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CHRONIQUE PAR ...

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Djentleman
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 13.5/20

LINE UP

-Fred Beaulieu
(chant)

-Pierre-Olivier Fortin
(guitare)

-Clau Dubé
(guitare)

-Benoît Côté
(basse)

-Simon-Pierre Renaud
(batterie)


TRACKLIST

1) Deathrone
2) Den Of Wolves
3) Leviathan (ft. Dominic D.D of Depths Of Hatred)
4) Endless Time
5) Liege Of Doom
6) Crown Fragments
7) Enthrone
8) My Final Hour
9) False Allegience (ft. Mike Perez of No Bragging Rights


DISCOGRAPHIE

Dethrone (2014)

Beheading Of A King - Dethrone
(2014) - death metal Deathcore progressif - Label : Auto-production



En cette période hivernale (quoiqu’on a connu pire comme hiver), partons faire un tour de l’autre côté de l’Atlantique, chez nos amis Canadiens et plus précisément à Montréal, capitale du Québec. Endeuillé par le suicide de leur jeune chanteur, Matt Paquette, le 2 février 2011, Beheading Of A King a persévéré et a trouvé les ressources et le mental nécessaires pour sortir leur premier album, intitulé Dethrone, sorti fin septembre 2014. Les quatre francophones n’en sont pas à leur premier méfait, puisqu’ils ont sorti deux EPs auparavant : un éponyme en 2009, et Quasar : Preserving Legacy en 2011.

En trois ans, et depuis son dernier EP Quasar : Preserving Legacy, Beheading Of A King a nettement évolué dans son style. Il pratiquait auparavant du Deathcore. Du bon Deathcore, efficace, mais sans relief, simple et basique, quoi qu’on pouvait entrevoir l’orientation qu’il allait prendre. Avec Dethrone, il s’est définitivement tourné vers un Deathcore plus poussé et s’est rangé dans ce que l’on peut qualifier de deathcore progressif. Style auquel il a bien évidemment ajouté – sans surprise, me direz-vous – une grosse touche de djent, pour inscrire son album dans la mode du moment et suivre à son tour la multitude de groupes ayant déjà emprunté ce chemin – avec plus ou moins de succès. Alors, BOAK a-t-il suivi la voie royale ou celle des oubliettes ? Pour commencer, il suffit de jeter un coup d’œil à la durée des chansons pour se rendre compte que les ados du Québec ont grandi et qu’on n’a plus faire à du Deathcore de bas-étage (d’accord, pour certains c’est un pléonasme). En effet, à l’exception d’une seule piste, toutes atteignent et dépassent les quatre minutes, et deux d’entre elles franchissent même les cinq minutes. Bon d’accord, ce n’est pas un gage de qualité en soi, c’est évident. Mais on voit que les gars se sont donné un peu plus de mal que la plupart des autres groupes de deathcore. Presque trente-sept minutes au compteur pour neuf titres, ça confirme une belle moyenne pour du deathcore, là où les derniers Veil Of Maya surpassent difficilement les trente minutes.
Néanmoins et malheureusement, l’absence de Matthieu Paquette se fait énormément ressentir. Physiquement, pas de problème, Fred Beaulieu comble parfaitement cette disparition tragique. Mais musicalement et vocalement, il y a un gouffre d’écart. Le talent du défunt sera difficilement accessible pour lui, et il devra vivre avec ce poids sur les épaules tant qu’il sera dans le groupe. Pourtant, le bougre n’est pas mauvais, mais il a eu le malheur d’arriver derrière Matt. Ça manque d’explosivité, d’agressivité, de punch bordel ! Ce qui lui fait cruellement défaut. Au final, c’est un mal pour un bien car on va avoir tendance à se focaliser sur l’instrumentation qui, elle, vaut vraiment le détour. Énorme point fort de ce Dethrone, l’omniprésence sonore de la basse, qui crée la sensation particulière que les riffs de guitare rebondissent, tout en donnant une certaine lourdeur à ces derniers. On aurait même tendance à croire que le bassiste Benoit Coté est un spécialiste du slap ! Écoutez le début de ''Endless Time'' ou de ''Crown Fragments'' si vous ne voyez pas à quoi cela peut ressembler. On peut noter aussi l’idée de faire un parallèle entre l’introduction ''Deathrone'' et la septième chanson ''Enthrone'', aussi bien au niveau du nom que de l’instrumentation, puisque celles-ci auraient pu être réunies en une seule chanson. ''Enthrone'', propre, sérieuse et entièrement instrumentale, est donc mal placée et aurait pu être intercalée en deuxième position, ce qui aurait donné de la gueule à une chanson d’ouverture, une fois n’est pas coutume !
Bon en fait, pour être tout à fait honnête avec vous et ne pas essayer de sauver les apparences, le problème avec cet album, c’est que, même après plusieurs écoutes, vous n’en retirerez pas grand-chose. C’est le genre d’album auquel toutes les notes, ou presque, peuvent convenir, en fonction du point de vue que l’on adopte. C’est le sentiment frustrant et désagréable qui en ressort. La forme est excellente, mais le fond est proche du néant. Je ne m’arrête pas sur les paroles qui sont typiques deathcore et qui ne valent pas le coup qu’on s’y attarde. Et plus on avance dans le disque, plus on perd de la substance. Alors, quand Deathrone s’ouvre (sans compter l’intro éponyme bien évidemment) sur la meilleure piste qu’est ce ''Den Of Wolves'', on s’attend à du lourd, du très lourd même. Mais les espoirs et l’attente sont assez vite dissipés au grand dam de l’auditeur. Vous serez tout juste réveillés par l’électrochoc ''Crown Fragments'', mais ce sera bien insuffisant au vu de la suite, et surtout des deux dernières pistes qui sentent le réchauffé à plein nez, comme s’il fallait combler des trous pour faire la taille d’un album, malgré la présence du chanteur de No Bragging Rights sur ''False Allegiance''. Comme si Beheading Of A King s’était vidé de sa substantifique moelle au fur et à mesure. Comme une auto-décapitation. Comme un auto-détronement.



Pour autant, Beheading Of A King fait partie à coup sûr de la nouvelle place forte du deathcore nord-américain, participant aux tournées locales avec des groupes réputés dans le milieu tels que Obey The Brave, Failure In Vanity ou encore End Of Crisis. Ce n’est que leur première véritable offrande, mais elle est d’une certaine qualité et on peut s’attendre à ce que la suite le soit également, d’autant plus qu’ils sortent à peine de la crise d’adolescence, ce qui laisse présager un avenir assez serein et empreint de maturité. En revanche pour cela, il faudra faire preuve de créativité et d’originalité au risque de vite lasser le public. Et, bien évidemment, sans vouloir faire offense à Fred Beaulieu, il faudra que celui-ci mette les bouchées doubles pour se faire adouber du public, à moins que BOAK ne trouve un chanteur du calibre de la petite pépite Paquette. RIP MATT.



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