Un corps que l’on plonge dans l’eau glaciale. Il se débat, désarticule ses membres, tente désespérément de remonter, mais à chaque fois qu’il croit enfin saisir la lueur qui inonde la seule surface de ces eaux noirâtres, à chaque fois qu’il sent ses lèvres effleurer le mince filet d’eau qui le sépare encore de la goulée d’air salvatrice, une main cruelle le replonge vers les abysses. Ses oreilles commencent à bourdonner, son cœur se précipite, la panique le saisit .... Il perçoit alors quelque chose qui n’est pas une voix, juste une vibration,et ne sait finalement plus s’il veut sortir de cette angoisse ou plonger encore plus profondément. Il est égaré entre deux eaux. C’est un peu l’image qui me vient à l’esprit à l’écoute du premier titre de ce The Beast of Left and Right, "Choose Again - Right Path".
Purement instrumental, à quelques rares passages près, le dernier né de Lazer/Wulf, est un pur bain de noirceur, une plongée fantasmagorique dans les tréfonds d’une musique propre à ébranler tous les sens, tout en laissant planer sur nous le désir de nous rendre purement contemplatifs pour quelques instants. Et ce n’est en rien un hasard. Nos trois excentriques Géorgiens ne vivent que par et pour la musique et n’ont pour seule et unique obsession que d’épanouir leur existence par son truchement. Émus par elle très jeunes par l'intermédiaire notamment de pairs sensibles et désireux de faire partager leur propre passion, elle est devenue leur maîtresse, d’une beauté absolue à leur yeux. Elle est celle qui est prête à expérimenter toute les folies possibles, mais aussi celle qui brisera fatalement leurs cœurs chavirés, tant ils sont prêts à se donner sans concession pour elle. Une telle passion, en son essence, force donc la curiosité pour l’œuvre qui en est le fruit.
Le choix instrumental est volontaire. Le groupe aurait tant à exprimer pourtant, il voudrait exulter verbalement bien sûr, mais ... Des mots que l’on couche avec fébrilité sur le papier, tout ce qui traverse un esprit bouillonant, la plume qui court et court encore sur la feuille, la noircissant d'idées, d'impression ou de rage, et puis soudain .... non, la feuille est arrachée sans hésitation et la « frénésie » démarre alors vraiment. C’est le binôme "Conflict of Memory" et "Twelve Leaps Over The Tripple Trap". Ce qu'ils ont a dire, les membres de Lazer/Wulf nous le servent à coup de basse entêtante, de riffs obsédants, de pulsations frénétiques... Un premier morceau, d’une mélancolie extrême, lourd, oppressant ... une amertume sourde servie en barre de fer, s’achevant sur cette feuille de papier arrachée, et puis alors ce second titre qui démarre, sans transition, et qui se présente comme le déversoir d’un esprit fou, d’un cerveau en pleine ébullition exprimant une urgence effroyable à communiquer quelque chose qui lui obnubile les sens, une envie de courir, de se cogner aux murs, de se prendre la tête à pleines mains et de tout faire sortir de façon bien plus puissante que par de vains mots.
Lazer/Wulf ne veut pas imposer à ceux qui l’écoutent une image préconçue, un schéma de pensée contraignant. Il préfère taire les paroles, les « mots ». Les voix disparaissent donc ici, tout en plus seront des instrument comme les autres; nos oreilles et nos esprits sont alors réceptifs à la seule vibration émise bien pus qu’à la compréhension tronquée de vaines palabres. Ici, le groupe laisse à chacun d’entre nous la liberté de nous laisser porter à notre guise, de fixer notre propre imaginaire, nos propres impulsions, notre propre compréhension de la musique qui est délivrée. Aucune inflexion ne nous étant, à priori, imposée de force. La toute première écoute de l’album ne laisse pas présager ceci. De prime abord même, on peut se sentir circonspect : oui, c’est pas mal, on retrouve les « couleurs » musicales que nous autres recherchons naturellement, la production est très bonne, chaque instrument est bien en avant et on n’en perd pas une miette, mais bon, c'est un peu longuet, non ? Et puis il y a des phrases musicales qui semblent se retrouver à l’envie sur les différentes pistes, quoi que, non .... sont-ce les mêmes ?.... Quelque chose pousse à réécouter une seconde fois, puis une troisième, puis .... ça devient lancinant, jusqu’à ce que l’on se laisse complètement obnubiler par cet sorte de mantra noir. Et là, commence alors le plaisir.
... tnassisias zessa tpecnoc-mubla tec snad sulp ed stnatsni seuqleuq regnolper erocne siav ej ,trap am ruoP .euqisum as snad esrev fluW/rezaL euq ec riovertne tnemelpmis essial iuq egami ettec rus tnanetniam cnod ennodnaba suov eJ .noitpecrep ertov reuqnort sulp non iom sap tnaluov en ,sulp sap tnadnepec iarid ne suov en eJ .edrager al no’uq étôc euqleuq ed ,elgna emêm el suos sruojuot ertîarappa'd ervuœ enu à temrep iuq elyts ed erugif enu tios ,emordnilap nu’d ,tnemetcaxe sulp uo ,riorim nu’d erèinam al à uep nu uçnoc te ésnep été a mubla tec euq nifne tse thgiR dna faeL fo tsaeB ehT ed étilanigiro’L ."traP thgiR - niagA esoohC" te "traP tfeL - niagA esohC" .reuqilpxe suov siav ej ,ici raP ? sélbuort niaduos snes suov ej ,siaM .... "traP tfeL – niagA esohC" .emêm suov ed dnof ua zegnolP .ruetcev nu’uq sulp tse’n ici euqisum al ,srevinu erporp ertov snad zegnolp ,zerbiv ,zetuocÉ