08 novembre 2016
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Paris - La Maroquinerie
Soirée post-rock à la Maroquinerie en ce 8 novembre 2016. Alcest n'étant pas le groupe le plus présent sur les scènes de France, et Mono pas davantage, c'est sans surprise que la date affiche complet. Mais l'on doute : le post-rock (plus ou moins teinté de black metal) est-il un genre taillé pour la scène ? Au sortir de la salle, le doute n'est plus permis, et la réponse apparaît nettement : oui.
Lubie de chroniqueur : je vais faire court ; court pour expliquer à quel point le concert était bon.
Alors forcément, comme tout concert, la première partie ne surpasse que rarement la tête d'affiche (celle-ci étant ici bicéphale, Alcest et Mono étant, dans mon esprit, chacun une tête d'affiche). L'homme-
Syndrome, puisqu'il s'agit d'un one-man band, débarque sur scène en discrétion, assis sur un tabouret, tête baissé vers ses chaussures et ses pédales. De manière classique mais étonnante pour qui ne connaîtrait pas l'artifice, l'homme seul empile les lignes de mélodies aux lignes de fond sonore à l'aide d'effets de
loop, de répétitions, de boucles... En somme, voilà de brefs enregistrements qui se succèdent et superposent les uns aux autres. Petit à petit, la toile musicale d'apparaître au yeux du public, mise en image sur le fond de scène via des clichés de nature, d'océan, j'en passe. Un classicisme absolu dans la musique, un classicisme au regard d'un live de one-man band, par ailleurs pas désagréable du tout, et même plutôt plaisant. Mais rien qui ne dépasse du cadre établi par quinze-cent formations auparavant. Bonne entrée en matière, rien de trop.
Vient alors
Mono, que j'avais la chance de découvrir ce soir-là, sur scène comme musicalement. Que d'éloges sur la formation japonaise ! Formation que je me doutais avoir aperçu en vadrouille dans Paris une heure plus tôt ; et ce sont effectivement les mêmes larons qui se sont présentés sur scène à l'heure dite. Ces gens-là, voyez-vous, portent leur musique sur eux. Et leur musique et belle et savamment rédigée. A priori, le post-rock de Mono est commun : tout part d'une mélodie (voire d'une mélopée) douce comme neige pour, progressivement, se transformer en tornade émotionnelle. Seulement, Mono possède ce je ne sais quoi d'indéfinissable, qui rend chaque montée en puissance plus subtile et originale que les autres, chaque mélodie plus acérée que toute autre, et chaque membre du groupe plus essentiel que tous les autres. Le savoir-faire ? Le talent ? Le charisme ? Un peu de tout. Et lorsqu'un peu de tout est réuni, eh bien cela ne rate pas : ce sont les frissons qui s'invitent, forcément. En l’occurrence, sur la magistrale doublette "Ashes in the Snow"/"Death in Rebirth", dont les hauts et les bas trottent encore dans ma tête. Un concert réussi s'il en est, puisque je n'ai plus qu'une envie : découvrir le groupe en studio. Merci pour ça.
Puis
Alcest, groupe que je connais sur le bout des doigts, et sur lequel il m'est paradoxalement encore plus difficile de m'exprimer, je ne le cache pas. Sans tomber dans cette attitude partiale qui sied mal aux compte-rendus, comment ne pas s'émouvoir sur le pont de "Kodama", aussi touchant que sur disque, ou sur les hurlements de "Percées de Lumière" ? Au rang des déceptions d'habitués : un
Souvenirs absolument absent de la soirée (damn !), et quelques morceaux trop attendus ("L'éveil des Muses", "Autre Temps"). Le final désormais traditionnel "Délivrance" aurait cédé sa place à un "Élévation" que l'on aurait applaudi des deux mains. Mais fi de nos envies ! Ce qui compte, c'est ce qui est, ce qui a été, et non pas ce qui aurait pu être. Et ce qui a été, ce soir-là, ce fût un excellent concert. Neige, bien plus à l'aise qu'au Motocultor, est souriant, quoique touchant dans une certaine timidité qu'il conservera vraisemblablement toujours. Le public sait remercier le groupe, et largement. Les titres s’enchaînent et l'envie monte encore, jusqu'à la fin, alors que le public s'agite très sincèrement pour obtenir un rappel. Bien loin de ces rappels prévus d'avance, Neige de remonter sur scène pour expliquer que l'envie ne manque pas, mais que la salle doit fermer ses portes. Dommage. Ce rappel semblait souhaité du public comme des artistes. Nous le jouons tous dans nos têtes en sortant.
La soirée était réussie, sans que rien de particulier ne soit finalement à noter. Alcest n'en a pas besoin. Le charme du commun, en quelque sorte.
Album photo Mono : Das Silverfoto
Album photo Alcest : Das Silverfoto
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