CHRONIQUE PAR ...
TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Myrkhaal
(chant+claviers)
-Alvater
(guitare)
-Namtar
(guitare+basse)
-Melkor
(batterie)
TRACKLIST
1) As Old as Time Itself
2) Des siècles d’Épitaphes
3) Battered Souls
4) A l'ombre du mal
5) Through Fields of Mercilessness
6) Darkness Enflods
7) Strangled by Fear
8) Towards the Chambers of Nihil
DISCOGRAPHIE
Frozen Shadows, voilà un nom bien anglo-saxon pour une formation se réclamant défenderesse de la langue française et fière représentante du mouvement du black metal québécois. Passons outre car l'anecdote, si elle est marrante, ne mérite pas d'aller plus loin. Frozen Shadows est surtout et avant tout un fer de lance du mouvement black metal québécois tant dans son antériorité que peut-être aussi son aura. Hantises qui nous intéresse ici est le 2e et dernier album du groupe. Sorti en 2004 il peut surprendre ceux qui attendent un groupe éthéré et porté par les ambiances comme on pourrait se représenter le Québec et ses étés verts, ses automnes oranges, ses hivers blancs et son printemps d'explosion de couleurs.
Pour ces personnes là (dont je fais partie) la surprise est... puissante. L'avalanche de blasts continuels fait immédiatement penser à Battles in the North, de même que ces riff simples, ultra agressifs au son froid et vindicatif. Limiter Hantises au simple Battles in the North, c'est certes lui attribuer une belle référence, mais c'est également oublier ses passages plus posés où l'expression de l'atmosphère froide et pesante est libérée. Nous retrouvons alors les longs hivers blancs qui pimentent l'existence de nos cousins d'outre-Atlantique. Force sera de remarquer que ces passages sont néanmoins suffisamment peu nombreux pour ressortir clairement dans notre esprit ensablé... mais non, arrête de déconner plein pied, l'esprit est embrumé par une telle musique ! Sensation est faite aussi que l'album est plutôt long, preuve en est des chansons dont la durée dépassent systématiquement les 5 minutes, sauf pour un court intermède instrumental.
C'est donc le crâne assaillit d'attaques non larvées que nous atteignons ce premier moment de répit sur "Des siècles d’Épitaphes", répit que j'oserai qualifier de salutaire. Car le blast continuel du groupe est vraiment imposant. Et peut-être que n'ayant pas cette atmosphère de guerre totale façon Battles in the North, nous sommes moins prêts à recevoir ce déluge, d'autant que la longueur des titres commence à se faire sentir. Pourtant c'est une impression première. Les écoutes suivantes lèvent le voile et démontrent que Hantises n'est pas une bête accumulation de grand bourrin. Cela permet au disque de se démarquer définitivement du glorieux aîné et d'imposer la patte Frozen Shadows. En effet, le groupe délivre des moments non blastés en quantité largement suffisante pour qu'on y retrouve son compte et ses esprits sans pour autant crier au loup car il manquerait blasts et violence.
Lumière fut faite sur Terre comme au Ciel dans nos têtes et c'est n'est qu'à ce moment que Hantises révèle tout son potentiel. Des riffs bien sûr simples mais vecteurs d'une atmosphère froide comme on en veut, agressifs sans tourner le dos au black metal, et variés juste comme il faut afin d'esquiver la redite et le tournage en rond. Le son froid et incisif des guitares aide évidemment grandement à ce constat. La batterie est bien sûr portée sur le blast mais gère sans problème les tempos plus lents. Affublée d'un son très sec, elle contribue à ce sentiment d'assaut sonore. Le chant est simplement classique et dans le style bon raclage. Il remplit son office sans fioriture même si ce n'est pas ça qui fera passer l'album à la postérité. Non, ce qu'il faut retenir ce sont des compositions sans concession qui ne pourront être mise en défaut que sur un point, mais crucial : votre degré de tolérance au black pur jus.
Joli compliment que voilà écrit. Hantises est bien de la race des excellents albums de black metal. Il peut paraître épileptique au premier abord, et il faut reconnaître qu'il frise le dépassement de bornes, mais sous cet atour de vautour se cache plus de subtilités qu'initialement attendues. Le ramage devrait convenir très fortement aux amateurs éclairés du style, ici présenté dans une version pure et très peu embellie, seuls de rares claviers spatiaux viendront vous sortir de votre monde. Bref, un album de spécialiste comme on dit. Les autres, vous savez ce qu'il vous reste à faire, détourner le regard.