Hollis atteint des sommets d’émotion (aidé par la guitare de Robbie McIntosh, qui fait d’ailleurs un travail remarquable tout au long du disque), ou le puissant "Call In The Night Boy", où l’on sent déjà tout le potentiel novateur du groupe (qui ose placer un solo de piano free en plein milieu d’une bombe pop).
Malgré tous ces éléments encourageants, plusieurs défauts viennent mettre un bémol à ce qui aurait pu être une grande réussite. Il y a d’abord ces titres plus anecdotiques ("The Last Time", "Does Caroline Know?" et surtout "It’s You"), qui nous rappellent que le groupe a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre la perfection. Et il y a surtout l’aspect encore résolument synthétique de la réalisation. Si cet aspect n’entre pas vraiment en contradiction avec le contenu du disque (surtout dans le cas des morceaux résolument pop; après tout, cela faisait partie des codes de l’époque), il contribue tout de même à amoindrir l’impact global du disque et à accentuer son côté parfois mécanique et daté.
Hollis et Friese-Greene ont beau essayer de varier les arrangements et tenter de nouvelles choses (comme l’utilisation de la trompette sur "Renée" et "Tomorrow Started"), le plus souvent avec succès, ils ne réussiront à rendre leur musique intemporelle qu’à partir de l’album suivant. Le constat est clair : avec cet album, les membres de Talk Talk ont démontré qu’ils étaient capables de se hisser vers les sommets. La suite confirmera que tout ce qui leur manquait, c’était l’authenticité, la rigueur, et ce petit supplément d’âme qui est la marque des grands.