Deux ans après la sortie de A Healing Place, les finlandais de The Chant reviennent avec un nouvel opus sobrement baptisé New Haven. Il incombe à ce quatrième album une tache ardue : celle de se montrer à la hauteur de son prédécesseur et ne pas décevoir les fans qui attendent au tournant. Après maintes écoutes, je suis en mesure de pouvoir le garantir : New Haven tient toutes ses promesses et va plus loin encore.
D'une longueur honnête (une cinquantaine de minutes) et pavé de longues pistes,
New Haven ressemble beaucoup à
A Healing Place au premier abord. Pourtant la différence se fait bien vite entendre, et ce dès les premières mesures de "Earthen" : cette nouvelle sortie sera plus heavy. Ce choix de durcir sons et atmosphères s'avère judicieux, permettant de mieux apprécier les instants de calme qui nappent l'ensemble.
New Haven sera donc un album de contraste, oscillant entre énergie du désespoir et instants de pure mélancolie. Souvent livrés à demi entre deux couplets, ces instants se dévoilent totalement à la fin des morceaux, s'imposant comme le point culminants des huit compositions formant
New Haven ("Minotaur", "Playwright").
Seuls deux pistes sont dénuées de cette troublante dualité : le mélancolique "Drifter" ainsi que "Cloud Symmetry", dont la construction évoque celle de morceaux plus anciens de la formation. Ces deux tracks parviennent cependant à ne pas détonner, jouant sur des ambiances que l'on retrouve tout au long de l'album. En effet,
New Haven est un album sombre et plein de langueur. Tout, des paroles à la voix en passant par les atmosphères développées par les musiciens, contribuent à l'impression de transe errante qui se dégage de l'ensemble, dont le sommet est atteint sur des pistes comme "Drifter" ou encore "Playwright".
Si il n'y avait que le ressenti,
New Haven serait un bon album mais ne mériterait pas son statut de coup de coeur. Seulement la technique y est également. Au sommet de sa créativité, le sextet nous livre des compositions de bonne facture, laissant la part belle à tous les instruments (la production léchée permet également de bien s'en rendre compte). De plus, les structures et rythmiques peu communes qui parsèment l'album permettent d'éviter à l'auditeur de s'ennuyer, réduisant au maximum les moments faibles ("Falling Kind", certains passages de "Come to Pass").
Un jour que je m'interrogeais sur ce qu'on pouvait - ou non - considérer comme de l'art, un proche me donna une réponse plus que satisfaisante : « l'art est ce qui nourrit le cœur et l'esprit ». Si le cœur représente les sentiments et l'esprit l'envie d'excellence, on peut voir que New Haven correspond parfaitement à cette définition. Ainsi je ne peux que vous recommander chaudement d'y jeter une oreille, pour peu que vous ne soyez pas allergiques aux ambiances mélancoliques...