CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Martin Schnella
(chant+guitares+basse+claviers+percussion)
-Kiri Geile
(chant)
-Marek Arnold
(claviers+saxophone+clarinette)
-Niklas Kahl
(batterie, percussion
+ guests
TRACKLIST
1) Mirage - A Portrayal Of Figures (Pt.1)
2) Aim L45
3) Burning Sky
4) Journey To The Afterlife
5) Alcatraz
6) Memento Mori
7) Pictures
8) In Appearance - A Portrayal Of Figures (Pt.2)
DISCOGRAPHIE
Quand on a des potes musiciens, on les invite, on fait une jam et on se marre bien, bière à la main. Mais voilà, ça c’est ce que peuvent faire les musiciens normaux. Dans le milieu du prog, quand on a une idée, un concept, on en parle à ses potes, puis on en parle à d’autres potes et encore à d’autres qui ne sont même pas forcément des potes pour former une bande sympathique et un peu disparate de joyeux lurons qui vont s’éclater sur un disque. Cette illustration, c’est un peu Flaming Row, un groupe allemand composé de quatre personnes, mené par Martin Schnella, qui avaient déjà invité des gens pour leur premier concept-album Elinoire et qui ont décidé d’en inviter d’autres pour leur nouvelle idée Mirage – A portrayal of Figures.
Pour ce deuxième concept-album, la bande est accompagnée de progueux provenant des horizons les plus mélodiques : Shadow Gallery, Spocks Beard, Neal Morse Band, un ex de Pain of Salvation, Haken pour ne citer qu’eux, sans oublier l’immanquable Arjen Lucassen pour un solo de guitare. Bref, du beau monde qui annonce un album à la fois varié et technique, laissant une très grande place à la mélodie. La première écoute nous montre d’ailleurs les avantages d’avoir un tel panel d’artistes. Les questions réponses et les changements de personnages sont légions, les chœurs féminins à la Ayreon sont même de la partie (même s’ils se font bien plus discret) et on entend avec régale toutes ces différentes interventions passant de passages pleins d’émotions à des moments plus couillus. Là où les allemands auraient pu ne pas réussir à maîtriser leur casting, ils réussissent avec brio à ne pas trop en faire et à mettre la mélodie et les twists inattendus au centre de leur musique ("Journey To The Afterlife" et son passage délirant reprenant super mario). Mais attendez, ce n’est pas le seul bon point de l’album.
Les clins d’œil aux groupes qui les ont influencés sont nombreux. C’est avec délice qu’on notera une grande influence d’Ayreon que ce soit dans l’intervention d’instruments folkloriques ("Aim L45", la seconde partie de "Mirage - A Portrayal of Figures (part1)") ou encore de gros chœurs rentre-dedans sur "Burning Sky" qui ne sont pas sans rappeler Universal Migrator Part2. Bien sûr, la production n’est pas du même niveau et les allemands évitent une utilisation abusive du clavier, préférant le piano, ou la superposition de couches sonores, ce qui leur donne une véritable personnalité. Car si on pense tout de suite à Ayreon, Flaming Row sait mettre un peu de délire funky à la Haken ("Journey To The Afterlife" et sa première partie ultra catchy) ou des passages plus mélodiques rappelant Pain of Salvation (la mélodie au piano de "Appearance - A Portrayal of Figures (part2)" qui renvoie maladroitement à The Perfect Element) ou encore du rock progressif celtique avec l’utilisation savoureuse d’Uillean Pipe (la sublime "Pictures" ou encore cette deuxième partie mélangeant rock burné et partie folk sur "Appearance - A Portrayal of Figures (part2)"). De quoi contenter tout le monde.
Du coup, inquiet, vous vous demandez : Est-ce trop ? Est-ce que l’on s’y perd ? Et là encore, la réponse est non. Malgré la longueur de l’œuvre (près de quatre-vingt minutes), les allemands savent à la fois rappeler les thèmes du concept-album tout au long du disque et offrir des morceaux bien construits. A cela le titre d’ouverture est un très bon exemple avec sa première partie calme à la mélodie simple et entêtante, pour ensuite nous emporter pendant un instant dans une ambiance jazz-bar avec son piano et son saxo, puis dans des milieux entremêlant rock folk et metal et s’achever sur des parties instrumentales très agréables et un final grandiloquent. Un grand morceau. D’ailleurs, les instrumentistes ne déméritent pas sur cette œuvre offrant des solos mémorables (notamment la guitare pleine d’émotions du dernier titre), une basse fretless bienvenue et surtout une volonté de mettre la mélodie avant tout, comme pourraient le faire les gars de Shadow Gallery. Bref, même si certains morceaux sont moins marquants (la groovy "Alcatraz" et la metal "Memento Mori") que les epics, ce metal opéra est tellement bien fait qu’on y revient avec plaisir.
On pourra reprocher à Flaming Row ses influences pas toujours parfaitement digérées, mais ce serait oublier l’essentiel. Les allemands livrent avec Mirage – A Portrayal of Figures, un concept-album de metal progressif solide, varié et enchanteur. Une incitation au voyage à travers des morceaux très mélodiques n’hésitant pas à incorporer différentes influences hors de la sphère metal. Avec un deuxième album qui montre à quel point les allemands ont progressé et qui ravira les amateurs de Shadow Gallery ou Ayreon, Monsieur Lucassen, vous pouvez être fier d’eux !