Pas plus loin que dans notre tête réside la peur, la pénombre, une haine rampante, un concept de la mort et des idées qui souffrent en nous, le tout dans la plus grande confusion, dans un désordre innommable. Et quand rien ne va plus, c’est notre faiblesse qui nous tient, qui étouffe les espérances, rend aveugle le futur et penche la mort vers nous, vers l’indicible départ de toute conscience…
Je ne sais pas si Blut Aus Nord pourra en sortir d’autres, des comme ça, mais ce qui est sûr, ce que MoRT (Metamorphosis of Realistic Theories) est opprimant, secondé d’un envoûtement certain. Plus loin que The Work Which Transfoms God, moins près d’un style définissable, plus dans l’ambiance et la monotonie destructive que dans un moule prédéfini. Aussi, plus rampant et sinueux qu’un filet de sang déjà coagulé, les huit compositions de MoRT nous entraînent dans un chemin long et difficile, de premier abord simpliste, bruitiste ou encore opportuniste. Mais l’on finit malgré tout par se prendre au jeu, par accrocher cette batterie qui n’en est pas une, ces guitares distordues et souffrantes, ce chant presque absent mais on ne peut plus néfaste, ces notes sans chemin qui s’entremêlent et finissent toujours par choir sur le tapis humide et souillé de notre incertitude.
Au départ, il est difficile de ne pas avoir envie de crier à l’infamie, tellement ce style apparaît comme un renouveau chez beaucoup de combos, notamment Spektr et son métal visuel, sans compter Abruptum ou encore la somme de groupes d’ambiant dépressif, en passant par une scène black metal française de plus en plus ambiantiste comme les excellents Deathpell Omega. Mais enfin, si l’on arrête de juger la pertinence de la provocation du groupe, la place de ce dernier dans une nouvelle tendance, ou encore l’aura mystique développée stratégiquement autour de l’identité des membres et du groupe lui-même, et si l’on s’intéresse purement à la musique, à ce nuage opaque et malsain, alors on adhère, on succombe et on se laisse lentement détruire l’âme.