CHRONIQUE PAR ...
Ptilouis
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Arno Strobl
(chant)
-Déhà
(instruments+chant)
TRACKLIST
1) Thoughtscan
2) Back to Black (Amy Winehouse cover)
DISCOGRAPHIE
Après s’être amusé avec les 6:33, Arno Strobl (Carnival in Coal, 6:33 & Arno Strobl) se sentait fatigué de faire le pitre et avait décidé de passer à autre chose. Que faire se dit-il désespéré ? Et ce mot le frappa, il appela son ami de toujours Déhà, un type mal dans sa peau lui aussi, pour lui expliquer son problème. Déhà (COAG, Maladie…), grand maître de la déprime, avait la solution : il venait de composer un long morceau de 38 minutes plein d’ambiances sombres et le proposa à Arno. Heureux de pouvoir enfin faire son coming out, Arno accepta et les deux compères retravaillèrent la démo afin d’en sortir un disque sale et noir. Le résultat le voici, Thoughtscanning, premier disque de We All Die (Laughing).
Et quel coming out ! We All Die (Laughing) transpire la déprime et la saleté. Il exhale la noirceur dès les premiers instants avec son riff et ses paroles lancinantes. Tout est là pour plonger l’auditeur dans une torpeur poisseuse et morbide long de 33 minutes. Et pourtant, l’écoute de "Thoughtscan" n’est jamais ennuyeuse et l’auditeur ne voit pas le temps passer. Plusieurs raisons à cela. Tout d'abord, les deux compères mélangent habilement différentes influences que ce soit du metal extrême, du dark metal ou encore du doom dépressif et même un peu de prog. Le morceau-album n’en devient que plus costaud et comme il est servi par une production sans faille, il serait vraiment ingrat de faire la fine bouche. Car pour plonger dans cet univers malsain, Arno et Déhà n’y sont pas allés par quatre chemins. Les guitares sonnent souvent lourdes, la basse est bien grasse tandis que la batterie attaque bien comme il faut offrant par moment quelques blast beats et pour nous achever les claviers restent dans des tons lugubres. L’éclate… en quelque sorte…
Mais ne perdons pas espoir, certains passages à la guitare claire et certains solos redonnent de temps en temps de la lumière pour mieux être ensuite aspirée par les ténèbres. C’est aussi le cas de la voix caméléon d’Arno Strobl qui enchante en même temps qu’elle nous angoisse. Las, agressifs, fous, hurlés, les vocaux d’Arno et Déhà se complètent, surnagent le chaos de certains passages instrumentaux et nous font penser parfois à Mike Patton et à son Delirium Cordia. On peut alors penser qu’avec Thoughtscanning, We All Die (Laughing) a trouvé une bande son idéale pour film d’horreur et ce ne serait pas complètement faux avec un extrait de films, imbriqué en plein milieu, qui renforce à la fois le côté décalé et malsain du morceau. Car au final, l’album arrive à son but et touche l’auditeur en lui infligeant ses différentes émotions : mélancolie, tristesse, déprime, colère et souffrance. Bref, de la joie à laquelle on peut ajouter dans l’édition limitée un morceau d’Amy Winehouse "Back to Black" qui suinte la crasse et la déprime.
A la fin de l’enregistrement, Arno se sentit mieux. Il avait pu exprimer au monde, grâce à son ami Déhà, le mal être qui le rongeait et ceci d’une fort belle manière. Maintenant le monde entier svait, Arno n’était pas qu’un joyeux luron qui faisait le clown, il était bien plus que ça. Et le monde pouvait trembler, car la prochaine fois qu’Arno s’allierait avec Déhà le belge, les choses seraient encore pire et ce, probablement pour le plus grand bonheur des amateurs de musiques sombres.