CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
- Rémi Gallego
(programmation+guitare+claviers)
- Mike Malyan
(batterie)
TRACKLIST
1) autorun
2) discovery
3) _MOS
4) will_smith
5) ?????PYTHAGORAS
6) synthesiz3r
7) damage points
8) void
9) loading
10) un dernier combat
11) recovery fail
12) octopus4
DISCOGRAPHIE
Enfin du nouveau matériel pour The Algorithm ! L'attente n'a duré qu'un an et demi - soit un temps ridiculement court - depuis la bombe qu'a été Polymorphic Code, véritable pavé dans la mare au sein de la communauté métallique un peu ouverte d'esprit. Pourtant tout le fanclub grandissant de Rémi Gallego est en émoi à l'approche de la sortie de OCTOPUS4 ! La raison est simple : comment succéder au buzz de ce premier album, comment maintenir la barre aussi haut, comment surprendre à nouveau ? L'attente est énorme et The Algorithm offre une réponse très mature à ces questions : ne pas se les poser, tracer sa route au gré des envies et des critiques. Faire se qu'il veut et s'amuser.
Et comme à chaque fois dans ce cas là, il y aura des déçus et des heureux. Tout le monde aurait rêvé d'un Polymorphic Code 2. Ce n'est pas du tout ce que nous offre OCTOPUS4. Là où incroyable unité et cohérence dominait avec un son reconnaissable entre mille, OCTOPUS4 témoigne d'une volonté de repousser les limites et d'expérimenter jusqu'au paroxysme de la chose. Chaque titre développe une idée, quasiment aucun lien n'est à chercher dans les enchaînements. Les premières écoutes sont en cela perturbantes car le fan de The Algorithm revient à la case départ et sera autant perdu, voire plus, que le néophyte. Indubitablement, on reconnait l'auteur de cette œuvre, les gimmicks sont bien là, mais le style si caractéristique que définissait Polymorphic Code est entièrement revu. Oui il y a des polyrythmies, oui ça sent le djent, mais plus rien n'est comme avant. Libéré d'un certain cadre stylistique, Rémi se laisse aller à ses désirs mais n'innove plus, il joue.
Voilà on y vient. Le cadre professionnel du précédent album est explosé, le fun est le maître mot. Le titre paru en avant-première "synthesiz3r" annonce la chose et fait le lien avec le passé : on y retrouve les enchevêtrements de blip-blip, les rythmiques saccadées mais déjà on perçoit une évolution dans le son, plus synthétique, plus électronique, plus riche et moins metal, moins tranchant. Le titre d'ouverture "autoRun" est en cela révélateur de cette évolution. Développant un long crescendo, on y perçoit la volonté de faire les choses différemment sans bourriner d'entrée et en continu comme le faisait si bien son prédécesseur. Les titres sont plus courts aussi mais aucune plage ne fait réellement office de transition. On passe du coq à l'âne sur l'enchaînement "discovery" / "_MOS". Alors que le premier s'amuse autour d'un thème au son retro quasi radiophonique (faut-il y voir à travers le titre un clin d'oeil à Daft Punk ?), le second est une vrai merveille de chiptune qui provoquera un orgasme instantané à tous les vieux gamers amoureux de ces sonorités.
La première moitié de l'album est en cela une réussite totale qui rivalise en termes de qualité avec le précédent effort. La palette de sons est clairement plus étoffée, les compositions sont plus variées et au fil des écoutes, on retient "will_smith" ou "synthesiz3r" comme de nouveaux classiques. Mais à force de voir partir dans tous les sens, The Algorithm se perd dans son propos et oublie d'être efficace. L'ambiant "Void" est en particulier assez ennuyeux, "ピタゴラスPYTHAGORAS", "damage points" ou "recovery fail" sont autant de bons titres qui ne marquent pas particulièrement et qui laissent au final une impression de moins bien. On peut aussi se demander si l'accumulation de délires inhérents à l'album ne finit pas par jouer contre lui, même si le passage « Donkey Kong » sur "will_smith" ou le flow en français sur "un dernier combat" sont autant de passages vraiment jouissifs.
A vouloir jouer de tout et expérimenter plus que jamais, Rémi se fourvoie quelque peu dans son propos tentaculaire. Toutefois ne vous méprenez point, le génie est toujours là, l'addictivité et le kiff sont au rendez-vous mais plus d'efficacité et de cohérence n'auraient pas fait de mal. Mais à ne pas en douter, les g33ks et tous les amoureux des chiffres et des lettres et de Laurent Romejko seront aux anges. Un album finalement plus complexe dans son ensemble mais paradoxalement plus aéré et moins monolithique dans ses sonorités, peut-être plus accessible au grand public et qui l'amènera on le souhaite à encore plus de reconnaissance et qui sait, peut-être un jour au JT de Claire Chazal !