Mouah ha ah ! Encore un groupe de la scène française à l'imagerie bien sombre et qui se décrit comme une mixture black / post / hardcore / noisy des plus souillons. Ça tombe bien, c'est bien ma came ça. Et faut bien reconnaître que ces derniers temps, en Europe, on se démerde pas mal sur le créneau. Avec notre petit Deathwish à nous déjà, les tout bons de chez Throatruiner. Chez eux ou ailleurs, on trouvera, au hasard, Calvaiire, Birds In Row, Plebeian Grandstand, Celeste ou encore Regarde Les Hommes Tomber. Que des joyeux drilles. Et puis en Belgique aussi, avec Oathbreaker par exemple. Et donc, les derniers en date, Mur, dont on cause aujourd'hui et qui sont pour leur part signés chez les petits mais costauds Doweet Records.
On l'aura compris, Mur évolue dans la veine pré-citée. Soit une veine où les mots hargne, saleté, lourdeur, mais également émotion, ne sont point de vains concepts. La présente chronique sera courte car à ce stade de la jeune carrière de Mur, il faudra se contenter de 5 titres. Mur donc, arrive avec un premier EP joliment burné, mais pas tout à fait aussi énervé que ce qu'on aurait pu penser à l'écoute de "Hugo Suits", opener légèrement trompeur sur le reste du propos car résolument blackened-hardcore, avec quelques petites touches d'électro pas dégueulasses qui amènent un côté indus. Côté indus d'ailleurs assez rémanent sur cet album, notamment via quelques samples bien froids qui viennent émailler la galette ("Hermetic Party", "Feed The Swamp"), pour un effet assez réussi et qui a l'avantage de séparer un peu Mur de la cohorte de groupes précités. Par contre côté tabassage de gueule, on repassera. L'espérance de se prendre un vrai Mur (désolé) en pleine face est assez vite remplacée par le sentiment d'avoir plutôt heurté un muret. Muret assez vénère, on le reconnaitra, mais pas véritablement dangereux. Non pas que cela soit un problème en soi, on ne demande pas à tous les groupes de tabasser comme un Comity, mais quand les premières mesures de l'opener vous ouvrent le crâne avec émotion comme c'est le cas sur "Hugo Suits", on s'attend à des choses un peu similaires ensuite.
Choses qui ne viennent pas trop, l'album préférant s'aventurer dans des zones plus lourdement marécageuses, au groove poisseux (soutenu par une prod au diapason, et d'une netteté assez... relative dirons-nous, ce qui fonctionne parfaitement bien en l'occurrence, bon choix donc), comme sur "Feed The Swamp" ou "Dominance", qui est du même tonneau. Au final, l'EP est hyper cohérent : groove sale, pas mal de samples bizarros (la présence d'un gars dédié aux samples et autres machines est d'ailleurs un vrai plus), et des vocaux gueulards en sont les invariables constantes. Au niveau des variables, on retrouve quelques petits changements de tempo de-ci de-là pour aller vers des séquences plus vindicatives ("Hugo Suits", "Dominance") voire carrément mathcore/noisecore comme sur le début et la fin du closer bien burné au kérosène, le poétique et évocateur "I'd Rather Have You Dead Than Pregnant". Bref, en conclusion, du plaisir, une identité en cours de développement et qui pourrait s'avérer intéressante grâce aux apports électro (s'ils restent discrets, sinon gare à la mégatastrophe – une sorte de catastrophe, en bien pire –), et peut-être un poil plus de variété (au sens large hein, on est pas non plus en train de demander un feat. de Zaz) dans les compos à l'avenir. Mais pour le reste, c'est déjà très bien. Cocoricoooooo une fois de plus!
On finira ce papier en saluant un groupe techniquement très au point (super section rythmique, belles idées à la gratte, chant parfait pour le style) et qui sort un premier EP qui pue peut-être un peu le marécage moderne, mais surement pas l'amateurisme et le foutage de gueule ! A découvrir si vous êtes fans du genre, sinon il y a fort à parier que la mixture légèrement grasse concoctée par Mur vous filera un peu la courante. On déconseillera donc ce genre de régime riche aux faibles, chétifs, maladifs, souffreteux, et autres fans de speed/gothic métal.