CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-Johan Haller
(chant+basse)
-Henrik "Headbang" Hedberg
(guitare)
-Niclas Aberg
(guitare)
-Peter Nagy
(batterie)
TRACKLIST
1) Vita Dolorosa
2) Deep Within This Flower Of Sin
3) Edge Of Existence
4) The Scream...
5) Voices From The Dark Side
6) Heaven's Tears
7) A Black Wound
8) When I'm Gone
9) Sanctuary Of The Sleeping God
10) Welcome To Abaddon
11) Forsaken By Christ
12) Beyond The Edge
DISCOGRAPHIE
No Fashion, petit label sans influence par rapport aux Nuclear Blast et autres Roadrunner. Et pourtant… leur catalogue explose en long et en large toutes les sorties black des autres labels, alignant les albums de référence et les albums méconnus mais cultes pour les archéologues de l’extrême. Quid du death ? En dehors de Lobotomy et Fester, pas vraiment restés dans les mémoires (à raison), on trouve quelques groupes de death mélodique plus ou moins doués. Hypocrite est l’un de ceux-ci, et ce premier disque sort en 1996, un an après Slaughter Of The Soul et The Gallery, la même année que The Jester Race. Si vous ne connaissez aucun de ces albums, c’est déjà mal parti.
Hypocrite, comme vous vous en doutez, n’a jamais eu et n’aura jamais l’aura des géniteurs des œuvres précitées, pour la bonne raison qu’il a oublié d’être génial dès le départ, à défaut d’original. Pourtant, Edge Of Existence commence plutôt bien, avec une intro et deux titres bien fichus, mélodiques et percutants à souhait, témoignant d’un réel talent de composition. Avec des riffs accrocheurs mais simples, pleins de mélodies bien trouvées, notamment celle d’ "Edge Of Existence" à 3:11, un jeu de batterie varié et un chant moins criard qu’à l’accoutumée, la formation parait bien partie pour offrir une œuvre à la hauteur de ses concurrents. Puis vient "The Scream", accompagné de l’évidence de ce qui fait défaut à Hypocrite : la constance. Edge Of Existence est en effet partagé entre les titres mélodeath de bonne, voire très bonne facture, et des titres death molassons.
Dès qu’ils sortent du domaine de la mélodie, les Suédois perdent tous leurs moyens et n’arrivent à pondre au mieux que des titres moyens. Entombed et Dismember restent largement hors de portée et la comparaison est défavorable, malgré des solos qui relèvent le niveau. Et encore, "The Scream" reste très correct en comparaison de certains titres encore plus bas du front qui viennent ensuite. Et quand bien même ces morceaux demeurent supérieurs à ceux de Fester, abysse indépassable en la matière, ce n’est quand même pas la joie. Plus brutaux que leurs contemporains mélodistes, les musiciens recourent à une ou deux occasions au blast beat, peu voire pas utilisé en Suède à l’époque. Cet usage peut s’expliquer en ce que le disque est partagé entre les courts morceaux death bas du front et des compositions plus raffinées. Il arrive toutefois que leurs bonnes idées leur portent préjudice. Le chant clair, power à souhait,d’ "A Black Wound" aurait pu être réussi s’il ne partait pas dans de tels vibratos et de telles hauteurs, dommage.
En dehors de ces quelques éléments regrettables tirant Edge Of Existence vers le bas, l’auditoire se devra de tirer son chapeau à la formation. La production n’est pas décevante, quoiqu’un peu faible, et donne sa place à chaque instrument, si bien que de lésé il n’y a. De plus, même si la qualité des titres mélodiques est elle aussi fluctuante, bien que toujours illuminés par un solo élégant, ils restent majoritaires par rapport aux brutasseries de deathsters méchants, et supérieurs également. Le quatuor a également eu la bonne idée de finir son disque comme il l’a commencé, avec deux tueries mélodiques, la seconde réutilisant les arpèges de "Vita Dolorosa" en son terme. Du point de vue de la filiation, Hypocrite subira majoritairement l’influence d’Edge Of Sanity (aussi préhensible chez les instigateurs du death mélo).
Un premier album de qualité suffisante pour figurer dans le catalogue No Fashion de l’époque, aux côtés des Somberlain et Dance Of December Souls, sans pour autant pouvoir espérer leur faire d’ombre, loin de là. Faudra attendre le deuxième album pour ça.