CHRONIQUE PAR ...
Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
18/20
LINE UP
-Zahaah
(chant+guitare+basse+claviers)
-Sven Vinat
(guitare)
-Avgruun
(guitare)
-K.H.
(batterie)
TRACKLIST
1) Intro - Call to the Being
2) The Sword of Dignity
3) The World of Men Without Virtue - The Circle of Disillusion
4) The Circle of Warriors
5) Initiation
6) The Mirror of Suffering - The Circle of Ghosts
7) The Shamanic Whispers
8) Another Shore
9) The Eternal Light
DISCOGRAPHIE
Ce matin, au Comité de Direction, l’ambiance est morose. Les chiffres du dernier trimestre sont mauvais, le Chief Executive Officer prend la parole :
- Messieurs, comme vous le savez, la situation n’est pas bonne. Il faut que nous nous ressaisissions, que diable ! J’en appelle à …
- J’en appelle à l’esprit de l’Éther !
- Pardon ? Mais qu’est-ce que vous dites monsieur Winter ?
- J’en appelle à l’esprit de l’Eau !
- Dites-donc ! Vous êtes dans un comité de Direction, pas dans un cirque !
- J’en appelle à l’esprit de la Terre ! Waaaaaaaaaaaahhhhhhhh !
Je crois que c’est ce dernier « Waaaaahhhhhhhh ! » qui n’a pas plu, ni quand je me suis rué sur le Chief machin…
Qu’est-ce qui électrise le plus dans Wyrd ? Ce son « râpeux » (qualificatif emprunté à une éminente forumeuse Eternelle), ultra cru ? Ces vocaux du même acabit ? Ce côté implacable de la première partie de l’album ? Ces mélodies fantastiquement ciselées et inlassablement ressassées, comme le veut le genre pratiqué ? L’air de la Savoie est-il à ce point chargé d’énergie païenne qu’un quatuor relativement peu connu (mais les choses vont changer, j’vous le dis !), silencieux depuis cinq ans, se permette de livrer un des meilleurs albums de pagan/viking (note : demander à notre confrère Crom-Cruach de rayer la mention inutile) de cette décennie ? Désolé d’attaquer la chronique sans préambule, mais c’est que Wyrd incite à commencer l'offensive sans attendre, à se jeter dans la bataille et à sentir l’epicness t’envahir… Ce n’est pas compliqué : entre l’intro et "Initiation", on ne respire pas. Certains diront que "The Circle of Warriors" est l’hymne parfait, le classique des générations futures, et ils n’auront pas complètement tort tant ce titre accessible respire la classe, mais il ne faut pas mépriser les trois autres brûlots de la première moitié de l'album, mélangeant black abrasif, mélodies folk, et passages mélancoliques dignes du meilleur groupe de gothic doom qu’il soit.
Si vous ne me croyez pas, écoutez le break de "The World of Men Without Virtue" et son phrasé subtil, accompagné d’un chant en français, pour vous en convaincre. Et que dire de la tuerie qu’est "Sword of Dignity" qui met l’auditeur d’emblée au parfum de ce qui l’attend, ou d’"Initiation", combinant en deux temps trve black et saveurs folk ? A partir de ce dernier titre, les choses changent et Wyrd mue. « Ça y est, comme d’habitude, le groupe est essoufflé et va jouer la montre jusqu’à la fin de l’album.. » pense-t-on dans un premier temps. Erreur ! La seconde moitié de l’album est également excellente, presque autant que le début, et si elle fait la part belle aux ambiances, il s’agit de tout sauf de remplissages. Au couple "The Mirror of Sufferiung…" / "The Shamanic Whisper" dont la menace latente est très crédible, vient succéder un petit chef-d’œuvre de mélancolie intitulé "Another Shore", où la mélodie plaintive, très française dans l’âme, se fond parfaitement dans le moule pagan de l’album. La surprise ne s’arrête pas là puisque "The Eternal Light" lorgne avec un certain bonheur du côté des contrées shoegaze. Bref, en plus d’être excellent, Wyrd est varié… Que demande le peuple ?
"Another Shore" est maintenant ma sonnerie de portable, et alors ? Au départ j’avais mis "The World of Men Without Virtue", mais mon entourage sursautait à chaque coup de fil... Futilités mises à part, ce qui est clair c’est que Wyrd est au pagan, ce que The Rise of Medral-Nok de Lord Shades est à l’épic black-death, à savoir un bijou, un album essentiel pour tout amateur de batailles musicales.