Archive -
You All Look The Same To Me
« Archive. Tu veux du son qui déchire ? Tu veux du son qui explore les recoins de ton imagination ? Archive, la relève des Pink Floyd ! » et blabla, blabla, blabla... « Achète l’album et c’est tout, prends une bonne claque dans ta face, et redescend doucement. Parce qu’en émotions fortes tu seras servi ! ». Quoi ? Ca ne suffit pas pour vous donner envie de vous procurer au plus vite You All Look The Same To Me ? Très bien, mais, comment décrire une émotion particulière, si singulière ? Vous m’aidez pas là !
Archive c’est une ambiance bien anticonformiste, distinctive. Mais qui-qui bosse sous le nom de Archive ? Vous voulez vraiment savoir ? Très bien, alors, c’est une équipe de quatorze personnes ! Les leaders du groupe ? Ils sont deux : Darius Keller et Danny Griffiths. Avec le petit bonus de la voix féminine de Roya Arab. Craig Walker, suite à une réponse à une petite annonce dans un journal anglais, il intègre le groupe et prête sa voix. Le groupe est né en 1996 avec Londinium. Un autre album a vu le jour dans une parfaite indifférence, ou presque. Et puis, voilà que le 12 mars 2002, You All Look The Same To Me est dans les bacs. Un monument du rock digne des sorties de certains albums des Pink Floyd.
Comment appréhender cet album ? Dans toute sa simplicité. Il n’y a aucune hostilité. Les émotions sont transmises de façon sucrée, lisse. Tout le long de l’album chaque musique a bien sa place. On ne peut pas se permettre de changer la disposition de chaque chanson. Cet album s’écoute dans sa continuité. Plein de charme et de fascination, on se laisse bercer par ces notes angéliques et mystérieuses.Au delà des mots, le son est le vecteur de toutes les émotions pures. Belles ou scabreuses, elles sont sans artifice. Nous pourrions donner la même définition à Archive. Plus qu’un groupe, c’est un son à part entière. Un ensemble d’instruments avec les synthés, les grattes, l’harmonica prédominants. Un son recherché exploité dans sa simplicité.
La voix rappelle un faux air à Radiohead. Et l’enveloppe musicale n’est qu’une analogie aux Pink Floyd. Et au delà de ces références, on est tout de même emporté. Ce qui est le plus insolite c’est de faire de son environnement un moyen de véhiculer des notes musicales. Ce que chaque instrument ne peut pas produire, un son venu d’ailleurs projette une dimension nouvelle à la chanson, et en donne alors tout son charme.
On voyage, on passe d’un monde à un autre. Avec "Numb", c’est comme partir faire un safari. On est ensorcelé par la batterie qui incarne presque les danses africaines. Une sorte de témoignage. Le synthé avec un effet métallique évoque presque les journées chaudes. C’est presque indescriptible. C’est un volcan émotionnel d’une grande puissance. Cette chanson, se termine de façon toute douce et ouvre la porte sur la prochaine : "Meon". Cette dernière rappelle un petit air à Supertramp. Le tout sous la tutelle du synthé. Cet instrument qui est exploité sous tous les angles. Lorsqu’on pense en avoir cerné les sons les plus innovants, d’autres arrivent et surprennent d’autant plus. Comme les Pink Floyd, des grandes douceurs existent et subliment tout aussi bien. Avec "Goodbye" c’est une sorte de berceuse. Quelques notes enfantines comme intro au piano. Qui se prolonge d’ailleurs sur la chanson suivante ("Now And Then").
"Seamless", 1’43 de son. Pas un mot. Juste une ambiance. Un riff qui nous renvoie à un monde asiatique. Si aux bouts de ces 1’43 vous n’avez pas les frissons, alors vous ne connaissez rien à la musique. 1’43 juste ce qu’il faut pour créer un mal aise et un manque. "Again", "Fool" et "Hate", sont les trois chansons les plus convaincantes qui prouvent une réelle correspondance avec les Pink Floyd. "Again" ouvre l’album. Une intro avec un acoustique mélancolique, le tout renversé par une basse ; le synthé évidemment qui fait figure de pilier. Cette entrée dans le monde à Archive se veut loyale. Dès les premières notent, on sent une inspiration. Comment ne pas penser à "Shine On You Crazy Diamond", comment ne pas voir du "Welcome To The Machine", ou mieux encore, il existe des similitudes avec "Animals".
Même les morceaux sont interminablement exquis ! Comme "Finding It So Hard", c’est 15’33 de pur bonheur. Un mélange de n’importe quoi. Des notes qui en chevauchent d’autres. Le chanteur se lâche complètement. C’est comme si chaque note procurait un tel plaisir qu’il ne fallait pas arrêter de chanter ou de jouer. Lorsque tout ce petit monde a fini de péter leur petit plomb, la tension descend peu à peu. Roya reprend la suite avec une grande douceur. Un petit harmonica, et hop, on passe à la chanson suivante. Avec toujours ce synthé et l’entré des chœurs. L’album se termine sur un acoustique guitare et une voix qui se pose là. Après en avoir bien pris dans la tête, Archive achève cet album avec "Need" dans la simplicité. Need est une chanson qui semble optimiste.
C’est sous l’ombre pink floydienne que nous entrons dans un univers déchiré, obscure, planant. Beaucoup de blessures ont permis à ces chansons d’être de vrais chef-d’œuvres. Un mélange savoureux entre les voix tourmentées, un synthé parfois taciturne, réservé et tantôt assidu. Une fusion entre ce dernier et une climat inventif. Cet album est créatif , c’est pourquoi, même si celui ci a une tendance à ressembler à de grands artistes. Ils ont tout de même une signature à eux.