CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14.5/20
LINE UP
-MatMatze
(chant+guitare)
-Andi
(guitare)
-Tobi
(basse)
-Dominik
(batterie)
TRACKLIST
1)Elegy
2)The Dagger Thrust
3)Death From A Lovers Hand
4)Knights Of Doom
5)(untitled)
6)Numbers Of Failure
7)Far Beyond The Days Of Grace
8)From This Life
9)Her Ghost Never Fades
10)Darkest Red
11)Thirteen Years
12)Saviour, Welcome Home
DISCOGRAPHIE
Le metalcore est vraiment devenu le genre fourre-tout par excellence. Difficile de faire le lien entre It Prevails (chroniqué en même temps que cet album) et The Sorrow, et pourtant les deux groupes sont classés dans cette immense catégorie. Du moment qu'on trouve une alternance growl-chant clair, et/ou chant hardcore-chant clair, et/ou des influences melodeath, et/ou des rythmiques syncopées, et/ou des accélérations thrash véloces, et/ou des arpèges emo, etc, etc, hop! On classe ça dans le metalcore. C'est quand même bien pratique, enfin surtout pour le chroniqueur... parce que pour le lecteur on imagine facilement que ça ne veuille plus rien dire au final. Résultat : vous êtes obligés de lire la chronique, maintenant. Haha!
Bon, on ne va pas vous faire lanterner plus longtemps : The Sorrow fait partie de la frange dure du metalcore, celle qui lorgne sur la Suède et renvoie bien plus à Killswitch Engage qu'à la scène screamo. Point d'arpèges semi-saturés ici, place aux grosses rythmiques qui déboîtent et aux harmonies de guitares récurrentes. Le chant est un growl vomi aigu dégageant une énergie et une hargne conséquentes, et les Autrichiens diposent de plus d'une production nickel chrome : le son est vraiment gros, en particulier au niveau des guitares dont le grain à la Bergstrand colle raisonnablement au mur. Comme de bien entendu pour le genre le niveau de jeu est également élevé : les guitaristes sont aussi véloces de leur main droite que le batteur l'est de ses pieds, et ça tombe très bien vu leur habitude de se caler les uns sur les autres pour faire mal. Il faut dire que The Sorrow envoie pas mal le bois, et que Blessings From A Blackened Sky est mine de rien un bon petit recueil de riffs qui poutrent.
Et il n'y a pas que ça à mettre au crédit du groupe : sans basculer dans le prog ou révolutionner le genre non plus, The Sorrow fait parfois preuve d'une volonté de varier le propos assez respectable. Après les riffs en harmonie de "The Dagger Thrust" ou les cavalcades Soilworkiennes et les beat-downs hardcore de "Death From A Lover's Hand", ça fait toujours plaisir d'entendre un instrumental semi-acoustique calme et beau (et sans titre) ou l'outro de "Darkest Red" qui pour le coup part direct dans l'ambient contemplatif. Ces digressions stylistiques sont isolées mais diablement satisfaisantes, surtout que l'incursion de mélodie est propre au style du groupe : les riffs suivent systématiquement la bonne vieille recette établie par In Flames, à savoir que mélodie et rythmique ne sont aucunement séparées. The Sorrow a également le bon goût de ne pas abuser du chant clair sur les refrains, ne l'utilisant que quand c'est pertinent... ce qui fait du bien tant cet aspect est devenu un gimmick de la scène.
Donc bon, tout ça est prometteur, surtout que Blessings From A Blackened Sky est un premier album. "Knights Of Doom" aligne des moments assez surpuissants, "Numbers Of Failure" dévoile un pont Maidenien survitaminé au troisième tiers qui fait vraiment mal, la mélodie d'intro de "Far Beyond The Days Of Grace" surprend et fait sauter partout quand elle revient, comme le break start-stop... Chaque chanson ou presque renferme ainsi un moment de bravoure ou l'efficacité brute du tout provoque le respect. Seulement voilà, il est rare que The Sorrow réussisse à garder le zizi de l'auditeur tout dur le temps d'une chanson en entier : aux moments décoiffants s'enchaînent aussi les plans trop directement pompés aux petits copains -à savoir les groupes déjà cités dans cette chronique- et certains emprunts relèvent de l'abus, comme le riff principal de "Thirteen Years" qui reprend le break de "Imperium" de Machine Head. On regrettera aussi que "From This Life" tombe à plat et que les breaks en salves se ressemblent un peu trop.
Sans être parfait, ce premier album de The Sorrow est donc une agréable surprise et laisse entrevoir un réel potentiel. On espère en particulier que le groupe développera plus ces breaks mélodiques aériens qui rendent leur musique très intéressante ("Saviour Welcome Home" en est transcendée), et qu'ils sauront à l'avenir se dépêtrer de leurs influences un peu trop présentes. Mais tout ça est très encourageant, et on ne peut au final que soutenir cette formation qui vient nous rappeler qu'en dépit de l'usure évidente de la scène metalcore, de bons groupes continuent à se former dans ce style. Recommandé.