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CHRONIQUE PAR ...
Adam Weishaupt
le 20 janvier 2008
SETLIST
Dr. Rock
Stay Clean
Be My Baby
Killers
Metropolis
Over The Top
One Night Stand
I Got Mine
In The Name Of Tragedy
Sword Of Glory
Snaggletooth
Rosalie
Sacrifice
Just ‘Cause You Got The Power
Going To Brazil
Killed By Death
Iron Fist
Rappels:
Whorehouse Blues
Ace Of Spades
Overkill
AFFILIÉ
Motörhead
Hellfest (Clisson)
(22 juin 2008)
Motörhead
07 décembre 2006 - Paris - Zénith
«
Mighty ! Thunderous ! Le triumvirat britannique le plus sale et bruyant des trente dernières années est de passage à Paris !
». Une fois sur place un constat s’impose : le public est varié. Barbotent dans la salle quelques adolescents perplexes, des jeunes adultes décontractés, beaucoup de quarantenaires et une poignée de skinheads beurrés tout droit sortis d’un volume des Bidochons, rotant des refrains de Légion 88 au nez et à la barbe des vigiles de couleur. Heureusement qu’il était annoncé que Skew Siskin assurerait la première partie, j’aurais pu me surprendre à attendre un accompagnement au ukulélé pour ces plaisants troubadours.
Bref, Skew Siskin est un de ces groupes « poulains » qui, à l’instar de Nashville Pussy, ont gravité un moment dans les sphères Motörheadiennes et balancent dans la joie et la bonne humeur un hard rock autoroutier à un public qui ne demande qu’à être brossé dans le sens du poil. Skew Siskin, c’est amusant, très Allemand, mais vite rébarbatif sur la longueur. «
I am the female Lemmy !
», nous assure Nina C. Alice en arrivant sur scène. La moitié des hommes (et quelques femmes) dans la fosse ont craqué sur ses rondeurs confortables, son accent Teuton et sa voix de deux-chevaux en plein démarrage et le font savoir en hurlant «
Aïe lauve iou !
» entre deux morceaux. Skew Siskin, c’est aussi Jim
« comment ça, vous m’entendez pas ? »
Voxx à la guitare. Des réglages pas forcément bien malins et un très gros son pour le bassiste auront raison de ses solos et larsens qu’on n’entendra pas une seule fois. On ne rate sans doute pas grand-chose, mais ça fait toujours de la peine pour le musicien en question quand son inexistence sonique n’empêche pas de taper du pied. Tout ce petit cirque dure trois quarts d’heure, puis Skew Siskin tire sa révérence pour le soir.
Une fois la scène à nouveau vide, les gens se resserrent à l’extrême en prévision du pogo. Certains insultent les roadies qui débarrassent les instruments et font les derniers tests d’usage. Au bout d’une bonne demi-heure, les lumières s’éteignent et le public mugit. Une lampe torche s’allume dans les coulisses, une silhouette voûtée à la démarche de John Wayne s’avance à contre jour, semblant errer à la lueur de sa cigarette. Lemmy vient de débarquer, accompagné de Phil Campbell et de Mikkey Dee. Un
« We are Motörhead, and we play rock’n roll »
d’usage, une clope écrasée sur la scène et les fantômes furieux de Buddy Holly, Elvis Presley et Eddie Cochrane, corrompus par le speed et des hectolitres de Jack Daniel’s, fondent sur le public. La musique commence et on n’a pas le choix que de bouger. Poussé, enfoncé, ballotté, on se croirait en pleine mer. Il m’aura fallu deux morceaux entiers pour m’extirper du mouvement de foule et me trouver une place tranquille à quinze mètres de la scène.
Phil Campbell, qui arbore une superbe sangle de guitare estampillée
« Welsh Wanker »
(
« Branleur Gallois »
), nous livre tout du long un jeu impeccable, un accent douteux, un enthousiasme agréable et une wah-wah omniprésente. Mikkey Dee, le métronome blond, ne déçoit pas : précis, puissant, captivant de kitscherie 80’s même s’il nous broutera avec son solo sur vitaminé en plein "Sacrifice". Lemmy, quant à lui, rassure : épicentre d’une performance constante et bien rôdée, il est moins à bout de souffle que par le passé. Bien qu’immobile la plupart du temps, il plaisante, raille, baragouine quelques phrases types en Français et fascine. Durant la set-list, plutôt variée, se succèdent des classiques acclamés ("Dr Rock", "Stay Clean", "Metropolis", "Iron Fist"…), d’autres un peu moins ("I Got Mine", tiré d’
Another Perfect Day
, "Snaggletooth", que je ne connaissais pas, "Rosalie", énorme, jouée à la mémoire de Phil Lynott…) et des bombes plus récentes ("Sacrifice", "Killers", "One Night Stand", "Going to Brazil"…). Surprise à un moment : Nina C. Alice et Moa « boobs » Holmsten de Meldrum rejoignent le groupe sur scène l’espace de quelques refrains pour "Killed by Death". Après un rappel vibrant (le tiercé gagnant "Whorehouse Blues"-"Ace of Spades"-"Overkill"), le show arrive à sa fin pour de bon. Révérences, sourires, applaudissements, saluts, disparition dans les coulisses et lumières qui s’éteignent puis se rallument doucement.
Les oreilles de tous sont encore vibrantes du «
rock’n fuckin’ roll
» de Motörhead, et nombreux sont sans doute ceux à se sentir un peu abandonnés au milieu de cette foule comblée qui se disperse. Notons tout de même qu’au lendemain du concert, une tempête balaye l’Île-de-France, et pas une tempête pour rire. Certains signes divins sont parfois trop évidents, il y a des valeurs qui se perdent.
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