Alcatraz Festival 2024


Alcatraz Festival

UN REPORTAGE DE...




SOMMAIRE

Jour 1 : 09 août 2024
Jour 2 : 10 août 2024
Jour 3 : 11 août 2024

REPORTS DU JOUR



GALLERY

 


Jour 3 :11 août 2024



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AFTER ALL - 11h20-12h00 – Prison Stage (MFF)

After All est chargé d’assurer l’ambiance sonore à l’heure du brunch en ce dimanche ensoleillé et s’en sort bien. Le power thrash des Belges n’est pas révolutionnaire mais se révèle efficace et bien interprété – presque trente-cinq ans d’existence et dix albums au compteur, c’est stable. Déjà présent l’an passé au même endroit avec Iron Mask, le chanteur Mike Slembrouck, mêmes fringues, même blondeur, assure l’essentiel de l’animation scénique et dédie "Elegy for the Lost" à un ami disparu. S’enhardissant à mesure que les titres défilent, le gaillard se lance dans des vocalises de fort beau gabarit à la fin de la prestation, celle-ci ayant contenté le public local qui s’était positionné derrière les barrières.

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AUDREY HORNE - 12h25-13h10 - Prison Stage (MFF)

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Audrey Horne est de retour ! Le quintet norvégien, aux venues limitées en raison des engagements de certains musiciens avec d’autres groupes, Enslaved notamment, lance les hostilités avec l’épique "This is War". Ice Dal et Tofthagen riffent avec énergie et soloïsent en harmonie, chorégraphie jumelle à l’appui. Toshie, rendu cramoisi par le soleil, insuffle une énergie sans faille à ses lignes de chant, bonifiant les quelques extraits du dernier album qui en avaient besoin. Présentant l’un des guitaristes comme étant "Rudolf Schenker" - le bon frère, donc – le détenteur du micro enchaîne avec ses acolytes l’imparable "Pretty Little Sunshine" et un "Devil's Bell" gavé de guitares twin.

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Vient le moment où le bassiste barbu chauve Espen Lien présente le turbo tube "Waiting for the Night", pendant que le chanteur tout rouge descend dans la fosse pour faire la chorale avec les fans des premiers rangs. Aux anges, ceux-ci s’époumoneront une dernière fois sur le terminal "Redemption Blues". On ne serait pas étonné que suite à cette performance, certains membres de l’assistance venus en curieux tombent sous le charme de la fougueuse Audrey, comme d’autres avant eux.

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ETERNAL CHAMPION - 13h50-14h35 - Helldorado (Shamash)

Quel plaisir de voir sur l’affiche le groupe états-unien. "Fighting The World" de Manowar et ... Le Boléro de Ravel résonnent avant que Jason Tarpey et ses amis, dont l'ancien bassiste de Vektor Frank Chin, ne débarquent sur un puissant "Skullseeker". Le frontman est affublé d’un camail d'armure (une protection métallique qui protégeait le crâne, utilisé au Moyen-Age. De rien, ça me fait plaisir de vous cultiver). Arthur Rizk à la guitare offre une excellente prestation. Le producteur à la mode qui officie chez Sumerlands pose des riffs simples qui font mouche. Les amateurs de heavy épique qui aiment bien se frapper le poitrail en faisant « ugh! » (comme le réclame le chanteur) seront donc servis. La part belle est faite au second album de la troupe, Ravening Iron, dont cinq titres seront exécutés. De ce heavy cliché à souhait, mais totalement assumé, je retiendrai qu’il est encore meilleur en live. Un bon début de journée.

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LEFT TO DIE - 14h25-15h10 - Swamp (MFF)

Aller voir un tribute band alors qu’il y a tant de groupes à découvrir, est-ce bien raisonnable ? Quand le set envisagé initialement provoque l’ennui, on jette ses réserves aux orties pour se précipiter sous une Swamp pleine à craquer et profiter de Left to Die, le tribute band de Death. Comportant deux musiciens historiques, le bassiste Terry Butler et le guitariste Rick Rozz, la formation interprète l’intégralité de Leprosy, album aussi fondamental que fantastique paru en 1988. Autant l’admettre d’emblée : la performance est formidable. Le guitariste-hurleur Matt Harvey, qui officie notamment dans le fameux Death-like band Gruesome, incarne un très crédible Chuck Shuldiner, le regretté leader de Death. Reproduisant les riffs du Maître à la perfection dans un son grésillant et équilibré, il expectore les lignes de chant avec une intensité qui perdurera de bout en bout. Il assure également les vocalises avec une conviction communicative, vitrifiant l’assistance dès sa première intervention à l’entame de la chanson-titre avant d'aligner les screams de l’espace, notamment sur un "Pull the Plug" final dantesque.

