Karst -
Lime Veins Bleed Rust
Le karst est une structure géomorphologique résultant de l'érosion hydrochimique et hydraulique de formations de roches carbonatées, principalement de formations calcaires. Des phénomènes d'érosion de type karstique se manifestent aussi dans des structures « pseudokarstiques ». Les structures karstiques concernent environ le cinquième de la superficie continentale de la Terre. Les karsts présentent pour la plupart un paysage tourmenté, un réseau hydrographique essentiellement souterrain et un sous-sol creusé de nombreuses cavités : reliefs ruiniformes, pertes et résurgences de cours d'eau, grottes et gouffres… Voilà, je remercie donc Wikipédia de m’avoir fourni une introduction un minimum intéressante et informative, pour une fois.
Imaginez qu’un groupe ait pris l’essence du black metal, et se soit dit qu’il allait faire exactement le contraire, mais avec les ingrédients normaux. C’est Karst ça. Des trémolos lumineux et sans dissonances, un son sale et approximatif, mais en même temps bien aéré, quoique parfois dense, et assez précis pour que chaque instrument soit audible, des guitares qui ont presque oublié d’être saturées, et qui se rapprochent plus du punk ; seul le chant bien éraillé tendrait à les rapprocher du black. Pour un peu, on trouverait même un léger côté rock alternatif ou grunge !) dans certains trémolos, d’ailleurs, comme sur "Szagodakvusz". Et puisqu’on cite ce titre, il ne faut pas oublier de dire que le groupe case pas mal de riffs acoustiques dans ses compositions, à moins que cela soit dû au son particulier des guitares. En même temps, il faut préciser que le groupe vient de Hongrie, comme Thy Catafalque. Connaissant les albums de ces derniers, et, sachant que Karst n’en est qu’à son deuxième album, on peut tisser un hypothétique lien de cause à effet entre la production et les moyens du groupe. Surtout sachant que Lime Veins Bleed Rust est produit de façon indépendante au format cassette, et limité à 100 exemplaires.
C’est pourtant assez dommage, car le black progressif de la formation arrive à être réellement prenant par moments. Cependant, lorsque l’on parle de black progressif, ne vous fourvoyez pas : point de long morceau à tiroir, mais plutôt des compositions assez courtes avec de rares pics à 7 minutes. La durée de vie reste cependant tout à fait correct, puisque les structures conventionnelles font défaut, et le groupe passe d’un plan à un autre, oscillant donc entre les passages black blastés, plus ou moins intéressants selon le titre, sachant que les trémolos éclatants sont les meilleurs, et les moments moins enlevés, en arpège ou non, structure qu’illustre parfaitement "Fajkísérlet (Prelude To Halomra)". D’ailleurs, le chant est dans la même langue que les titres, avis aux amateurs. Toutefois, si on devait décerner une palme à un titre en particulier, l’honneur reviendrait à "Norák" (haha, oui oui, c’était seulement pour ce jeu de mot), ce titre est effectivement le meilleur de l’album, avec ce solo de flûte renvoyant directement aux forêts d’Europe centrale. Les trublions n’oublient pas de caler de petites ambiances dans leurs morceaux, comme au début d’ "Halomra", ou l’on se croirait presque dans un club de jazz, ce qui n’a aucun rapport avec la suite du morceau, dans la lignée du black lumineux évoqué précédemment. Cela dit, il arrive que les Hongrois fassent durer les hostilités pour rien, principale tare d’un album qui, autrement, surprend positivement, comme sur ce même "Halomra", où la dernière partie du titre ne sert pas à grand-chose.
Venant d’un pays qui n’est pas tellement représenté dans le petit monde du metal, la surprise est plutôt bonne. Capables de proposer un mélange cohérent entre un black metal lumineux, et des passages plus typiquement progressifs, les Hongrois créent un mélange, qui, à défaut d’être très envoûtant, étonne légèrement par l’optimisme général que dégage l’ensemble. Des titres intéressants en côtoient d’autres qui le sont moins. Gageons que ces jeunes loups ont les moyens de surprendre encore un peu de monde, et pas seulement grâce à leur origine.