CHRONIQUE PAR ...
Flower King
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Pete Doherty
(guitare+chant)
-Mick Whitnall
(guitare)
-Drew McConnell
(basse)
-Adam Ficek
(batterie)
TRACKLIST
1)The Blinding
2)Love You But You're Green
3)I Wish
4)Beg, Steal or Borrow
5)Sedative
DISCOGRAPHIE
Le problème avec ce qu’on appelle aujourd’hui le rock & roll, c’est ce que ceux qui en défendent une vision transgressive et emblématique d’une certaine contre-culture sont les premiers à codifier de A à Z le parcours à suivre et les attitudes à prendre pour pouvoir espérer entrer dans la légende. Habille-toi comme ceci, chique à l’artiste maudit, sois convenablement destroy et tu deviendras une icône, mon fils. Et Pete Doherty personnifie tellement cette rock&roll way of life qu’on pourrait y voir une posture parfaitement calculée et, du coup, snober la musique qu’il propose. On aurait tort, car cet EP est particulièrement réussi.
En cinq titres comme autant de ritournelles faussement gaies, Doherty fait preuve d’un savoir-faire indéniable pour trousser des mélodies mémorables aux atmosphères contrastées. C’est simple : chaque composition possède cette petite magie qui fait qu’on y prêtera attention, que ce soit le caractère alarmiste du morceau-titre, le ton joyeusement désabusé de l’excellente "Love You But You’re Green", l’ambiance clown triste de "I Wish", les réminiscences smithiennes de "Beg, Steal Or Borrow", ou encore le refrain imparable de "Sedative". Outre la qualité du tout, la variété des arrangements et de l’instrumentation va surprendre celui qui n’espérait pas plus qu’un déluge de Telecaster au son bien crade. Ce n’est pas non plus de la chamber pop, mais ça donne à l’EP un côté aéré qui fait bien plaisir.
Aéré, c’est bien le mot. Pete Doherty n’a rien d’un chien fou sur ce disque : il n’y a pas ici de fureur adolescente à tout bout de champ, au contraire, le leader des Babyshambles met un point d’honneur à tempérer les ardeurs, aussi bien musicales que vocales. On se rend compte alors que l’ex-Libertines ne triche pas, que ces morceaux, la manière dont ils ont été traités, cette voix fragile qui n’est rendue que plus touchante par sa relative sobriété, tout cela vient bien du cœur. Et l’on peut parcourir les dix-sept minutes de cette mini-collection sans soupçons parasites quant à la sincérité du contenu, l’esprit libre, âme légère ou âme en peine, vous trouverez toujours quelque chose à quoi vous raccrocher, pour peu que vous laissiez les aventures extra-musicales de Doherty sur le pas de la porte.