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Le jeu de scène ? Le décor ? Zéro. Les gars bougent peu tandis que Rick Rozz, bonnet vissé sur la tête, crache ses solos hystériques tout en faisant faire des tours complets à sa tige de vibrato. Les fans (et pas seulement les quinquagénaires) braillent joyeusement les paroles tandis que mosh pits et crowdsurfings se succèdent sans discontinuer. Hormis l’ordre des morceaux, l’exécution aura été conforme en tout point à l’œuvre originale, aussi édifiante pour une frange de l’assistance qui la découvre que délectable pour les aficionados qui la connaissent par cœur. Un pur bonheur coupable.

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EXUMER - 15h55-16h40 - La Morgue (Shamash)

Changement de style sous la Morgue, qui se met en mode thrash. Au menu deux groupes cultes du style, qui n’ont peut-être pas eu la renommée escomptée. Fondé en 1985, Exumer ne compte que cinq albums dans sa discographie. Rising from the Sea sera absent de la setlist qui va de l’ancien Possessed By Fire au récent Hostile Defiance. Ça joue vite, ça joue bien. Le quintet allemand ne mettra pas longtemps à convaincre le public, qui se lance dans d’endiablés pogos. Mem von Stein harrangue la foule, l’encourageant à plus de violence.

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UNTO OTHERS - 16h25-17h15 - Helldorado (MFF)

Les vedettes du gothic metal marquent d’emblée les esprits lorsqu’elles investissent l’Helldorado – un nom qui semble créé pour elles. Dès les premières notes du tube "Nightfall", le scénario est clair : le bassiste Brandon Hill et plus encore le guitariste à bouclettes Sebastian Silva tournoient dans tous les sens, ne s’arrêtant que pour prendre des poses reproduites de clips eighties, tandis que le guitariste Gabriel Franco, hormis sur quelques passages instrumentaux, reste droit dans ses Converse. L’économie de mouvement du chanteur-guitariste au physique de troisième ligne de rugby est assez fascinante, quasi autant que sa dégaine de goth des tropiques, lunettes noires et débardeur.

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Musicalement, la prestation tient sacrément la route, le mélange metal et guitare réverbérée piquée à Fields of the Nephilim rendant très bien sur les planches. Les tempos sont variés, les solos harmonisés et les romantiques intermittents lancent de temps à autres des « ugh! » qui doivent faire plaisir à Adam Ryzk d’Eternal Champion, qui avait produit l’album Strength en 2021, en train d'observer les opérations en coulisses avec le bassiste Frank Chin. Silva le signale à l’audience avant que lui et ses complices n’achèvent tout le monde avec "Dragon, Why Do You Cry?". Comme quoi, même en plein jour les gothiques peuvent être performants.

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HIRAX - 17h15-18h10 - La Morgue (Shamash)

Nul besoin de présenter les Californiens, qui tournent très régulièrement. Rien de fin non plus, mais du thrash survolté, emmené par un frontman charismatique. Katon W. de Pena, seul membre originel de la troupe, court et saute dans les sens, allant même jusqu’à escalader les arches permettant aux projecteurs d’éclairer la scène. Balayant toutes les périodes de sa discographie, Hirax relancera les hostilités qu’Exumer avait déclenchées. Pour ma part, dans ce duel à distance, je donne mes points aux Allemands, que j’ai trouvé plus tranchants. Mais tout ceci n’est qu’une question de goût et il y a fort à parier que les fanatiques de thrash se soient doublement régalés.

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GREEN LUNG - 17h50-18h40 - Helldorado (Shamash)

Autre groupe que j’attendais avec impatience. Green Lung a sorti en 2023 son troisième album. Les jeunes Britanniques n’ont pas déçu. Leur mélange de stoner, heavy et doom fait mouche. La scène décorée nous permet de nous immerger un peu plus dans l’univers particulier de Green Lung. Tom Templar et sa voix nasillarde en font des tonnes, sans que cela soit préjudiciable au show.

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Les tubes "Forest Church" et "Maxine (Witch Queen)" sont de sortie, aux côtés de titres issus de Black Harvest, "Old Gods" et "Graveyard Sun". Lourde et mélodique, la musique des Anglais nous ramène souvent dans les années soixante-dix, le tout avec une énergie contagieuse. Mes attentes sont donc pleinement comblées.

