Pour certains, le Hellfest présentait des dilemmes à s’en arracher les cheveux/la crête/la mèche/le cuir chevelu pour les plus chauves. Emperor ou Vreid ? Behemoth ou Solstafir ? Grimbergen ou Kronenbourg ? Death To All ou Slayer ? Autant certains choix pouvaient s’avérer difficiles, autant il était impensable de rater Death To All en live. L’orga du Hellfest avait accédé à mes prières, après moult sacrifices de nuggets de poulet et de canettes de bière sans alcool, et déplacé le show après Iron Maiden. J’allais enfin pouvoir goûter à la musique de Death sur scène.
Death To All est un tribute-band rassemblé pour rendre hommage à Death, mais surtout à Chuck Schuldiner. Et Steve DiGiorgio n’aura de cesse de le répéter au cours du concert. Dès les premières secondes, et l’intro de "Flattening Of Emotions", l’émotion est perceptible. Devant une banderole représentant le logo de Death, aux couleurs changeantes, Sean Reinert, Paul Masvidal, Steve DiGiorgio et Max Phelps font soudain revivre l’âme et la musique du groupe avec une fidélité incroyable. La prestation est excellente, jusque dans les intonations vocales de Phelps, très proches de celles du regretté leader. Le son est limpide, le lightshow travaillé, et le public est rapidement conquis. Les tubes vont pouvoir s’enchaîner. Toutes les époques, de Scream Bloody Gore à The Sound Of Perseverance, seront survolées au cours de ce concert aux allures de best-of. À chaque annonce de morceau, les acclamations précèderont la musique que certains pensaient ne jamais pouvoir écouter en live.
À plusieurs reprises, DiGiorgio répètera son hommage à feu Chuck Schuldiner, obtenant à chaque fois des applaudissements nourris. Mais le géant américain à la basse fretless annoncera aussi plusieurs invités de poids. En effet, avant Crystal Mountain, Reinert laissera sa place derrière les fûts à Hannes Grosseman, batteur d’Obscura. Puis ce sera au tour de Stefan Kummerer, leader du groupe allemand, de prendre la place de Masvidal à la guitare, s’occupant également du chant sur le fabuleux "Spirit Crusher". Ce dernier vivra d’ailleurs quelques soucis matériels gâchant quelque peu la prestation. Mais au vu de la joie et la communion des fans présents en nombre sous l’Altar, on se dit que c’était quasiment insignifiant. À chaque nouveau morceau, les souvenirs musicaux affluent, et rappellent le privilège de pouvoir enfin entendre en vrai ce qui semblait impossible il y a de ça moins de deux ans.
Le groupe enchaînera alors sur ce qui est sans doute l’un des morceaux les plus attendus du set, "Symbolic", issu de l’album du même nom. Joué à la perfection par des musiciens hors pair, jamais Chuck n’aura été aussi présent depuis son décès en 2001. Deux morceaux plus anciens mais tout aussi connus, "Zombie Ritual" et "Pull The Plug", verront leurs refrains scandés par un public aux anges (ou aux diablotins plutôt) et concluront un show exceptionnel, mais bien trop court malgré tout. De longs applaudissements ponctueront ce qui sera sans doute l’un des meilleurs concerts du week-end pour les fans qui n’avaient jamais pu voir leur groupe fétiche sur scène.
À la fin du concert, une immense satisfaction et une émotion intense, celles d’avoir pu voir et entendre Death en live, même amputé de son charismatique et génial créateur. La musique et le génie de Chuck Schuldiner survivent à travers ces musiciens et amis, dont on comprend bien après les avoir entendus jouer qu’ils rendent hommage à un ami, un frère, parti bien trop tôt, avec une fidélité et un talent qui ne peuvent que forcer le respect. Chapeau messieurs, et merci…