Below -
Across the Dark River
Fiche promotionnelle, qu'as-tu à dire ? La parole t'est donnée... Et la fiche de répondre : « After a discussion about why doom bands of today either lacked melodies or tried to sound as retro as possible, they decided to start a doom band that would pay tribute to epic and dark sound of: Nightfall by Candlemass, Headless Cross by Black Sabbath and Conspiracy by King Diamond. » Merci la fiche. Vous avez vu les influences ? Ça pète hein ?
Bref. On taquine, on taquine, mais force est d'admettre que les influences citées se retrouvent effectivement dans la tambouille que nous propose Below. Pour un premier album, s'appuyer sur de telles références est probablement un gage de confiance. Et pour ajouter au miracle, on constatera que Below est un groupe... suédois. Qualité non négligeable dans le milieu en cause, assurément. C'est qu'ils ont l'air d'aimer le doom trad' par là-bas. Très clairement, on joue chez Candlemass et Sabbath avec davantage de Candlemass que de Sabbath. Toutefois, le piège de s'appuyer sur ces monstres antiques, c'est d'avoir l'air d'un guignolusse en comparaison. Faut-il que j'invoque la horde des groupes de la seconde zone pour vous en convaincre ? Heureusement - et par miracle, a t-on envie de dire - Below sonne déjà comme un grand et évite de tomber dans le cliché de la seconde zone. Le chant - la traditionnelle balle dans le pied - est posé et professionnel. Notre type, Zed (sérieusement ?), chante bien. Notre homme monte dans les aigus, il chante comme un conteur, sait faire son vibrato, bref, fait du bon boulot quelque part entre Messiah Marcolin (pour les lignes de chant), Robert Löwe (pour la tonalité) et, plus étonnant, Warrel Dane (ex-Nevermore). Pour le coup, chapeau. Si le chant est bon, en doom traditionnel, le plus dur est fait.
Malheureusement, Below pêche, non pas par excès de conformisme (on ne va pas reprocher à un groupe de doom de faire du doom, sans ça on ne s'en sort plus), mais par quelques lacunes de compositions. Par manque de génie, en quelque sorte. Si les riffs sont bons et lourds comme il se doit, que les mélodies sont soignées (coucou le violon sur "Mare of the Night"), que tout se tient, du tempo aux frappes de batterie, il manque néanmoins à Below l'éclair de génie qui lui permettrait de pondre les successeurs de "Solitude" ou "Samarithan". Ça ne tient à rien du tout, et peut-être même pas à quelque chose de leur fait. Plutôt à l'air du temps. L'air du temps n'est pas très doom trad', c'est comme ça. Globalement, pas une seule compo ne se prend les pieds dans le tapis. Même l'inutile interlude de service est présente et pas mauvaise en soi (même si elle reste toujours inutile, "In My Dreams"). Seulement, a contrario, aucune compo ne semble sortir du lot ("Mare of the Night" et "The Whitechapel Murderer", peut-être, grâce à des riffs vraiment pas mauvais du tout). Le groupe part sur une bonne base et s'y tient, droit dans ses bottes de suédois. C'est déjà pas mal, franchement, quand on écoute la concurrence.
Below, pour un premier album, nous propose donc quelque chose de bien fichu. Pour une fois dans la seconde zone, le chant est assuré, ce qui, on le répète, est l'écueil principal dans le genre. Seulement, même si tout tourne rond, vraiment, il manque à Below la science de composition qui permet de pondre des doom-hit comme - au hasard - Candlemass savait le faire. Pour faire simple, l'amateur de doom trad' peut se jeter sur le disque, et les autres également - aucune raison de passer un mauvais moment avec Below. 14/20 (mais si on devait noter sur 5, on resterait plus près de 3 que du 4).