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TERRORIZER - 17h50-18h40 - Helldorado (Shamash)

Autre groupe culte à l'affiche de l’Alcatraz, Terrorizer vient présenter un set mettant à l’honneur World Downfall, son premier album devenu une pierre angulaire du grind. David Vincent est en retrait avec sa basse, semblant malgré tout content d’être là. Aujourd’hui, il laisse la place de frontman à Brian Werner, que l’on a notamment vu avec Vital Remains. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le chanteur est énervé. Il n’aura de cesse d’haranguer la foule, trouvant le public pas assez violent pour rendre hommage aux brûlots que sont "World Downfall", "Fear Of Napalm" ou "Enslaved By Propaganda". Il menace plusieurs fois les premiers rangs de venir les secouer, chose qu’il fera durant deux titres, venant participer et envenimer le mosh pit. Derrière sa batterie, Pete Sandoval donne le meilleur de lui-même. Pour tous les fans de cet album, c’est un plaisir de se faire violenter par le groupe, qui terminera par les antiques "Crematorium" et "Nightmares". Un concert savoureux.

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ORANGE GOBLIN - 19h25-20h20 – Helldorado (MFF)

En opposition totale avec le décorum fourni de Green Lung, Orange Goblin débarque sans aucun artifice. Pas d’accessoires, pas de fumigène, ni de samples, même pas un backdrop, juste des types en jean-baskets qui mettent trente secondes à retourner le chapiteau. Le stoner déployé est du genre direct et âpre comme le gosier du géant Ben Ward.

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Tout le monde se démène, y compris voire surtout le dernier venu dans la bande trentenaire, le bassiste Harry Armstrong. Le moshpit ne s’arrête jamais, le crowdsurfing non plus. La variété n’est pas le maître mot du répertoire déployé par les Londoniens mais qu’importe, l’objectif qui consistait manifestement à faire circuler une tension permanente est rempli à 100%.

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MAYHEM - 22h10-23h25 - Swamp (Shamash)

Mayhem fête ses quarante ans. Pour l’occasion, cette légende du black a décidé de voir les choses en grand. Des archives vidéos, des photos viennent agrémenter les titres joués ce soir . L’ambiance est souvent lourde, rappelant que les Norvégiens ont été depuis leurs débuts dans des histoires sulfureuses. On se laisse emporter dans cette ambiance souvent glauque. Attila change de tenues au gré des morceaux pour présenter les différentes facettes du groupe et son évolution.

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La setlist part du plus récent, "Malum", pour s’achever par "Deathcrush". Aucune sortie ne sera oubliée, pour le plaisir de tous. Mayhem a livré un grand concert et prouve que la crise de la quarantaine lui va à merveille.

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OPETH - 00h20-01h30 - Swamp (MFF)

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Quitte à être le dernier groupe à jouer, autant l’être complètement en commençant avec vingt minutes de retard. Son leader Mikael Åkerfeldt s’en excusera, la faute à la mise en place de la scène surélevée, garnie d’une ribambelle de spots façon Def Leppard à Vegas. Les Suédois parviennent à faire oublier ce contretemps en alignant une demi-douzaine de classiques de leur période death prog ("The Grand Conjuration", "Demon of the Fall", "The Drapery Falls", "Heir Apparent", "Ghost of Perdition", "Deliverance"). Ceux-ci sont servis par des instrumentistes à la technique éprouvée et par un son puissant qu’une batterie surmixée ne parviendra pas à gâcher.

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Les lumières sont bien dosées – ça repose de Mayhem - Åkerfeldt blague avec le public, les fans font « ayayaaaayayaya » sur le refrain de "Ghost of Perdition" : en résumé, un concert d’Opeth en bonne et due forme, sans reprise de "You Suffer" (par manque de temps, sans doute) ni extrait de The Last Will and Testament, l’album à paraître à l’automne. Le quintet a su capter l’attention des festivaliers qui sont restés jusqu’à la dernière note de l’ultime set, ce qui n’allait pas forcément de soi après trois journées aussi denses.

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L'affiche a tenu ses promesses. Le contraire aurait été étonnant compte tenu des valeurs sûres qui en composaient la partie haute. Malgré d'inévitables déceptions, le millésime 2024 a été globalement intense, enthousiasmant des festivaliers venus profiter du cadre de plus en plus soigné offert par l'organisation, le tout sous un soleil majoritaire sans être assassin. Confirmations et découvertes se sont enchaînées à une cadence infernale dans des genres très variés - une habitude consolidée au cours de cette seizième édition. Le défi pour que la dix-septième soit au même niveau s'annonce ardu. Mais ne dit-on pas la même chose chaque année à propos de l'Alcatraz ?

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Crédits photos : Merci Foule Fête et Tabris

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